De parents russes, Julia a obtenu la nationalité estonienne il y a deux ans. Comme beaucoup de jeunes, elle a choisi de faire cette démarche pour voyager et travailler à l’étranger.
Julia n’avait jamais pensé à demander la nationalité estonienne. Ses parents, d’origine russe, vivent en Estonie depuis des décennies. Pas suffisant. Il y encore deux ans, elle faisait partie de ceux que l'on appelle ici les « aliens », dont la nationalité est « indéterminée ».
Comme 100 000 personnes en Estonie, elle possédait un passeport gris. « A ma naissance, mes parents ont décidé de ne pas faire de démarches de naturalisation et de me laisser choisir à ma majorité », explique-t-elle. A 22 ans, elle a finalement décidé de sauter le pas avant de partir à l’étranger.
« Je suis étudiante en japonais et j’avais envie de partir étudier au Japon pendant un an. J’ai réalisé que si quelque chose m’arrivait là-bas, je n’appartenais à aucun pays, aucune ambassade », explique-t-elle. Mieux vaut donc partir avec le statut d’Européenne que d’apatride.
Pour elle, la procédure fut très simple. « J’ai étudié dans une université en estonien, donc je n’ai pas eu besoin de faire d'examen de langue. Pour le test de connaissances sur la Constitution, ce fut facile aussi », raconte-t-elle. Selon elle, ces épreuves sont tout à fait légitimes. « Si l’on veut aspirer à la nationalité estonienne, il est normal de maîtriser la langue », estime-t-elle.
Après six mois d’attente, elle a obtenu son passeport européen. « Pour être honnête, ça n’a pas changé grand-chose dans ma vie », avoue-t-elle. Seul désavantage : elle ne peut plus se rendre en Russie sans visa, privilège des passeports gris. Pour aller voir sa famille de l’autre côté de la frontière, elle doit prévoir ses trajets plusieurs jours à l’avance.
Avec ce nouveau passeport, elle a obtenu le droit de vote, mais ce n'est pas essentiel pour elle. « Je ne m’intéresse pas à la politique, donc ça ne me dérangeait pas de ne pas participer aux élections », explique-t-elle. Son frère a, lui, gardé son passeport gris. Il reste un "alien" mais évite ainsi de faire son service militaire.
Lucie Hennequin
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