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Billet de blog 30 mai 2011

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Tallinn, paradis de l'alcool pour les Finlandais

En Estonie, l'alcool est parfois jusqu'à 70% moins cher qu'en Finlande. Le week-end, des hordes de Finlandais envahissent le port de Tallinn pour faire le plein.

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En Estonie, l'alcool est parfois jusqu'à 70% moins cher qu'en Finlande. Le week-end, des hordes de Finlandais envahissent le port de Tallinn pour faire le plein.

Des hangars de plus de 1000 m² qui débordent de vodka, de bières, de vins et d'autres alcools. Des dizaines de bus garés en face de ces magasins. Une centaine de clients armés de leurs caddies qui se dépêchent de les remplir avant le départ du ferry. Bienvenue sur les quais du port de Tallinn, au paradis des amateurs d'alcool.

Ici, le litre de vodka coûte moins de dix euros et les 24 cannettes de bières, guère plus. La plupart des clients viennent de Finlande. A deux heures de ferry et environ 60 euros le ticket, le calcul est vite fait. D'autant que les taxes sur l'alcool en Finlande augmentent considérablement le prix de la boisson.

Jani, 19 ans, n'est là que pour ça. Il est venu avec deux copains pour deux heures et demi seulement sur le sol estonien. Juste le temps de remplir son caddie : du gin, de la vodka et beaucoup de bières. "Ça m'a coûté 350 euros. En Finlande ça m'aurait coûté trois fois plus cher", lance-t-il, le sourire aux lèvres. Il assure en avoir pour six mois et c'est la deuxième fois qu'il effectue ce trajet dans le seul but d'acheter des bouteilles.

"Les gens viennent ici en famille ou entre amis, témoigne Jussi, en école de commerce. Et même les associations étudiantes s'approvisionnent en Estonie pour leurs soirées". Depuis l'entrée de l'Estonie dans l'espace Schengen, l'achat d'alcool n'est soumis à aucun quota tant qu'il se cantonne à la sphère privée. Certains vont jusqu'à remplir leur camionnette de plusieurs centaines de litres. En revanche, bars, cafés, restaurants n'ont pas le droit de se fournir ici. Mais d'après Jussi, même si c'est illégal, des bouteilles circulent quand même sous le manteau.

10000 euros en une journée

Kristina Kreisberg, gérante d'un magasin d'alcool

Les Estoniens ont bien compris la demande. Sur toute la zone portuaire de Tallinn, les boutiques pullulent. C'est le cas d'Alkolpood Vinyard. Juste devant le Terminal D, celui des départs vers la Finlande, ce magasin a ouvert il y a un peu plus de quatre ans. Dès le départ, les prix étaient en euro, avant même que le pays adopte la monnaie commune. La gérante, Kristina Kreisberg, l'avoue sans détour : "nos cibles prioritaires sont les Finlandais. Nos publicités s'adressent à eux avant tout. D'ailleurs tous nos employés sont obligés de savoir parler leur langue". Son magasin en voit défiler des hordes, surtout l'été."Une fois, nous avons gagné 10000 euros en une journée", raconte-t-elle, sans vouloir donner plus de détails sur son chiffre d'affaires.

Difficile aussi de savoir ce que représente ce marché. Kristina Kresiberg estime, elle, à 80% le nombre de ses clients venus de Finlande. Pour autant, les statistiques du pays ne prennent pas en compte la nationalité de l'acheteur et ces ventes ne sont pas considérées comme des exportations. Du coup, le gouvernement estonien voit les chiffres de la consommation d'alcool gonfler et augmente les taxes en conséquence. Une situation qui inquiète la gérante de la boutique: "nos prix ne devraient pas atteindre ceux de la Finlande, mais ils sont déjà plus élevés qu'avant". La crise, qui a diminué le pouvoir d'achat, et l'euro, qui a augmenté les prix, ne la rassure pas non plus.

Pauline Lavoix et Jean-Baptiste Gauvin

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