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Billet de blog 28 mai 2011

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Vote électronique : “On ne peut pas prévoir une cyber-attaque”

Tarvi Martens est considéré comme le « père » du vote électronique, instauré en 2005 en Estonie. Un quart des électeurs ont voté sur Internet aux dernières élections en mars, en s’identifiant avec leur ID-Kaart (carte d'identité à puce) ou leur téléphone.

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Tarvi Martens est considéré comme le « père » du vote électronique, instauré en 2005 en Estonie. Un quart des électeurs ont voté sur Internet aux dernières élections en mars, en s’identifiant avec leur ID-Kaart (carte d'identité à puce) ou leur téléphone.

En 2005, 2% des électeurs ont voté sur internet. En 2011, ils sont 24%. Cette participation pourra-elle atteindre un jour 100% ?

Non, et je ne le souhaite pas. Il y aura toujours des gens, vieux ou jeunes, qui préfèreront voter de manière traditionnelle. On ne veut pas leur enlever cette possibilité. En revanche il y aura peut-être moins de bureaux de vote. Nous réfléchissons d’ailleurs à les fermer à l’étranger, dans les ambassades. Y voter sur Internet serait moins coûteux.

Un récent rapport de l'Organisation pour la sécurité et la coopération eu Europe (OSCE) a souligné le succès des élections estoniennes, mais a pointé certains aspects du vote électronique à améliorer. Quelle a été votre réaction ?

On améliore le système à chaque élection, avec ou sans remarques extérieures. En 2007, lors des élections parlementaires, nous avions invités l'OSCE pour avoir un œil étranger sur le vote. Ils avaient alors réalisé un rapport similaire. En 2011, nous avions déjà pris en compte certains des 13 points du rapport avant sa parution. Une seule remarque nous pose vraiment problème : ne pas toucher aux serveurs de vote durant les sept jours du scrutin électronique. Or, nous avons besoin de faire des sauvegardes au moins une fois par jour.

Il y a eu aussi polémique en mars dernier lorsqu'un étudiant, Paavo Pihelgas, a prétendu pouvoir programmer un virus pour changer les votes électroniques…

Il a créé un virus juste pour son ordinateur ! Et quand bien même il diffuserait un virus sur plusieurs ordinateurs pendant le scrutin, nous le verrions. Durant les élections, le Computer Emergency Response Team (CERT) engage plus de cent volontaires qui scrutent le réseau en permanence. Ils ont même engagé des hackers pour mettre le système à l'épreuve. Une cyber-attaque ne passerait donc pas inaperçue. Il n’est simplement pas possible de la prévoir. On ne peut pas empêcher des tanks d’attaquer un poste de police ! Les menaces sont là. Notre travail consiste à les détecter et à évaluer les dommages. Et en cas de vote électronique annulé, il est toujours possible d’aller voter dans un bureau de vote.

Le vote sur internet a-t-il des chances de s’exporter dans d’autres pays ?

Deux conditions sont nécessaires. Il faut un consensus politique, et une identité numérique dont on se sert tous les jours. Si on se limite à une carte d’électeur électronique, il serait très facile de la vendre. Mais si on utilise une même carte pour sa banque ou pour signer des contrats, on ne risque pas de s’en séparer. C’est votre vie que vous vendriez ! D’autres pays font des essais, mais rien à grande échelle. La Norvège va tester un système de vote électronique cet automne. Les Pays-Bas ont essayé le système pour les citoyens résidant à l’étranger. Au final, le vote a été annulé pour des raisons de sécurité élémentaires. J’ai donc dit aux pays intéressés de venir voir comment cela se passe en Estonie ! Par exemple, la semaine prochaine je vais en Islande pour en parler aux membres du Parlement. Le monde nous regarde de plus en plus près.

Propos recuellis par Thomas Paulmyer

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