Cela pourrait être le titre d'une mauvaise fable de La Fontaine.
C'est juste la triste réalité. Donc voilà, on en est là !
Un groupuscule communautariste et défendant non les musulmans mais simplement la frange la plus fondamentaliste d'entre eux, attisant ainsi les replis identitaires, les revendications communautaires et la religiosité ostentatoire au nom d'un anti-racisme dévoyé, discréditant du même coup les croyants laïques en prétendant parler en leur nom, et au passage donc usurpant totalement le statut dit d'intérêt général qui lui permet de défiscaliser les dons et donc de se financer à 66 % sur argent public, le CCIF donc, félicite E.Macron pour sa position sur la laïcité....
Ca parle, même si ca n'est guère étonnant pour quiconque suit un peu l'actualité et le sujet.
Il n'y avait guère de doute que les propos irréfléchis d'Emmanuel Macron sur la "radicalisation de la laïcité", propos rapportés par plusieurs représentants des culte reçus en catimini à l'Elysée, seraient récupérés et utilisés rapidement par les religieux intégristes de tous poils, c'était une perche trop bien tendue, un cadeau inespéré.
Ce texte flagorneur pourrait être risible tellement les ficelles sont grosses et dignes de l'habituelle caricature que sont les communiqués pleurnichards de cette petite association, si les signaux n'étaient pas déjà au rouge concernant le positionnement du Chef de l'Etat sur la question.
Reprenons donc les termes de cette lettre ouverte :
« Depuis votre investiture à l’Elysée beaucoup ont attendu de connaître votre position sur la laïcité. Refusant l’injonction de parler, vous avez choisi de prendre le temps qu’il faut pour vous positionner. »
Qu'un Président de la République, qui a fait campagne pendant des mois, ait besoin de temps pour se positionner sur un sujet aussi fondamental, basique et essentiel que la laïcité est déjà troublant. Quoique... le candidat Macron n'avait déjà pas de plan pour le terrorisme et s'indignait qu'on lui demande sa position et ses solutions au lendemain d'un attentat heureusement avorté. …On peut donc tout imaginer.
Mais en fait le CCIF a tort et Emmanuel Macron s'est exprime sur la laïcité dès son début de mandat.
En allant dîner avec le CFCM et le ban et l'arrière-ban islamiste, dont Ahmet Ogras et quelques suppôts d'Erdogan, dès juin 2017.
Puis en rendant un hommage qui n'avait rien de républicain mais tout d'évangélique au Père Hamel
Puis par des déclarations tout aussi « transcendantes » pour le 500ème anniversaire de la Réforme.
Puis en privant l'enseignement public de 10 milliards de subventions pour en gratifier l'enseignement privé
Puis en s'attaquant à la loi de 1905.
Puis en recevant toute la bigoterie, ravie, lors d'entretiens discrets et en les assurant qu'ils auraient un rôle à jouer dans la réflexion sur les lois de la République à venir...
La flagornerie du CCIF s'étale donc dans toute sa splendeur dès cette introduction.
« Vos différentes déclarations, semblent indiquer une volonté d’apaisement du débat que nous saluons. Si l’Etat est laïc, les membres de la communauté nationale n’ont pas l’obligation de l’être ».
Plus que jamais et notamment en raison du manque de courage et des provocations d'Emmanuel Macron, la laïcité demeure au contraire un sujet brûlant qui fait débat dans toutes les couches de la société et inquiète, difficile de percevoir "l'apaisement". ..
Par ailleurs l'Etat n'est pas laïque (oui laïque, pas laïc), c'est la République qui l'est. L'Etat, lui, au mieux est neutre, mais plus exactement n'intervient pas dans le domaine religieux et réciproquement. C'est une sé-pa-ra-tion.
Difficile à comprendre manifestement pour un mouvement fondamentaliste.
Par contre il comprend vite ce qui l'arrange et notamment que, dans l'Evangile selon St Emmanuel, les Français n'ont pas l'obligation d'être "laïques". Intéressant. Pas surprenant pour le candidat pour qui "la République est ce lieu magique et unique qui permet à des gens de vivre dans l'intensité de leur religion".
