En espérant la guerre
Dominique Conil / Actes Sud /octobre 2008
C’est l’histoire d’une femme âpre et solitaire, campée dans l’attente et la fidélité. Debout, obstinée, les deux pieds fichés dans cette terre de Cévennes à laquelle elle a fini par ressembler, elle est suspendue à l’absence de Pierre avec lequel elle était venue s’installer dans ce quasi-nid d’aigles il y a plus de vingt ans. Une femme comme arrêtée dans le temps, murée, mais tout sauf fossilisée. Vivante. Anne.
C’est l’histoire d’un fait divers qui a mal tourné.
C’est l’histoire d’un jeune journaliste qui aurait aimé couvrir la guerre mais se retrouve en mission de « retour sur »… ce fait divers qui a mal tourné. Encombré de lui-même, mal dans sa vie, chargé d’un passé qu’il ne parvient pas à ne serait-ce qu’appréhender, il va se retrouver à jouer la doublure du vieux miroir piqueté acheté aux Puces de Nîmes dans lequel Anne se regarde depuis des années. Léon.
C’est l’histoire d’un jeune figuier qui a poussé.
C’est l’histoire d’une époque, aussi, celle où les vieilles maisons de pierres sèches se peuplaient l’été d’une faune bariolée et un peu paumée dans des idéaux par lesquels elle se sentait elle-même parfois un peu dépassée.
C’est l’histoire de la cohérence et de la fidélité que l’on se doit à soi-même.
C’est l’histoire de la jeunesse qui perdure au-delà des années. Et refuse de se résigner.
C’est à la fois tragique et réconciliant, aride et lancinant, ça fait à peine 175 pages et quand on referme le livre, on a envie d’y retourner. Une garrigue à se brûler les ailes mais qu’on a du mal à quitter.
Je pense, inutile de préciser que Dominique Conil est membre de ce Club et rédactrice de cette édition. Il est clair qu'elle ne pouvait pas se chroniquer elle-même. Mais j'ai trouvé que son roman était aussi un événement de la rentrée... et qu'il méritait d'être partagé. Surtout qu'elle ne s'avise pas de me remercier !!!!
J'ajoute aussi qu'il ne s'agit pas d'une critique littéraire (ce qui n'est pas mon métier) mais d'impressions de lecture, à chaud, le bouquin à peine refermé.
* En espérant la guerre /Dominique Conil / Actes Sud /octobre 2008
