La mère de Méïra, une enfant noire handicapée de onze ans qui habite depuis peu à Val-de-Reuil, a posté sur TikTok une vidéo où sa fille est accueillie à l’école par la police. La directrice l’a exclue de l'école.
La mère de Méïra dit que sa fille est harcelée à l’école par un enfant, prénommé Théo. Les lunettes de la petite ont été cassées. La directrice dit que la petite a cassé ses lunettes elle-même.
Les enseignants vont se mettre en grève demain, lundi 22 mai. Le maire, qui les soutient,dit que c’est en raison de difficultés « directement liées à la scolarisation d’une élève de CM1 porteur de handicap et à son suivi".
L’équipe éducative voudrait orienter la petite Méïra en dispositif ULIS. La mère de Méïra refuse.
On dit que la mère de Méïra est agressive et menaçante.
On ne sait pas si la mère de Méïra est agressive. On ne sait pas si elle est menaçante.
On sait, car les vidéos postés le révèlent :
- que la police a été envoyée à l’école du Pivollet du Val-de-Reuil et qu'elle attendait la mère et l’enfant aux côtés de la directrice de l'IEN de circonscription.
- que l’enfant a été exclue sans qu’elle ait commis de faute.
On sait :
- que l’agressivité de la mère ( si elle existe) ne permet pas d’exclure l’enfant.
- que la mère est en droit de refuser ULIS, IME et tout dispositif ségrégatif.
- que l'enfant, quel que soit le handicap, a le droit de rester dans son école actuelle.
On sait aussi :
- que la France ignore ses engagement internationaux et continue d’institutionnaliser les enfants handicapées.
- que la Mairie du Val-de-Reuil ignore aussi les obligations de la France en matière de scolarisation des enfants handicapés.
On sait aussi que l’école de la République est validiste. On sait :
- que de nombreux témoignages d’adultes sur les violences subies à l’école ont inondé Twitter sous le hashtag #MoiEtudiantHandi et #MoiEleveHandi et actuellement sous ce fil.
- que ces témoignages faisaient suite à un cas de violence validiste et raciste exercé au sein de l’Université Paris-Descartes à l’encontre d’une étudiante noire handicapée ( on disait de cette étudiante qu'elle était agressive et menaçante).
- que nombreux professeurs réclament à travers leurs syndicats l’exclusion des enfants handicapés de l’école ordinaire.
On sait, enfin, que le maire du Val-de-Reuil est le secrétaire général du groupe de luxe LVMH (on le voit filmé en Caméra caché dans Merci Patron de François Ruffin). On sait:
- que ce groupe aime les handicapés mais pas trop peut-être en dehors de ses Inclusive Days et qu'ils sont en guerre contre une petite créatrice de cosmétiques racisée et handicapée :
- que ce groupe aime et soutient le secteur protégé (cf. Les ESAT)
- ce que c’est que les ESAT
- que l’avenir en classe ségréguée conduit, au mieux, à l’ESAT
On ne sait pas si, tout compte fait, les enseignant.E.s feront grève pour demander des moyens à hauteur des besoins pour que Méïra reste dans sa classe, comme c’est son droit. Si c’est le cas, je soutiendrai mes collègues enseignant.E.s .
On ne sait pas si ces enseignant.E.s feront grève parce qu’ils veulent que Méïra quitte sa classe et qu’elle aille en ULIS. Dans ce cas-là, je soutiendrai sa mère, qui défend juste un droit que la loi lui reconnaît.
Je soutiendrai surtout Méïra contre la violence des adultes et de l’institution. On sait que sur elle, comme sur tant d'autres élèves handicapé.E.s, le mal est déjà fait.

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