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« A tous petits pas de géants… Je vais gravir les sentiers pour aller voir la montagne / et le poète avait raison de nous chanter qu’elle est si belle… ».
Du fond de la vallée, la rivière, gonflée de cascades fauves ou naturelles ruisselant des crêtes, des rochers, des pouzzolanes, crache sa colère en vagues tumultueuses et en fougueux tourbillons d’écume. Hurlant ses soupirs plaintifs et ses cris rageurs dans les gorges exaspérées, le raffut de l’eau et son écho décuplé brisent effrontément le havre de paix habituel de l’écrin naturel ardéchois. A coup sûr, il manque à cet instant précis de chaleureux rayons de soleil pour mieux poétiser l’éden cévenol et sa superbe terre de contraste.
Nichée au cœur de paysages majestueux, la route étroite serpente à flancs de monts et dévoilent les multiples visages de l’Ardèche. Doux reliefs arrondis et diversités sauvageonnes côtoient astucieusement forêts, pinèdes et fagacées. De toute évidence, les landes à genêts, les pâturages verdoyants, les châtaigneraies et les vertes prairies constellées de fleurs champêtres s’entrelacent naturellement autour des corniches, des terrasses, des faysses. Là des sentes, des sentiers muletiers, des ponts, des corniches, des rochers, des cascades, des torrents impétueux. Ici, des murettes, des ruisseaux, des coulées basaltiques et des calades escarpées.
En contrebas, blotti dans la nature, un village de caractère livre ses bâtisses en pierres typiques. L’échappée belle continue son ascension et quelques hameaux plus loin, au détour d’un virage pentu, deux personnes bravent la pluie diluvienne et s’engouffrent hâtivement dans une voiture. L’endroit semble bel et bien s’affairer, un peu… Le proverbe local trouverait-il ici toute sa place ? « Pour vivre heureux, vivons perchés ! ».

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« Il faut vouloir aller chez toi / Et la rivière qui me conduit / Délaisse villes et villages… Il y a des couleurs d’autrefois / Qui vous aimantent comme un parfum… Ta maison, c’est comme une escale »
Contrairement aux jeunes de l’époque partis « pour s’en aller gagner leur vie, loin de la terre où ils sont nés », lui, reste au pays. Ce hameau, presque au milieu de nulle part, abrite ses années d’enfance, d’adolescence et d’adulte, une vie emplie de sens et de valeurs, une belle symbiose chevillée au pays, à la terre et à ses racines.
A la suite de ses parents, la boutique et la bâtisse deviennent cocon authentique et atypique, garni de meubles, de trésors et de perles d’antan, parfois transmissions familiales parfois souvenirs intimes. Un brin insolite, l’endroit regorge de richesses humaines, une façon délibérée d’être relais auprès des habitants du village, de favoriser et partager l’art et la culture. Des rencontres, aux multiples facettes, tressent des relations exceptionnelles.
Sa scène prisée accueille des artistes dont les textes « veulent dire quelque chose », le plus souvent des auteurs, compositeurs, interprètes et quel qu’autres spectacles minutieusement choisis.
Avec un plaisir non dissimulé, ce passeur d’histoires et de mémoire, insatiable, au caractère bien trempé, attaché à sa liberté, conte sa vallée, son village, ses choix, son vécu, l’esprit des lieux et ses passions aux personnes qui franchissent son perron.
Le coin pittoresque et paradisiaque l’inspire ! Véritable petit musée, les murs de son antre exposent ses toiles et peintures, paysages, natures mortes et nombreux visages aux regards expressifs. Créations originales mêlant imaginaire et influences artistiques enrichies de pointes très personnelles de clair-obscur selon les ressentis et les émotions de l’instant. Un univers authentique fouiné dans les méandres de l’âme et fureté dans le labyrinthe des rêves.
Des pochettes de microsillons de Brassens, une affiche de « Salut Brassens » en rappel au concert de Joël Favreau venu en 2016 réveiller le répertoire du chanteur. Produits du terroir, musique classique, accueil convivial ambiancent ce cadre privilégié finalement très poétique, un voyage hors du temps sous les charmes de l’aventure, des délices de l’évasion, douce odyssée construite au fil des jours.
« Vous savez où vous mettez les pieds ? » avait-il dit. Afin de fuir les tribulations du monde, quoi de mieux que le charme d’une pépite en cette époque terne et chaotique où l’humain peine à trouver sa place et à se faire entendre…
Juste à l’entrée, le tarare ancestral parade depuis longtemps sans mot dire. Désormais, à l’abri des souffles du vent d’oc, s’il le pouvait, il prendrait la plume pour conter les secrets ou chimères du temps jadis mais aussi les mots précieux partagés au hasard des rencontres de personnes venues se déphaser ici !
Les mots : « …Ils sont le seul voyage de vive voix ou de papier / Notre bel héritage futur, présent et passé… »

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