Billet de blog 25 novembre 2013

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Une nouvelle annonce de réforme d'hébergement !

A la veille de la rencontre du Collectif des Associations Unies pour une Nouvelle Politique du Logement et Mme La Ministre Cécile Duflot, le Collectif Les Morts de la Rue précise son point de vue.

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A la veille de la rencontre du Collectif des Associations Unies pour une Nouvelle Politique du Logement et Mme La Ministre Cécile Duflot, le Collectif Les Morts de la Rue précise son point de vue.

Madame la Ministre du logement, Cécile Duflot,  a pris la parole au sujet des personnes a la rue cette semaine alors que les premiers froids arrivent : le traditionnel marronnier est sorti ! Autant cela nous paraît compréhensible de la part de journalistes dont c’est le métier, autant nous sommes surpris qu’une ministre nous ponctue de telle sorte la période hivernale !

Comme chaque année, les premières gelées sonnent la panique : il faut réagir avant les associations qui réclameront, dès l’annonce d‘un mort de froid (nous avons déjà appris 405 morts de la rue en 2013), des moyens supplémentaires. Sinistre.

On nous avait annoncé la fin de la gestion au thermomètre, c’est un changement de sémantique qui nous est servi. Nous ne pouvons que constater à nouveau l’impuissance des pouvoirs publics à réfléchir un autre modèle. A défaut, réouvrons les gymnases et ressortons les traditionnels lits de camps...

Ce n’est pas en responsabilisant les préfets que l’Etat cachera son impuissance. En quelque sorte, il se déresponsabilise en leur confiant la mise en œuvre de la veille saisonnière, mais avec quel moyens ? Souvenons-nous de l‘épisode clermontois cet été !

Et voilà que reviennent sur la table les grands projets de réforme, refrain que les personnes de la rue connaissent si bien, succédant au PARSA de la période Boutin, à la refondation de la période Apparu : vive la réforme de l'hébergement sous  Duflot...

Nous subissons désormais dans la lutte contre l’exclusion la même rengaine que vit l’éducation nationale de longue date : chaque ministre doit signer son passage au ministère avec sa "réforme".

Interrogeons-nous plutôt sur cette nouvelle annonce et essayons de comprendre pourquoi chaque gouvernement est dans une impasse face au drame de la grande exclusion et des personnes précaires.

Pourquoi lancer une réforme alors que l’an dernier, à cette même période, l’ensemble des acteurs réfléchissaient et nous livraient des propositions lors de la conférence de lutte contre la pauvreté ? Dès lors, les demandes de changement structurel pour espérer répondre à ce fléau ont été, sinon écartées, du moins édulcorées, voire même des régressions ont été enregistrées tel le dégel des APL.

Pourquoi enfin lancer une réforme de l’hébergement alors que le parlement vient de terminer une loi sur le logement et que bon nombre d'amendements, notamment concernant l’hébergement, n’ont pas été retenus.

Les associations ont réclamé depuis des années une logique de logement prioritaire, et non plus un parcours long en centre d’hébergement avant d’espérer obtenir un logement. Il faut rapidement des réponses adaptées à chaque individu de sorte à ce qu’il puisse vivre dignement.

Nous pouvons encourager une réforme si, dans un premier temps la loi est respectée, notamment la loi DALO, si les moyens consacrés à l’accompagnement et les préventions sont développés et financés, si l’ensemble des ministres du gouvernement ainsi que tous les services de l’Etat sont mobilisés, si les collectivités territoriales et locales sont impliquées, si le secteur associatif est entendu, si les personnes concernées, surtout, peuvent s’exprimer.

Des moyens financiers doivent être avancés, les difficultés budgétaires de l’Etat ne sauraient constituer un obstacle à une réelle réforme structurelle. Nous appelons de nos vœux ces investissements à long terme assortis d’objectifs ambitieux et non un budget sans lendemain, ponctué d’un recadrage systématique en fin d’exercice.

Si ces conditions sont réunies, les acteurs associatifs se replaceront dans une véritable logique de collaboration. Depuis 2007, nous n’avons cessé de réclamer une réelle réforme : à chaque fois, nous avons obtenu certes des avancées, mais trop souvent un goût d'inachevé a prédominé.

Christophe Louis, Président du Collectif Les Morts de la Rue

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twitter : @mortsdelarue

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