Grand appel du pied à tous les intégrismes.
Mais au risque de contredire et de décevoir les uns et l'autre, l'intégrisme trouve ses limites dans le cadre républicain et laïque. Et il conviendrait de ne pas oublier qu'il y a une nette majorité de Français qui se déclarent non-religieux.
« Le bon sens républicain implique une application stricto sensu du principe de laïcité, comme définie dans la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat, et qui protège chaque citoyen en lui garantissant le droit de croire ou de ne pas croire, sans être inquiété pour ses opinions. »
Ah le "bon sens républicain" ! Disons-le tout de suite cette jolie formule, répétée comme une antienne dans ce texte n'est pas un trait d'inspiration soudain mais n'est qu'une reprise jalouse et médiocre d'une expression du discours prononcé par E.Macron devant le CRIF le 7 mars dernier. Cette mise en parallèle faussée permanente fait partie des techniques habituelles du CCIF, "et les juifs", "et le CRIF etc.
Sur le fond, le principe de laïcité n'est pas défini par la loi de 1905, le terme « laïcité » n'y figure même pas.
Le principe de laïcité, principe philosophique et politique d'organisation de la société, est un principe constitutionnel, dont le cadre juridique est constitué par un ensemble de textes, de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1793 à la loi de 2004, et dont la loi de 1905, loi de séparation Eglises-Etat n'est qu'un élément, certes essentiel.
Cette vision étriquée de la laïcité, réduite à une lecture purement juridique voire procédurière de la loi de Séparation est celle de tous les ennemis de la laïcité à la française, de Baubérot à Bianco, qui, tout à leur rêve de multiculturalisme anglo-saxon, en oublient volontairement l'esprit et le principe fondateur d'émancipation pour la réduire à un seul texte et la fragiliser.
Le bon sens républicain nécessite que la communauté nationale se dresse comme un seul homme face à toute tentative d’instrumentalisation de la laïcité à des fins de division ou de racisme.
Admettons. Et l'instrumentalisation de la laïcité pour favoriser l'entrisme politico-religieux à l'échelon local notamment, les finesses du"cultuel-culturel", on en parle ?
Le bon sens républicain nous oblige à veiller à ce que les institutions et les valeurs qui nous permettent de vivre ensemble, soient protégées des attaques des radicalisés de la laïcité.
Ils osent tous, c'est à cela qu'on les reconnaît.... A leur décharge, utiliser les éléments de langage aberrants et terriblement dangereux fournis par E. Macron lui-même et qui prouvent une absence de maîtrise des fondamentaux, évidemment, c'est tentant. Mais on n'est pas obligé de copier sur le cancre de la classe non plus.
Donc pour un principe et une loi d'émancipation et de liberté, être « radical » c'est quoi ? Très très très favorable à la liberté et à l'émancipation ? On nage dans le ridicule.
Par contre on voit très bien, mais très bien, le caractère insinuant, ignoble, de l'utilisation de ce terme qui permet, oh joie, de relier les laïques à la violence religieuse que nous connaissons.
Le bon sens républicain suppose d’être ferme dans la lutte contre toutes les formes de racisme, sans céder aux chantages des extrêmes.
Exact. Aucun extrême, aucun....
Le bon sens républicain doit s’appliquer fermement et empêcher toute ingérence laïciste avec la même énergie que celle déployée contre le terrorisme parce qu’ils sont les deux faces d’une même pièce.
«Laïciste » c'est le dernier élément de langage de la mouvance islamiste qui a bien compris son impact et le parti qu'elle pouvait en tirer. Il est véhiculé dans tous les circuits associatifs et religieux, répété à chaque "conférence" ou prêche, le fidèle le plus inculte en terme d'histoire ou de laïcité le brandit fièrement tel un crucifix devant un vampire. Le sens est ignoré mais par contre l'imaginaire voit bien ce que le suffixe "iste" apporte ici en terme de confusion. Islamiste, intégriste, jihadiste, laïciste...et hop !
