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Billet de blog 30 mai 2011

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Aleksandr, symbole du renouveau de la communauté juive

L'Estonie est le premier pays d'Europe, en 1942, à être déclaré « Judenfrei », vidé de ses juifs par les nazis. Aujourd'hui, la communauté juive, qui compte mille cinq cents personnes, renaît. Portrait d'un jeune juif estonien heureux dans son pays.

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L'Estonie est le premier pays d'Europe, en 1942, à être déclaré « Judenfrei », vidé de ses juifs par les nazis. Aujourd'hui, la communauté juive, qui compte mille cinq cents personnes, renaît. Portrait d'un jeune juif estonien heureux dans son pays.

Sous son bonnet de laine, il ne porte pas de kippa. Son judaïsme, il n'a pas besoin de l'afficher. Aleksandr Zdankevitch, 26 ans, est le responsable des activités de jeunesse de la communauté juive de Tallinn. Depuis la réouverture de l'école juive en 1992, puis de la synagogue en 2007, Aleksandr a passé la plupart de son temps entre trois bâtiments : le centre communautaire, l'école et la synagogue. « Maintenant, tu nais ici, tu peux te marier ici et mourir ici. C'est comme un ghetto, mais que l'on a choisi », observe-t-il en scrutant la ruelle en bas de la nouvelle synagogue de Tallinn.

Le précédent édifice a disparu en 1942, dans un bombardement. Comme l'intégralité de la communauté juive. Un tiers a été déporté par les soviétiques en 1941, les autres exterminés par les nazis en 1942. Les Zkandevitch, la famille d'Aleksandr, sont russes. Après la guerre, comme les autres familles de la communauté, ils sont venus s'installer en Estonie . Pendant l'ère soviétique, à Tallinn, la vie des juifs était "moins pire" que dans le reste de l'URSS.

Devenir rabbin ?

Même si Aleksandr a grandi et étudié en russe (et en hébreu), il a de grands projets pour l'Estonie, son pays. « Tiens, ce sont peut-être mes futurs électeurs ! » plaisante l’étudiant en sciences politiques, militant écologiste, en arrivant dans les couloirs de l'école primaire. Il connaît tous les enfants, et souvent leurs parents. Tallinn est une petite ville, la communauté juive un village.

Militant mais laïc convaincu, Aleksandr est un des piliers de la synagogue. Il organise les colonies de vacances, les activités extra-scolaires. De temps en temps, il prend des cours privés de Talmud auprès du rabbin, qui espère secrètement que son élève lui succédera à la "Sünagoog". "Ce n'est pas trop mon truc", répond pourtant sans hésiter Aleksandr. Samedi prochain, il manquera la prière de Shabbat à la synagogue. Il y a un grand tournoi de foot entre les différentes minorités du pays (juives, turques, kazakhs, chinoises, etc...) et il a une équipe à motiver.

Daphné Rousseau et Benjamin Hoffman

L'Histoire des Juifs d'Estonie en quelques dates

  • 1820 : Arrivée des premiers juifs en Estonie. Enrôlés de force dans l’armée du Tsar, une poignée de jeunes juifs se retrouvent dans cette province de l’Empire dont ils avaient été bannis jusque-là. Ils fondent les premières maisons de prières et font venir quelque femmes juives des communauté voisines de Riga et Vilnus.
  • 1926 : L’autonomie culturelle. L’Estonie devient indépendante. Les 4000 juifs qui vivent à Tallinn bénéficient désormais de l’autonomie culturelle, qui leur permet d’édicter leurs lois, et leur garantit une égalité de droits. C’est l’âge d’or culturel de la communauté.
  • 1941 : La déportation en Sibérie. Les soviétiques prennent Tallinn et déportent 10 000 Estoniens dans les camps de travail de Sibérie. Parmi eux, près de 500 juifs dans la force de l’âge. Certains survivront.
  • 1942 : L’Estonie « Judenfrei ». En Janvier, les nazis déportent (avec l’aide du gouvernement estonien) et exterminent, notamment dans le camp de Kloga, au nord de l’Estonie, l’intégralité de la communauté juive. La synagogue est détruite lors d’un bombardement.
  • 1945 : Le retour. L’Estonie soviétique est relativement moins discriminante pour les juifs que d’autres républiques de l’URSS. Une centaine de juifs russes s’y installent. Privés de synagogue, la vie religieuse est faible, certains offices sont célébrés dans des églises. La vieille école juive devient une école d’Etat.
  • 1992 : Le départ. L’ouverture des frontières crée une hémorragie. Plusieurs familles quittent l’Estonie pour s’installer en Israël. L’école juive rouvre.
  • 2000 : Le premier rabbin. Pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, un rabbin s’installe à Tallinn.
  • 2007 : La renaissance. En présence de Shimon Pérès et du président estonien, la synagogue de Tallinn est inaugurée.

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