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Billet de blog 5 mars 2025

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Palestine, notre blessure

Sous ce titre, j’ai rassemblé, aux éditions La Découverte, tous les articles que j’ai publiés dans Mediapart sur la question palestinienne, précédés d’une introduction inédite sur la dimension universelle de cette cause.

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La question de Palestine pose au monde, depuis 1948, la question de l’égalité entre les nations et les peuples qui les composent. C’est ce que l’on nomme le droit international dont il est aujourd’hui évident, même pour les plus incrédules, qu’il est en grand péril, sous les coups de boutoir conjoints des États-Unis et de la Russie, de Donald Trump et de Vladimir Poutine, les alliés de ce nouveau pacte américano-russe dont les deux partenaires veulent imposer la loi de la force contre la force du droit.

À Mediapart, nous n’avons pas attendu cette brutale démonstration pour sonner l’alarme, dans la certitude inquiète que la catastrophe n’était pas à venir mais déjà en cours. Du premier, publié début 2009 à l’adresse d’un précédent président américain, Barack Obama, au dernier, paru en octobre 2024 après une année de guerre exterminatrice à Gaza, les articles réunis dans Palestine, notre blessure témoignent de cette constance.

C’est ainsi que nous n’avons cessé d’affirmer, après les massacres du 7 octobre 2023 et face à la guerre d’Israël à Gaza, que les soutiens aveugles à Benyamin Nétanyahou faisaient le jeu de Vladimir Poutine contre l’Ukraine et l’Europe. Le droit ne se divise pas, et tout double standard le ruine. La preuve ultime a été apportée aux Nations Unies, le 24 février 2025, quand Israël a voté, aux côtés des États-Unis et de la Russie, contre une résolution condamnant l’agression russe en Ukraine.

Le sort d’un monde commun et d’une humanité solidaire se joue donc bien en Palestine. La question palestinienne prolonge dans notre présent une longue durée dont l’Occident n’arrive toujours pas à se défaire : la question coloniale, cette matrice originelle de sa démesure. Elle constitue le refrain insistant de ce livre, tant elle est à la source de cette catastrophe de la grandeur, cette prétention à la domination, dont le « Make America Great Again » de Donald Trump est le dernier avatar.

Si la Palestine est devenue une cause universelle, c’est parce que l’injustice faite à son peuple depuis 1948, redoublée depuis 1967, prolonge au cœur de notre présent l’injustice des colonisations occidentales qui ont fait la richesse, la puissance et la domination de l’Europe sur le monde. Au ressort du colonialisme, il y a la supériorité, donc l’inégalité, et, par conséquent, la négation des principes universels que les démocraties occidentales prétendent avoir proclamés à la face du monde. Cet engrenage est fatal, générant une barbarie qui ensauvage la civilisation.

En Israël même, des voix surent tôt le dire qui, hélas, ne furent pas entendues, rapidement marginalisées, puis défaites. Victorieux face aux États arabes – l’Égypte, la Syrie, le Liban, l’Irak et la Jordanie – lors de la guerre des Six Jours de juin 1967, les dirigeants, alors travaillistes, de l’État d’Israël décidèrent d’occuper illégalement de nouveaux territoires, en Cisjordanie et à Gaza, ouvrant la voie aux surenchères des fanatiques du « Grand Israël » qui, désormais, ont conquis le pouvoir à Jérusalem, assumant une idéologie raciste d’effacement de la population palestinienne – par l’exclusion, l’expulsion ou l’extermination.

Le 22 septembre 1967, douze citoyens israéliens lancèrent, dans le quotidien Haaretz, un appel dont la sombre prophétie fut rappelée, le 28 décembre 2023, par des cinéastes du monde entier pour réclamer un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

Le voici :

Notre droit de nous défendre contre l’extermination ne nous donne pas le droit d’opprimer les autres :
L’occupation entraîne une domination étrangère.
Une domination étrangère entraîne la résistance.
La résistance entraîne la répression.
La répression entraîne le terrorisme et le contre-terrorisme.
Les victimes du terrorisme sont en général des innocents.
La mainmise sur les territoires occupés fera de nous des assassins et des assassinés.
Sortons des territoires occupés maintenant.

Ses premiers signataires avaient accompagné la naissance, en 1962, d’un parti israélien socialiste, internationaliste et anticolonialiste. Il avait pour nom hébreu : Matzpen, soit la boussole. La boussole de l’égalité, du droit et de la justice.

Au-delà d’une terre, d’une nation et d’un peuple, « Palestine » est devenu le nom sans frontières de cet idéal. Son sort tragique rappelle au monde entier qu’il ne saurait y avoir d’universel s’il n’y a pas d’égalité, autrement dit qu’il n’y a que de l’universalisable : un universel de la relation, du partage et de l’échange, qui se construit sans cesse dans le respect et le souci des autres – de leurs droits, de leurs vies, de leurs humanités.

*

Illustration 1
La Decouverte, 160 pages, 12 euros

Voici la table des matières de Palestine, notre blessure  (La Découverte Poche, 160 p., 12 euros) :

Une cause universelle
1. Cette terre où se joue la paix du monde
2. La course à l’abîme de l’État d’Israël
3. Cette présidence qui a égaré la France
4. Face au 7-Octobre, la question morale
5. Gaza, où meurt notre humanité
6. À La Haye, le renversement du monde
7. Ukraine-Palestine, la bataille du droit
8. Un maccarthysme à la française
9. Combattre l’antisémitisme en toute clarté
10. Le mensonge historique de Nétanyahou
11. La barbarie dans la civilisation

*

Autour de ce livre, paru le 6 mars soit au lendemain du discours télévisé d’Emmanuel Macron sur l’Ukraine et la Russie, j’ai d’abord accordé deux interviews, l’un à Loïc Barrière de Radio Orient (à écouter ici), l’autre à Patrick Simonin sur TV5 Monde :

Sur TV5 Monde le 6 mars 2025

Par la suite, j’ai répondu à Pascal Boniface et à la revue Regards (vidéos ci-dessous) et à la radio RFI :

Entretien Palestine avec Pascal Boniface
Entretien Palestine avec Regards

À Paris, l'iReMMO (Institut de recherches et d'études Méditerranée Moyen-Orient) m'a invité, le 4 avril 2025, à présenter le livre :

À l'iReMMO le 4 avril 2025

À Lodève (Hérault), la libraire "Un point, un trait" a organisé le 5 avril 2025 une rencontre animée par l'ancien député LFI (et directeur d'école) Sébastien Rome :

A Lodeve, le 5 avril 2025, avec Sébastien Rome

Le 6 mai 2025, "Le Média" m'a invité pour discuter du livre en compagnie de l'universitaire Béligh Nabli :

Le Média avec Béligh Nabli, mai 2025

Le 14 mai 2025, présentation du livre à la librairie parisienne "Le Tiers Mythe" :

Librairie Le Tiers Mythe (Paris), mai 2025