Dans la mythologie grecque, bien au-delà de l’Océan, aux tréfonds du monde, vivait la divine Méduse, belle gorgone cachée devenue, malgré elle, créature malfaisante aux attributs et aux pouvoirs hideux et diaboliques, aux yeux meurtriers. Sa chevelure n’était qu’enchevêtrement de serpents hérissés se dandinant au gré d’une danse maléfique. Elle rencontrait bien des désillusions : abusée par Poséidon, transformée en monstre, tuée. Méduse se médusait elle-même, horreur et abîmes, cruel effroi, destin fatal. Regardant le bouclier miroir afin de croiser uniquement l’image, reflet de Méduse, Persée aidé d’Athéna lui supprima à jamais son regard mortel.
A ses dépens, elle a enchanté ou endiablé bien des légendes et des œuvres artistiques sur la beauté et la terreur des chimères. Afin, peut-être, de se délivrer du mythe, un animal marin aux formes étranges et aux filaments pêcheurs redoutés, portrait craché de la description légendaire, s’est vu attribuer le nom de "méduse" au 18ème siècle. Plus que jamais hantée par ce passé, fantasme mystérieux des mondes et avec la complicité de l’homme qui concoure allégrement à la disparition de certaines espèces, la méduse décide alors de prendre une cynique et satanée revanche.

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Le sort en est jeté (ὁ κύβος ἀνερρίφθω) !
C’est ainsi qu’au long du rivage, à marée descendante, portée par un courant marin de plus en plus réchauffé et grâce à l’éternel roulement des vagues, la méduse s’installe sur le sable humide des plages, déployant ses ombrelles et ses harpons urticants. A l’approche du littoral, elle aime à se nicher aussi dans les rochers entassés pour contrer l’érosion des côtes, cachette idéale pour les polypes reproducteurs, une armada invisible à l’œil nu. Insatiable, elle est toujours à la recherche d'algues microscopiques et de microplanctons, repas friand dont elle ne peut se passer. Richesses d'éléments nutritifs soudainement apparues dans l’écosystème aquatique.
Translucide, invertébrée, robuste, la "méduse immortelle", venue du bleu azur de la mer des caraïbes envahit silencieusement tous les océans. Biologiquement, elle détient les clefs de l’immortalité mais n’est pourtant pas invincible. Elle peut inverser son processus de vieillissement et retourner plusieurs fois de suite à l’état juvénile, former des clones, régénérer des membres perdus.
L’Homme, confronté à ses démons, surpêche, chalute, pollue, dégrade, réchauffe, gélifie les océans. Pourtant, décideur dans bien des domaines, il reste toujours sourd aux cris et alertes et aveugle à l’absurdité et à l’obscurité de ses choix, décisions et conséquences. Inlassablement, il poursuit sa propre descente aux enfers.
Face au constat grave et amer d’un monde à feu et à sang... que les mots d’espoir, les actes de résistance et les élans de fraternité résonnent encore et toujours… Il est plus que temps de restaurer ce fil d’Ariane afin d’enfiler de nouvelles perles de vie !