Tous les ans au mois de mai, des bénévoles estoniens partent collecter les tas d'ordures sauvages qui polluent les forêts et les communes. Nom de code: le projet Let's do it. Une initiative qui s'exporte maintenant à l'international. Un samedi de printemps, des milliers de volontaires, des tonnes de pneus, gravats et sacs plastiques. La mission: une journée pour nettoyer la nature et les villes de ces ordures abandonnées n'importe où. Avant de partir, on répartit les équipes grâce à un système de géolocalisation sur le web. Lancée en 2008, l'opération a fêté ses quatre ans le 7 mai dernier.
L'idée est partir d'un petit groupe d'amis, sympathisants écolos à l'automne 2007. "Nous étions en colère contre les déchets qui envahissaient notre pays. Nous voulions retrouver la nature propre et en même temps réveiller les consciences, sensibiliser les citoyens à la pollution" raconte Toomas Trapido, l'un des instigateurs du projet et ex-député des Verts au Parlement estonien.
Après des mois de préparation et un matraquage de spots télévisés, l'opération initiale réunit quelques 50 000 volontaires. Et 10 000 tonnes de déchets sont collectés dans des camions et sacs poubelles.
Margus a été l'un de ces premiers volontaires. Avec sa femme et son fils de 7 ans, ils ont ramassé des bouteilles de verre et des gravats amoncelés près de chez eux, dans un quartier à l'est de Tallinn. "Je garde un excellent souvenir de cette journée. C'est là que j'ai compris que mon quartier devait être nettoyé plus souvent", se souvient-il.
Autre atout du dispositif, permettre aux Estoniens rassemblés sur le terrain, en équipe, de faire connaissance. "On avait arrêté d'avoir confiance les uns les autres pendant la période soviétique. Ce type de journée reconnecte les gens entre eux, c'est un symbole" se réjouit Ivar, membre d'une OGN, qui y participe tous les ans.
Le bilan s'avère positif. 25 000 volontaires se sont déplacés début mai tandis que les déchets sauvages deviennent plus rares. Le projet Let's do it est aussi imité dans d'autres pays: la Slovénie, qui a mobilisé 13,5% de sa population, ou l'Ukraine, le Portugal et bientôt le Brésil. Les partenaires locaux assurent la promotion du projet par des vidéos postées sur le Net.
La prochaine étape est mondiale avec World Clean-up 2012, le 24 mars prochain. Les objectifs sont ambitieux: "Nous espérons rassembler 300 millions de personnes, ramasser 100 millions de déchets, explique avec passion Julie Clancier, qui a rejoint la coordination mondiale il y a quelques mois. Les politiques ne sont pas les seuls à faire bouger les choses, nous voulons montrer que les citoyens aussi".
Marie Delbès