Se tenant à trois jours de l’ouverture du procès de Julian Assange, cette réunion publique est organisée par de nombreux médias (dont Mediapart, Regards et Le Média qui en ont lancé l’idée, mais aussi L’Humanité et bien d’autres), des organisations professionnelles (Reporters sans frontières, Fédération internationale des journalistes), des syndicats (SNJ-CGT, SNJ, UGICT-CGT), des associations (Ligue des droits de l’homme, Maison des lanceurs d’alerte). Le même jeudi 20 février, le collectif international d’avocats qui assure la défense du fondateur de WikiLeaks tiendra une conférence de presse à Paris.
Avec la participation de :
Sophie Binet, UGICT CGT, Maison des lanceurs d'alerte ; William Bourdon, avocat ; Christophe Deloire, Reporters sans frontières ; Glenn Greenwald, The Intercept (en vidéo) ; Delphine Halgand-Mishra, The Signals Network ; Pierre Jacquemain, Regards ; Eva Joly, magistrate, ancienne eurodéputée ; Geoffroy de Lagasnerie, philosophe et sociologue ; Christophe Marchand, avocat ; Edwy Plenel, Mediapart ; John Shipton, père de Julian Assange (en vidéo) ; Emmanuel Vire, SNJ-CGT ; ...
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Une semaine auparavant, vendredi 14 février, s’est tenue à Lisbonne une conférence de presse de Mes William Bourdon et Francisco Teixeira da Mota, les avocats de Rui Pinto, le lanceur d’alerte des FootballLeaks et des LuandaLeaks, emprisonné depuis près d’un an et dont le procès devrait se tenir cette année (la dépêche de l’AFP ici, un compte-rendu de la presse portugaise là). Le directeur de Mediapart y a participé, aux côtés des deux collectifs internationaux d’investigation, l’EIC (European Investigative Collaborations, lire le document diffusé à Lisbonne, en anglais) et l’ICIJ (International Consortium of Investigative Journalists), ainsi que la Fondation The Signals Network, dédiée à la défense des lanceurs d’alerte, tout comme PPLAAF (Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique).
Le sort judiciaire de Julian Assange rejoint ainsi une urgence démocratique qui concerne à la fois les professionnels de l’information et le public au service duquel ils travaillent : s’il est considéré comme un espion et extradé à ce titre, c’est toute la législation européenne sur la liberté d’informer qui sera bafouée. Et la voie sera ouverte à toutes les attaques des pouvoirs étatiques et des puissances économiques afin de transformer en délit un droit fondamental.
Le cas du fondateur de WikiLeaks est dès lors indissociable de ceux de Chelsea Manning (emprisonnée aux États-Unis), Edward Snowden (immobilisé en Russie où il est privé de sa liberté de mouvement), Sarah Harrison (sous la menace des procédures américaines pour avoir travaillé avec Assange et aidé Snowden), Rui Pinto (emprisonné dans un pays membre de l’Union européenne) et Glenn Greenwald (visé par le pouvoir d’extrême-droite brésilien).
Tel est le sens de notre mobilisation à la veille d’un procès où se joue l’avenir de la liberté d’informer à l’heure de la révolution digitale. Voici l’appel sur lequel se sont rassemblés les initiateurs de la réunion publique qui se tiendra jeudi 20 février, à 19 h, 29 bd du Temple, 75003 Paris. La liste des intervenant.e.s sera rendue publique au fur et à mesure. Venez nombreuses et nombreux.
Non à l’extradition de Julian Assange
En défense des lanceurs d’alerte
Contre la criminalisation du journalisme
Pour avoir permis des révélations majeures sur les guerres américaines et leurs violations des droits humains, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, fait face aux Etats-Unis à dix-huit chefs d’accusation dont celui d’espionnage. À partir du lundi 24 février, la justice britannique doit statuer sur la demande d’extradition des autorités américaines. Julian Assange est actuellement détenu en Grande-Bretagne où il est privé de liberté depuis 2012, ayant déjà vécu sept ans enfermé à l’ambassade d’Équateur où son intimité privée et ses rencontres avec ses avocats ont été espionnées par des prestataires de la CIA.
Pionnier des potentialités démocratiques de la révolution numérique, Julian Assange a permis la révélation mondiale de crimes de guerre, de cas de tortures, d’enlèvements et de disparitions, de corruptions économiques et de fraudes fiscales, de mensonges d’État et d’atteintes aux libertés fondamentales. Relayées par les médias du monde entier, toutes les informations révélées par WikiLeaks étaient d’un intérêt général majeur qu’il était légitime de rendre publiques au regard du droit international. Julian Assange, WikiLeaks et tous les médias qui ont repris leurs informations ont servi le libre exercice d’un droit fondamental des peuples souverains, celui de savoir tout ce qui est fait en leur nom par des États, des gouvernants et des administrations qui leurs doivent des comptes.
L’extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis signifierait la remise en cause de ce droit fondamental, reconnu par toutes les déclarations universelles et conventions internationales. Ce serait une atteinte sans précédent à la liberté de presse, à la liberté d’enquêter et à la liberté d’informer. Elle transformerait en délinquants et en criminels les journalistes qui révèlent les secrets illégitimes des pouvoirs et les lanceurs d’alerte qui les aident loyalement à les trouver. Elle ouvrirait la voie à une offensive générale contre le droit d’informer, dont témoignent déjà la répression et la persécution d’autres journalistes d’enquête et lanceurs d’alerte, à l’instar de Chelsea Manning, Edward Snowden, Glenn Greenwald et Rui Pinto.
Le sort de Julian Assange nous concerne toutes et tous, journalistes et citoyens, professionnels de l’information et publics auxquels elle est destinée. C’est pourquoi nous, médias, rédactions et organisations soussignés, vous appelons à venir nombreux à la soirée de solidarité organisée
Jeudi 20 février
À 19 h à Paris
29 bd du Temple
75003 Paris
En complément, la vidéo de mon discours d’ouverture à la réunion similaire qui s’est tenue à Bruxelles, le 29 janvier, lors de la remise des Academic Honoris Causa de Carta Academica (une association des principales universités belges) à Julian Assange, Sarah Harrison, Chelsea Manning et Edward Snowden :