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Après la mare aux grenouilles qui amuse plus d’un filet de pêche enfantin. Tandis que la mélodie des croassements et des ricanements s’éloigne, la balade des dunes dévoile une nature riche de charme, embellie naturelle et sauvage aux effluves d’embruns salés.
Bien au loin, la mer et son infini dont les vagues déferlent sur les brise-lames de bois plantés depuis quelques années afin de ralentir l’érosion dunaire narguée par la montée inexorable du niveau de la mer et des océans. Un premier coup d’œil à l’estran, aujourd’hui balayé par la turbulence des vents, la houle et le tumulte des courants marins d’équinoxe. L’estran dont Edouard Levêque précise : « Ce n’est pas tout, le flot se retirant très loin laisse des bâches miroitantes qui reflètent admirablement toutes les tonalités du ciel ». L’estran délimité par la dune bordière, lisière protectrice d’un autre écrin encore plus sauvage.
Façonné par le vent, la mer, le sable, le havre de paix de la plaine maritime flamande accueille tous les oiseaux de passage et quelques autres attirés par la sédentarité. Timidement, la biodiversité s’est enracinée sur le polder au fil des ans et finalement triomphe aujourd’hui grâce à l’entente complice et sans doute très fragile de la nature et de l’homme. La Côte d’Opale aux contours un peu flous, terre inspirante de paysages marins, vibre toujours ici plutôt que là de prenantes lumières.

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Aucun bruit alentour ne vient perturber le silence ouaté et convoité du Platier. Les gravelots, les sternes, les tadornes, reproducteurs et nicheurs précieux se camouflent dans les nuances d’une flore colorée et diversifiée. Protecteurs bienveillants ou insouciants, ardents défenseurs de ce paysage sauvegardé dans les méandres d’une nature abrupte, la faune enchante la magie côtière de froissements d’ailes et de gazouillis fureteurs.
Les passants saisonniers exhibent volontiers leurs talents artistiques, entre escapades enchantées de passereaux ou d’avocettes, ondulations frémissantes de foulques macroules, envols harmonieux de sternes, curieux va-et-vient de vanneaux huppés et élégants ballets de colverts et de mouettes… Sans oublier bien sûr, les chorégraphies émoussées des alouettes, des mésanges… Nul doute qu’un ornithologue chevronné s’appliquerait à bien mieux décrire que moi leurs danses atypiques !!!
Sable fin doré, flore riche de graminées, d’oyats, de chardons bleus, de panicauts aux feuilles épineuses, d’obiones charnues aux feuilles argentées entrelacent les prés salés, les vasières, les prairies humides et les pâturages où broutent vaches et poneys des Highlands. « Puis quand l’astre du jour descend derrière l’horizon, ce seront des verts profonds presque émeraude qui apparaîtront pour diversifier le tableau », selon Edouard Levêque.

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Tombé sous le charme des paysages authentiques de la Côte d’Opale, le peintre Edouard Lévêque complète sa palette de nuances, «… la gamme rose qui nacre les vastes flaques légèrement verdâtres », tantôt « les verts Véronèse, engendrés par le mélange de l'azur avec l'ocre jaune du sable et l'écume blanche du flot ».
Au printemps, tous ces oiseaux vadrouillards sillonnent, libres comme l’air, les vents porteurs des couloirs migratoires vers le sud dont la première halte se trouve ici entre Mer du Nord et Manche.
Bravant parfois les vents contraires et le réchauffement climatique, les voyageurs de nuit prennent pour guides la lune, les étoiles et bien d’autres corps célestes. Les migrateurs de jour s’orientent, eux, au bon vouloir du soleil, de l’odorat, de la vue, de la mémoire… du champ magnétique terrestre au sens de la temporalité.
Alors même que l’endroit insuffle bien des élans enthousiastes et pousse à explorer les recoins de l’être et du vivant, quelques réflexions fragilisent déjà l’harmonie du site protégé.

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Dans un monde en perpétuels mouvements, les oiseaux s’accommodent, bien malgré eux, des décisions imposées par l’homme. Ce dernier convoitant toutes richesses de la nature, de l’air, de l’eau… au détriment de l’art, du beau, du sauvage, de la santé…
Rien de très poétique quand l’humain implante à six kilomètres à vol d’oiseaux, une centrale nucléaire prête à accueillir prochainement deux autres EPR. Encore moins magique, le grand terminal méthanier non loin. Plus révoltant, les expansions portuaires, industrielles, urbaines, les constructions pavillonnaire ou le « haut standing », à tire-d’aile, aux alentours et un peu plus loin… Sachant qu’en un simple clin d’œil, le béton sait rapidement et sans mot dire métamorphoser tout un paysage bucolique !
Plus que jamais, aux endroits encore privilégiés de la Côte d’Opale, traquer la magie naturelle des jours reste un plaisir éphémère à ne jamais manquer, « Avec les incendies du soleil couchant, ce sont des éclairs fulgurants de vermillon et de rouge saturne qui jaillissent de l’onde », détaille artistiquement Edouard Levêque.