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Billet de blog 31 janvier 2014

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Partenariat franco-suisse entre La Cité et Mediapart

La Cité renaît. Et cette renaissance s’accompagne d’un partenariat avec Mediapart. Cette alliance franco-suisse, sans frontières à la vérité, entre un mensuel imprimé et un quotidien numérique, est à la fois logique et inattendue, comme je l’explique dans l’éditorial publié avec ce premier numéro.

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La Cité renaît. Et cette renaissance s’accompagne d’un partenariat avec Mediapart. Cette alliance franco-suisse, sans frontières à la vérité, entre un mensuel imprimé et un quotidien numérique, est à la fois logique et inattendue, comme je l’explique dans l’éditorial publié avec ce premier numéro. Logique parce que, depuis leur naissance (2008 pour Mediapart, 2011 pour La Cité), nos journaux partagent les mêmes valeurs politiques et professionnelles, liant indissolublement valeur du journalisme et valeur de la démocratie. Il suffit de croiser le Manifeste pour une nouvelle presse (2013, Paulette Editions) de Fabio Lo Verso et notre propre Combat pour une presse libre (2009, Galaade Editions) pour retrouver les mêmes chemins de liberté et d’indépendance, d’exigence et de hauteur.

En somme, cette idée partagée que, dans les temps de crise qu’il traverse, aussi bien économique qu’éditoriale,  le journalisme ne se sauvera qu’à condition de se battre pour le meilleur de sa tradition : le souci de l’intérêt public, le refus des dépendances et des servitudes, la recherche de l’information qui éclaire et révèle, l’exigence de la vérité des faits, y compris des faits qui dérangent et bousculent. Un journalisme qui, plutôt que de nous conforter dans nos opinions et, donc, nos aveuglements parfois, nous mette en mouvement, nous déplace et nous transforme, en nous obligeant à penser contre nous-mêmes.

Reste cependant cette différence : La Cité est un journal imprimé quand Mediapart est un journal numérique. Or c’est justement ce contraste qui fait l’originalité de ce partenariat, sa signification et son ambition. Nous refusons toute guerre de religion entre presse sur papier et presse en ligne. Partisans de la neutralité technologique, nous considérons que ce n’est pas le support qui fait la différence, mais la compréhension ou non des bouleversements sans retour induits par l’irruption de médias sans frontières, associant professionnels et amateurs, journalistes et lanceurs d’alerte, implication des lecteurs et responsabilité des rédactions.

La révolution numérique inaugure un nouvel âge de l’information qui sera celui de la relation et de la participation, des diffusions multiples et des conversations démultipliées, l’avènement en quelque sorte d’archipels médiatiques dont la diversité insulaire s’opposera aux uniformisations continentales. C’est une nouvelle jeunesse pour les métiers de l’information car, loin de leur avilissement marchand, ils y retrouvent leur légitimité originelle : être au service du public, de son droit de savoir sans l’exercice duquel il n’est pas de démocratie vivante et responsable.

S’il en fallait une seule preuve éclatante, la saga mondiale d’Edward Snowden et Glenn Greenwald récemment, de WikiLeaks et Julian Assange auparavant, la fournit, du numérique au papier, allers et retours. Sous les défis professionnels gît un enjeu politique universel : l’information comme émancipation. Le droit de savoir comme levier de libération des assujettissements aux pensées automatiques et hiérarchiques, pensées de système et système de pensée qui refusent l’inattendu et l’imprévu, bref la surprise de l’événement.

Contre les oligarchies de l’avoir et du pouvoir, faire vivre ce « n’importe qui » de la démocratie où tout un chacun, sans privilège de naissance, d’origine, de fortune ou de diplôme, est en droit de s’en mêler. Or la première condition d’exercice de ce droit est d’être informé : savoir tout ce qui est d’intérêt public, connaître ce qui est fait en notre nom, dévoiler les secrets que s’arrogent abusivement ceux qui confisquent la démocratie au profit de leurs intérêts privés.

Tel est notre chemin commun où l’espoir du futur s’invente dans le souci du présent.

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Fondée en 2011 par Fabio Lo Verso, La Cité était un bimensuel jusqu’à la fin 2013. Elle renaît sous la forme d’un mensuel, dont le rédacteur en chef est Jean-Noël Cuénod, journaliste d’investigation respecté qui fut, ces dernières années, correspondant à Paris de La Tribune de Genève. J’avais d’ailleurs préfacé, en 2012, le recueil de ses chroniques parisiennes (c’est à lire ici). Fabio Lo Verso, son fondateur, reste évidemment directeur de publication de La Cité.

Le partenariat entre La Cité et Mediapart est d’abord éditorial, nos deux titres étant d’accord pour échanger leurs enquêtes, voire en mener ensemble. C’est ainsi que le premier numéro de La Cité renaissante reprend deux enquêtes de Mediapart, l’une de Dan Israël sur le Luxembourg, l’autre de Joseph Confavreux sur la Méditerranée. De notre côté, nous avons repris l’entretien avec le juge Baltasar Garzón réalisé par La Cité.

Ce partenariat éditorial s’accompagne d’une offre commerciale à destination du public suisse : un abonnement couplé La Cité + Mediapart au tarif annuel de 220 CHF (francs suisses). Vous pouvez la découvrir ici.

Ce n’est évidemment qu’un début. Tout comme le partenariat noué en 2013 avec nos amis espagnols d’InfoLibre (lire ici), qui publient un journal numérique et un mensuel TintaLibre, ce partenariat franco-suisse est destiné à évoluer au vu des opportunités et des résultats. Dans les deux cas, le moteur est, d’une part, l’expérimentation des modèles et, d’autre part, la solidarité des indépendants.

Dans notre esprit, c’est en effet l’ébauche d’une alliance européenne entre journaux qui partagent les mêmes valeurs d’indépendance et d’exigence.