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Les grandes étendues, les jeux d’ombres et de lumières façonnent l’histoire solidaire de l’homme et de la nature qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs. Leurs folles aventures s’entourent parfois d’un silence feutré et soupirent avec élégance l’art du temps calme. Les chemins de tous les possibles s’entrouvrent comme par magie. En symbiose, les nuages aux teintes blanchâtres tracent et s’évadent dans le ciel bleuté à la rencontre d’une très chère liberté ardemment convoitée. Ici, un cheval se cabre. Là, l’esquisse d’un visage familier apparaît. Loi d’associations… en pure illusion !
Hors du rythme effréné du quotidien, la pétulance de la vie ancre ou encre, à qui veut bien le voir et le savourer, une belle page blanche enluminée de mots racinés aux sources de la vie et du temps, tous en quête de sens : clins d’œil sur les réminiscences et les émois de l’enfance et du passé, soupirs et sensations à fleur de peau butinés au présent, remous d’art poétique festonnés aux caprices étranges d’un destin à venir.
Au cœur de l’intime, les embellies et les inspirations se découvrent, se fondent dans le décor bucolique de l’imaginaire. Pourtant, au long des sentes de traverse, tout un monde vivant dévoile, çà et là, quelques secrets passés, mystères oubliés ou négligés. Il suffit d’entrebâiller la porte de la voûte céleste pour saisir les multiples facettes de la recherche de soi et percevoir les frissons de la pensée. Ainsi, la vie se tisse entre faune et flore, ombre et soleil, rêve et réalité, apaisement et frénésie. Dans les douceurs des jours candides, l’être humain semble s’abandonner à la félicité des délices.

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Dans les gris du ciel et leurs sombres déchirures, les tourments de l’intranquillité et du mal être ravivent bien des blessures enfouies. Les humeurs chagrines, les larmes chafouines s’insinuent dans le labyrinthe du songe et rejoignent le murmure ambiant. Bien vite, elles débobinent quelques échevettes de nuages ténébreux et agités. Aux chaos obscurs des formes et des couleurs s’ajoutent l’imperfection et la froideur d’une toile taciturne.
L’infiniment grand et la démesure enchantent le plaisir négatif et dénichent des sensations multiples liées aux pouvoirs et à la domination. Le sublime est pourtant là dans les perceptions, les peurs et les émotions paradoxales.
Fasciné par la nature, l’humain ne s’empêche pas de la tourmenter et aussi de la détruire en l’affublant d’un manteau à la stature diabolique. Entre ciel et terre, celui-ci voyage son âme mélancolique et son soleil fantaisiste, fléchit tel le souffle du vent, jaillit telle la poussière du sol. Tout ce petit monde finit par s’évaporer bien étrangement dans les méandres des abîmes.
Aux complaintes mêlées, aux cœurs meurtris, aux âmes bafouées ou torturées, au monde en détresse, en guerre ou en révolte, s’entremêlent quelques lueurs d’espoir et l’écharpe nuageuse trébuche alors entre sérénités de la réconciliation et affres de la désunion. Dans les noirceurs des jours machiavéliques, l’être humain semble se perdre dans les feux du désordre !

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Par la magie des flux et des reflux et l’imbroglio du chaud et du froid, emportés par les doux zéphyrs ou les fougues venteuses, les nuages piégés et entortillés lèchent les pentes alpestres et tissent un fin châle cotonneux. Aux limites de la randonnée pédestre, l’astre solaire bichonne, de ses rayons diffus, l’espace ouaté escarpé.
Aux écumes de la mer de nuages ou de brume s’ajoutent quelques remous vaporeux, énigmatiques et glauques. En pleine rébellion artistique, ceux-ci s’échouent sur les îlots rocheux en vagues scélérates et déferlantes. Au cœur de la nébulosité ambiante, horizon et ciel confondus, des édens naturels résinifères jaillissent et flattent la beauté d’un extraordinaire paysage hivernal. L’onde soyeuse glisse libre et tranquille, magique et infinie, au long d’un rivage imaginaire troublé par la fonte nivale.
Alors que la terre semble fuir sous les pieds, le swing des nuages illusionne parfaitement le ressac des marées. Il ne faudrait qu’un instant pour que, submergé par le vertige, le corps trébuche dans le vide happé par la spirale infernale d’un retour inopiné à la terre abandonnant à regret son odyssée aux confins des rêves !
« Je ne suis rien
Jamais je ne serai rien.
Je ne puis vouloir être rien.
Cela dit, je porte en moi tous les rêves du monde ». Fernando Pessoa