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Billet de blog 18 juin 2025

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« Il n’y a plus qu’à laisser aller sa plume…* »

« En poésie, on ne cherche pas à mettre des mots ici ou là pour que ça soit joli, mais on tente désespérément de témoigner de la vérité équivoque du monde », Arthur Teboul, auteur – compositeur - interprète, poète, vocaliste et parolier du groupe Feu! Chatterton**, également écrivain et parfois acteur.

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Illustration 1
© Edmey

Dans le rétro des souvenirs, le psyché de la poésie !

A grandes enjambées, la saison nouvelle perpétue le cycle inexorable de la vie. Les oiseaux s’égosillent aux premières clartés de l’aube. Les jours s’allongent jusqu’au solstice d’été. Les premières fleurs enjolivent la végétation déjà bien verdoyante. La quiescence et la dormance de la nature se hâtent d’en finir. Les bourgeons se boursouflent, les feuilles s’activent et s’épanouissent. Les nuances chamarées exaltent d’insolites et justes promesses de vie. Pourquoi donc descendre chaque matin, chaque soir et parfois dans la journée, dans l’antre de la terre ? D’évidence, pour se rendre au travail, en revenir, atteindre rapidement et à tout moment d’autres quartiers de la ville.

Là aussi, dans les profondeurs, étonnamment, les prémices printanières s’invitent ! Les quais, les rames, les galeries souterraines du métro s’embellissent de mots, de poèmes, de décors mais aussi d’écrits cyrilliques, de spectacles et d’animations.

Voyageurs d’un jour, usagers habituels, public éclectique s’entrecroisent sur une rythmique endiablée bien imparfaite. Voici donc, le moment de s’attarder et d’admirer toutes ces fresques colorées, spécifiques, atypiques et originales exposées dans le métro ! Prendre du temps pour cueillir la poésie !

Nous sommes en mars 2023. Soudain, une voix mystérieuse, cassée et rocailleuse, résonne au haut parleur de la station. Avec éloquence, le poète déclame son « poème minute » aux passants des lieux. C’est le printemps des poètes…

« Quelqu’un »… « Une étreinte dans le noir »

« …C'est lundi
Tout dépend dans quel pays
Alors c'est mardi
Si on l'écrit
A jamais
On décide
Puis de rien
On revient
Sur sa décision
On oublie
Un petit
Café au comptoir
Une étreinte
Dans le noir
Une permanence
Dans le soir
À attendre
Quelqu’un. »

Arthur Teboul (Extrait d’un poème de son livre, Le Déversoir)

Happés par cette interruption insolite, les habitués et les promeneurs, d’abord curieux, ralentissent le tempo insensé des entrecroisements anarchiques. L’ambiance doucement se feutre. Le silence semble pouvoir nicher tous les possibles. Peut-être est-il temps d’apprécier ce moment inopiné et éphémère ? Arrêts sur image, brèves pauses sur les tracasseries et la morosité du monde actuel ou en devenir !

Soudain, la foule se ressaisit, le brouhaha reprend. La chorégraphie confuse des allers et venues rejoue le chemin des pas pressés. Pas pressés, pas perdus. Peut-être pas si perdus après tout ? Aux pas répondent des milliers de mots, de multiples affiches, des centaines de poèmes choisis dévoilant des coups d’œil furtifs, des regards et commentaires interrogatifs, quelques douces rêveries.

Que retenir de ces fugitives envolées poétiques d’auteur.e.s célèbres, d’inconnu.e.s aux plumes affutées et particulièrement raffinées ? Des petits riens surement mais aussi des grands touts, de quoi éveiller ou ranimer quelques pensées contrastées sur la poésie, les poètes, sur les arts et les lettres et probablement tout simplement sur la vie !!! 

De l’ivresse des mots aux chemins de la poésie ! 

Arthur Teboul a la parole loquace et aime la poésie. Toutes ses confidences pelle-mêle l’illustrent : « Chaque mot, chaque geste, s’articule avec grâce »… « Troublé et grisé par le jaillissement de l'écriture : j'ai souvent le sentiment de découvrir sur le papier une part de moi-même qui était en germe »… « Tu connais le chemin »… « Ce qu'on s'autorise à espérer, prend racine quelque part »… « Va vers nulle part, l'horizon n'est pas loin »… « Je trouve que la poésie, c'est un diapason qui nous permet de nous accorder au monde ».

« La poésie est un refuge, pas dans lequel on s’isole, mais qu’on partage »… « La poésie, c’est un contre-pouvoir sans pouvoir. Ce n’est pas anodin qu’elle soit un secret si bien gardé. Emparons-nous de ce feu. »… « La poésie a une utilité sociale ». « Les poèmes nous rappellent à notre humanité, et aujourd’hui, mine de rien ils résistent aux injonctions du temps ».

Plus que jamais « Il est temps de vivre ». Rêves, réalités réenchantent le présent, main tendue à l’espoir, à la vie, à l’avenir, « Allons voir » de Feu! Chatterton : 

« …Et tu vas vers ce pays
Vers cette vie qui enivre
Comme celle que tu lis
Dans les pages des livres
Il est temps de vivre

Allons voir
Ce que la vie nous réserve
Ce que la vie nous réserve
N'ayons peur de rien
Allons voir
Ce que la vie nous réserve
Ce que la vie nous réserve
N'ayons peur de rien
Prends-moi la main ».

 « Ecrire une chanson, c’est à chaque fois une angoisse, mais une excitation dingue. Tu as un bloc de pierre, tu aimerais sculpter un visage, mais c’est un poisson qui apparaît » pour citer la métaphore filée d’Arthur Teboul.

Les mots pour confier et déjouer les maux !

Titre :

* : Citation de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné dans « à Madame Grignan » le 2 août 1675.

** : Fan de Thomas Chatterton, le groupe prend le nom de famille du « poète maudit anglais » ajoutant à cet hommage « Feu » (« qui l’enterre ») accolé d’ un «  ! » ( pour le « ressusciter »).

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