Mediapart fête ses sept ans le 16 mars 2015. Comme chaque année à cette période, nous publions tous nos comptes, chiffres et résultats. Cette transparence devrait être la règle pour toute la presse dont la mission est d’informer au nom de l’intérêt public.
Sept années donc, sept années d’indépendance. Sept années arc-boutées sur la préservation de cette valeur essentielle, sans laquelle il ne saurait y avoir de confiance durable avec le public.
Indépendance éditoriale évidemment, celle d’un journal en ligne qui ne suit aucun autre agenda que le droit de savoir, de comprendre et de débattre des citoyens. Indépendance illustrée par les révélations régulières de Mediapart dans tous les domaines de la vie publique, ses enquêtes au long cours qui dévoilent la part d’ombre des pouvoirs, politiques et économiques.
Mais cette liberté éditoriale a pour condition une totale indépendance économique. Alors que presque tous les médias privés français sont sous la coupe d’intérêts financiers et industriels extérieurs aux métiers de l’information, qui s’achètent ainsi des leviers d’influence et des garanties de protection, Mediapart fait exception. Sans publicité, ni subvention, ni mécène, il ne vit que de ses lecteurs.
Le ressort de ce succès éditorial et économique est le pari fait à l’origine d’inventer la nouvelle presse de la révolution numérique. Non pas un site, soumis aux logiques de flux, obsédé par la quête de l’audience, préférant l’immédiateté à la profondeur, dépendant des recettes publicitaires au détriment de la valeur de l’information. Mais, au contraire, un journal, totalement numérique et totalement participatif, où notre tradition professionnelle trouve une nouvelle jeunesse grâce aux immenses potentialités de la modernité digitale.
Ce succès est encore fragile, tant cette exception dérange des conformismes et bouscule des conservatismes. D’ici son dixième anniversaire, en 2018, Mediapart entend donc consolider son indépendance en inventant une formule juridique et financière inédite, qui s’approche d’une société de presse citoyenne à but non lucratif. Autrement dit dont les bénéfices sont reversés au développement et au renforcement d’une presse indépendante, au service du seul public.
« Toute réforme morale de la presse serait vaine si elle ne s’accompagnait pas de mesures politiques propres à garantir aux journaux une indépendance réelle vis-à-vis du capital », écrivait Albert Camus dans Combat à la Libération. C’est ce programme qu’entend honorer l’équipe de Mediapart en s’efforçant de défendre un journalisme de hauteur et d’idées, où les vérités de fait élèvent le débat public.
Car, disait aussi Camus, « tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. Une société qui supporte d’être distraite par une presse déshonorée (...) court à l’esclavage malgré les protestations de ceux-là mêmes qui contribuent à sa dégradation. (...) C’est pourtant notre tâche de refuser cette sale complicité. Notre honneur dépend de l’énergie avec laquelle nous refuserons la compromission ».
Telle est la voie escarpée sur laquelle chemine Mediapart depuis sept ans, avec l’aide de ses lecteurs. Merci infiniment à toutes et tous.
> Mediapart 2014 en chiffres
Toutes les données sont réunies dans le dossier de presse réalisé pour notre anniversaire que vous pouvez télécharger ici en format PDF et, évidemment, faire circuler largement.
Pour la première fois depuis sa création, Mediapart a dépassé à l’automne 2014 le seuil des 100 000 abonnés individuels.La croissance ne s’est pas ralentie depuis : en ce mois de mars 2015, vous êtes plus de 112 000 à être abonnés à Mediapart.
En 2014, le chiffre d’affaires a approché les 9 millions (8 761 769 euros, soit + 27 % par rapport à 2013, en ne comptant que les abonnements, 8 982 229 avec l’ensemble des produits d’exploitation) et notre résultat a frôlé les 1,5 million (1 484 253 euros, soit + 64 % par rapport à 2013).
Nos résultats sont affectés :
- au développement de votre journal : fin 2014, l’équipe éditoriale et les divers services opérationnels (technique, commerciale, marketing, administration, comptabilité) rassemblaient 55 salariés auxquels s’ajoutent des investissements nouveaux, notamment dans les chantiers et innovations techniques, les contenus multimédias, les « Live », le photojournalisme, les partenariats éditoriaux, etc.
Pour agrandir cette image de notre équipe, cliquez ici.
- au renforcement de sa trésorerie : Mediapart, qui n’a contracté aucun emprunt et n’est donc pas endetté, fait cependant face, depuis décembre 2013, à un conflit avec l’administration fiscale qui conteste le principe de neutralité des supports (papier ou numérique) instauré en 2009 par le décret ayant établi le statut de la presse en ligne au nom duquel Mediapart, journal reconnu IPG (Information Politique et Générale) par la CPPAP, applique le taux de TVA à 2,1 % dévolu à la presse, conformément aux engagements des pouvoirs publics et des syndicats professionnels ; ce contrôle fiscal pourrait amener l’administration à nous réclamer pour les exercices 2010 jusqu’à janvier 2014, pas moins de 4,7 millions d’euros ; Mediapart entend contester dans sa totalité ce redressement d’autant plus que, depuis cette offensive fiscale, les députés nous ont donné raison en formalisant par un vote l’égalité de TVA entre presse papier et presse numérique.
- à la construction de son indépendance : les quatre fondateurs (François Bonnet, Laurent Mauduit, Marie-Hélène Smiéjan et moi, tous salariés de Mediapart) veulent d’ici 2017-2018 transmettre le contrôle de l’entreprise à son équipe sous une forme juridique nouvelle, s’inspirant d’une ancienne réflexion, récemment relancée par l’économiste Julia Cagé (lire ici notre entretien), sur une « société de presse à but non lucratif » ; d’ici là, Mediapart, avec le soutien de sa Société des amis, augmentera son autocontrôle par le rachat de parts des investisseurs partenaires qui nous soutiennent depuis l’origine ; c’est ce qui a été fait, fin 2014, avec le rachat, pour un montant de 2,5 millions, des parts du Fonds d’investissement Odyssée Venture (entré au capital en 2009), moitié par la Société Editrice de Mediapart, l’autre moitié par un de nos deux investisseurs partenaires historiques, Ecofinance.
Pour agrandir ce graphique de la composition de notre capital, cliquez ici.
> Mediapart 2014 en graphiques
Pour agrandir ce graphique, cliquez ici.
Pour agrandir ce graphique, cliquez ici.
> Mediapart 2014 : les comptes
Pour agrandir ce tableau, cliquez ici.