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Billet de blog 29 septembre 2022

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Au fil de soi

« Finalement, la solitude c’est se lover dans la soie de son âme, devenir chrysalide et attendre une métamorphose qui ne saurait tarder. » Citation de Johan August Strindberg, écrivain, dramaturge et peintre suédois, quelques mots repris de son autobiographie intitulée « Seul » et écrite en 1903.

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Illustration 1
© Edmey

Depuis quelques temps, des tourbillons de mots, des cascades de décisions, des pluies de maux déferlent et s’emparent de l’espace public au mépris des lois, de toutes valeurs humaines, sociales, morales... Des informations follement malaxées par certains médias... La détresse s’incruste plus que jamais dans la vie. Rares deviennent les moments heureux qui s’infiltrent agréablement dans les interstices de l’existence.

Elle pense désespérément à ce titre "les matins difficiles" qui lui souffle des interrogations : "Mais, alors, c'est quoi qui nous pousse, qui fait qu'on va de l'avant ? ". Et même si tous les capteurs de rêves ont malencontreusement englouti les mots poétiques et les jours meilleurs, les pages blanches de l’avenir restent de toute façon à écrire.

Illustration 2
© Edmey

Profitant de l’arrêt du "mistralou", ce "vent couloir" tant dénigré par Colette et Stendhal : "le vent qui vient gâcher tous les plaisirs que l’on peut rencontrer en Provence", allongée sous un mûrier platane, en recherche de lumière et d’ombre, elle s’était octroyé une pause bienveillante. Invitation délicate chuchotée par une voix venue de l’empyrée céleste : Respirez, Profitez, Rêvez ! Juste le murmure lointain d’une cascade et la frénésie de ses remous viennent rompre le silence fascinant de l’instant éphémère.

Effilant sa vie d’aussi loin qu’elle se souvienne, elle égrène ses petits riens jonchant son enfance, son adolescence, mais aussi ses sublimes étapes ou hésitantes épreuves parsemant sa vie d’adulte. Un grand tout finalement assez cohérent empreint de quelques colères, regrets et doutes mais aussi de douceâtres fiertés.

Indéniablement, ce moment soyeux et frêle de solitude lui permet d’entrouvrir la porte du soi, de panser quelques bosses ou blessures, d’enrouler le fil de la sérénité et du calme, de retrouver un nouveau souffle, de prendre le temps de se lover dans les profondeurs des flots et de retracer son chemin en toute délicatesse et conscience.

Illustration 3
© Edmey

Et là, dans cette fragile quête de solitude et d’apaisement, son regard ne peut se détacher des feuilles du mûrier, gourmandise du ver à soie, épopée ardéchoise de la soie et éternel recommencement du cycle de reproduction : parade nuptiale des papillons, ponte des œufs, naissance des chenilles, tohu-bohu du vers à soie, devenant chrysalides vivantes et protégées par les cocons pour continuer la vie de ces extraordinaires insectes retirés de la blaze, dernière peau de mue de la chenille.

De la nymphe chrysalide au papillon, dernière phase d’une naissance explosive. Heureux, peut-être, de connaître enfin l’autre côté du miroir, toujours en quête de nectar et de pollen. Parfois jouet du vent, le papillon butine, vagabonde et cherche à vivre ou à venger pleinement sa métamorphose !

Au fil de l’eau, quelques siècles d’activité industrielle ont fait, de ce territoire, les beaux jours de richissimes patrons et du capitalisme. La défense de l’exploitation d’hommes, de femmes, d’enfants, du respect, de la dignité… reste indéniablement son combat individuel et collectif de tous les jours ! Du coup, la solitude pleine et entière, le long silence, la transmutation… n’entrent aucunement ni dans ses convictions ni dans ses valeurs, persuadée qu’un jour ou l’autre l’espoir reviendra !

Illustration 4
© Edmey

Le printemps et l’été ont épuisé leurs rocambolesques journées saisonnières, sempiternel cadeau d’une nature en mal d’harmonie dont l’homme doit pourtant prendre toute sa part de responsabilités.

Désormais, l’automne commence à disséminer ses douces rêveries : les crocus printaniers "aux ailes d’or des elfes et des fées" s’en retourneront en terre devenant colchiques automnaux "aux ailes usées et fanées de trop d'excès de gaies et folles danseries".

Au fil de soi, dans la nuit étoilée, on trouvera toujours quelque part où déposer les fleurs qu'on a semées ou cueillies…

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