Point culminant de ce texte nauséabond qui ose tout, mettre sur le même plan et dans une même phrase terrorisme et laïcisme. Certes cet amalgame ne tient pas une seconde devant les faits et le sens réel des mots, mais la perversité de cette reprise de Hani Ramadan reste entière, le message subliminal est passé.
Monsieur le Président de la République, nous faisons le constat d’une détérioration du principe de laïcité qui tend à mettre à la marge toute une frange de la population en raison de son appartenance religieuse, réelle ou supposée. Or, la laïcité doit permettre de corriger cette dérive qui menace les libertés individuelles de toutes et tous.
Personne en France n'est mis "à la marge" pour sa religion. Pour une simple raison, c'est que la religion ne figure pas dans les renseignements qu'on peut exiger d'un candidat à l'embauche ou au logement par exemple. Les discriminations constatées effectivement pour des noms à consonance étrangère relèvent éventuellement du racisme mais en rien de la laïcité. Les seules personnes pouvant être visées par ce paragraphe sont donc les personnes ayant une pratique fondamentaliste et ostentatoire, qui de fait et contrairement à ce que prétend E.Macron se placent d'elles-mêmes hors du champ de la laïcité.
En garantissant cela, l’histoire retiendra votre courage politique et vous marquerez votre mandat par une volonté farouche de ne pas dévoyer les valeurs qui nous unissent et font de la France une grande nation.
Les Français qui vous ont élu attendent de vous une réponse franche et juste face aux attaques fallacieuses faites à la laïcité et qui menacent l’union nationale.
La jeunesse, en particulier, formée ici et voyant la promesse de liberté, d’égalité et de fraternité se réduire à peau de chagrin chaque fois que les pouvoirs publics plieront face aux extrêmes, se confortera dans l’idée de quitter la France, de s’exiler loin de leur terre natale et loin de l’immobilisme. 150 milliards d’euros : c’est le coût de la discrimination en France selon une enquête France Stratégie datant de septembre 2016.
Monsieur le Président, soyez celui qui mettra fin à cet exil, dites non à l’instrumentalisation de la laïcité à des fins racistes et d’intolérance religieuse.
Ah l'argument économique ! Ou comment prendre E.Macron par les sentiments !
Où est l'intolérance religieuse dans notre pays ? Qui est poursuivi pour sa religion ? Ou privé de droits civiques ? D'accès à l'éducation, à la santé, à la culture ? Interdit de culte ?
En fait "la jeunesse" qui s'exile selon le CCIF, ce ne sont pas les musulmans ni mêmes les musulmanes, mais uniquement celles qui portent le voile, étendard qu'il est stratégiquement indispensable d'imposer et pour lequel nos voisins d'outre-manche ont effectivement déjà cédé.
Nos voisins européens ne connaissent pas ces crispations qui traversent et fracturent la société, est-ce à dire que ces pays auront renié leurs valeurs démocratiques ?
Les débats stériles auxquels nous avons droit chaque année ne produisent rien, trahissent nos valeurs et ruinent la cohésion sociale.
Nos "voisins" commencent justement à en revenir du communautarisme religieux, l'extrême-droite fait une percée en Allemagne, les Anglais saturent devant les quartiers abandonnés au fondamentalisme.
Les "débats stériles" sont une fois sur deux créés ou envenimés par...le CCIF !
Nous attendons de votre gouvernement une action et un positionnement allant dans le sens du droit et de la justice pour faire respecter et appliquer le principe de laïcité.
Un petit oubli peut-être ? La laïcité ce n'est pas le "droit et la justice" comme aimeraient tellement nous faire croire certains. C'est avant tout la liberté et l'émancipation des consciences. Pour tous et notamment les non-croyants qui n'en peuvent plus de cette religiosité ostentatoire et revendicative dans laquelle on les force à vivre sous couvert de tolérance.
Ils ont déjà expérimenté par le passé la "tolérance" des dogmes quand ils sont en position de force. Ils ne souhaitent pas la revivre....
Et ils sont majoritaires.