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Billet de blog 14 janvier 2024

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Ma prime Adap't ou quand je te la fais à l'envers

En 2018, le gouvernement Macron vote la Loi Elan qui a « allégé » la norme accessibilité. Fidèle à sa stratégie orwelienne de « doublepenser » et de « néoparler », le macronisme nous avait vendu ce net recul des droits des personnes handicapées et cette inscription d'une discrimination dans la loi comme une avancée.

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La loi ELAN a « allégé » la norme accessibilité. Un simple quota de 20% des logements doit répondre depuis qu’elle a été adoptée à l’exigence d’accessibilité.

Fidèle à sa stratégie orwelienne de "doublepenser" et de "néoparler", le macronisme nous avait vendu ce net recul des droits des personnes handicapées et cette inscription d'une discrimination dans la loi comme une avancée : il avait alors rebaptisé les appartements devenus inadaptés aux personnes handicapées du nom d'appartements « évolutifs ».

Et voilà que pour permettre à présent à l’appartement « évolutif » de redevenir accessible à une personne handicapée, l’État dans son infinie magnanimité est prêt à accorder une aide appelée « Ma Prim’Adapt » ( à moi).

C’est bien cette prime qui viendra - éventuellement - compléter le pognon que toi, locataire ou propriétaire handicapéE, devras débourser de ta poche pour pouvoir habiter un logement adapté à tes besoins - comme c'est le cas de tout le monde - et qui viendra, en somme, compenser partiellement une discrimination à ton encontre.

Et je dis éventuellement car :

• La Prim Adapt n’est accessible qu’aux personnes handicapées à plus de 50% bénéficiant de la PCH.

• Aux personnes entre 60 et 69 ans en perte d’autonomie « précoce » justifiant d’un niveau de GIR (groupe iso-ressources) de 1 à 6 ;

• aux personnes âgées de 70 ans et plus, quel que soit leur niveau de dépendance ou d’autonomie.

Pour en bénéficier, il faut être propriétaires occupants ou locataires du parc privé pour votre résidences principale sans condition d’ancienneté.

L’aide peut concerner :

• travaux intérieurs :

o monte-escalier,

o aménagement de salle de bain,

o WC surélevés et barre d’appui,

o aménagement de cuisine,

o éclairage à détection de mouvement ;

• travaux extérieurs :

o rampe d’accès vers l’entrée du pavillon,

o place de parking PMR,

o installation de volets roulants,

o élargissement de la porte d’entrée.

Dans la limite d’un plafond de travaux de 22 000 euros hors taxes et selon le niveau de revenus de votre ménage, MaPrimeAdapt’ peut financer jusqu’à 50 % ou 70 % du montant des travaux d’adaptation.

Ainsi :

- L’aide ne couvre pas la totalité de personnes ayant éventuellement besoin d’un appartement accessible.

- Pour le locataire, l’aide est soumise à l’approbation du propriétaire.

On sait, d’une part la discrimination à la location en raison du handicap. Imaginez quand, en plus, on demande au propriétaire l’autorisation de réaliser des travaux.

Des travaux sont parfois autorisés par les propriétaires, certes ( à condition d’une remise en état en cas de départ ! Pas de prim'dapt prévue pour la remise en état et les nouveaux travaux ailleurs? Ben non.

- L’aide finance partiellement les travaux.

- L'aide n'est pas accessible aux locataires du parc social.

- Le montant de la Prim’Adapt est dérisoire eu égard aux coût des travaux et aux prix des équipements pour l’autonomie

Comment est donc financé le reste à charge quand on sait la difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité, d’accès aux prêts bancaires pour les bénéficiaires de l’AAH, les surcoûts abusifs demandés en cas de prêts bancaires à l’ensemble de personnes handicapées ? Devra-t-on le financer, comme c’est le cas déjà pour nos fauteuils et autres équipements essentiels par des cagnottes en ligne ?

Par ailleurs, concernant les travaux extérieurs, les copropriétaires ont toujours tout loisir pour s’opposer à leur réalisation.

Cette Prime viendra en somme donner un coup de pouce financier à certains vieux, propriétaires, de plus de 70 ans qui ne veulent pas aller en EHPAD mais ne résoudra pas le problème de logement des personnes reconnues handicapées les plus pauvres pour lesquelles l’institutionnalisation continue de se profiler comme la seule option faute d'alternatives.

P.S. Avant la loi Elan, il existait déjà une énorme pénurie de logements accessibles. À l'heure actuelle, nombre de personnes handicapées sont logées dans des appartements dont elles ne peuvent pas sortir où elles ne peuvent pas se laver, où elles sont en danger...

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