Créer des évènements pour réunir de potentiels créateurs de start-up et les aider à construire leur projet : c’est le rôle de la fondation Garage48 basée à Tallinn. Visite guidée.
Salon design, cuisine conviviale, gros poufs pour s’asseoir, sans oublier la salle de réunion équipée d’une Xbox 360 au sous-sol … les locaux de Garage48, refuge pour jeunes start-up estoniennes, est l'antithèse de l'open space lambda. Ici, on travaille à l’américaine, dans des bureaux propices à la détente et à la création, en enfilant des chaussons avant d’entrer.
« Nous nous sommes aperçus que la plupart des Estoniens qui lancent leur start-up le font chez eux, à côté de leur travail ou de leurs études », explique Hannes Lents, manager du lieu. Les locaux sont situés dans une ancienne usine transformée en appartements et bureaux flambant neufs. A l’étage, plusieurs salles permettent à des équipes de travailler sur leur projet. La plupart sont des sites internet de services. Mark Kofman, par exemple, travaille sur sa nouvelle star- up, 300.mg, sorte de Twitter pour entreprises qui se met à jour automatiquement. « C’est l’un des projets les plus sérieux que nous avons ici », commente Hannes Lents.
Avant d'être une pépinière d’entreprises, la fondation Garage48 est un laboratoire d’idées. En avril 2010, plusieurs créateurs de start-up décident d’importer un concept américain en Estonie. La méthode : réunir pendant un week-end créateurs, programmeurs et managers, chacun apportant ses compétences pour réaliser le plus de projets possibles en 48 heures. Projets qui, à terme, peuvent se transformer en véritables entreprises, avec une équipe déjà formée. C’est pour héberger ces projets que le « hub » Garage48 a été créé en décembre dernier, réseau fédérant virtuellement environ 800 membres en Estonie et ailleurs.

« Pour créer une start-up il faut une équipe, une idée et du temps », expose Ragnar Sass, qui a lancé le concept. « L’idée, elle, ne vaut rien. Ce qui compte c’est son exécution ». Selon lui, 90% des start-up créées en Estonie échouent, mais il s’agit d’une sélection naturelle, « comme les tests qu’on fait dans les laboratoires ». Mais alors pourquoi autant de jeunes Estoniens se lancent-ils dans l’aventure ? « Nous avons un réseau Internet de très bonne qualité, tout comme le système éducatif. Les mathématiques ont une grande place ici », justifie Ragnar. Mais il y a aussi l’exemple de Skype, une « chance » pour le pays. Même si, à l’instar de la nouvelle acquisition de Microsoft, les créateurs sont obligés de s’exporter à l’international pour vraiment décoller.
Les week-end de Garage48 s’exportent eux aussi hors du territoire estonien pour atterrir en Suède, en Lettonie… et même en Afrique. Le premier évènement Garage48 sur le continent a eu lieu à Lagos, au Nigéria, du 6 au 8 mai, et a accouché de 9 projets. D’autres évènements sont prévus à Nairobi et Kampala en septembre, grâce à l'aide de sponsors. « On vit des moments complètement dingues », se réjouit Ragnar Rass, qui croit vraiment au potentiel de l’Afrique en matière de développement. « C'est un continent à deux visages. Il y a la corruption, la pauvreté et l’internet très limité d’un côté. Mais les jeunes y ont vraiment du talent ».
THOMAS PAULMYER