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Billet de blog 15 janvier 2015

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Le peuple n'aurait "pas assez faim" !

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A propos de voie révolutionnaire... qui ne peut être envisagée, aux dires d'aucuns, "parce que le peuple n'a pas assez faim"... Est-ce à dire que si le peuple avait assez faim il ferait la révolution ? Voire...

1. Le peuple n'a pas assez faim, parce que, grâce aux aides encore disponibles, il arrive encore à acheter à faible prix de la nourriture de basse ou très basse qualité. La frange de la population qui a faim n'est pas suffisante pour déclencher des émeutes de la faim comme il y en a eu il y a quelques années suite à la flambée des prix des matières premières alimentaires dans certains pays pauvres.

2. Le jour où il aura, théoriquement, assez de monde pour déclencher des émeutes de la faim, encore faudra-t-il qu'il y ait un minimum de concertation entre individus ou groupes d'individus. Or ceux qui auront faim seront arrivés à un tel niveau d'indigence qu'ils n'auront sans doute plus les outils pour accéder aux réseaux sociaux, qui sont aujourd'hui le moyen roi de la mobilisation...

3. Contrairement aux temps où il y a eu des émeutes de la faim en Europe, il n'y a plus aujourd'hui une conscience de classe et une solidarité de classe qui permettrait un mobilisation massive.

4. Aux temps où il y avait des émeutes de la faim en Europe, les "forces de l'ordre" au service de l'ordre établi étaient très loin d'avoir les moyens – en communication, en techniques de repérage, de combat, en armement – dont disposent aujourd'hui nos policiers, CRS, gendarmes et autres.

Que pourrait être aujourd'hui une voie, sinon révolutionnaire, au moins de vrai changement ? Sur quelles réflexions et sur quelles bases s'appuierait-elle ? Quel pourrait être son programme ? Son programme immédiat, puis son programme à plus long terme ?

– Comment renflouer les caisses de l'Etat pour parer au plus pressé ? Quel autre moyen que de taxer le capital et les profits ? Et dans ce cas, y aura-t-il fuite massive des capitaux dans une économie mondialisée sans frontières ? Comment l'éviter ou y faire face ?

– Et puis, avec l'évolution technologique, avec une automatisation de plus en plus poussée des processus de production, le travail de l'homme devient de plus en plus superflu. C'est une évolution inéluctable et les politiques qui promettent le plein emploi, ou même une "inversion de la courbe du chômage" sont soit naïfs soit malhonnêtes. Dans les logiques actuelles de la vie économique, nous aurons donc forcément de moins en moins de "travailleurs" qui cotisent, et de plus en plus de gens qui puisent dans cette caisse de solidarité, surtout avec l'évolution de l'espérance de vie. Même en faisant participer le capital, il viendra un moment où les caisses se remettront à devenir déficitaires. Non ? Quant à ceux qui nous racontent que puisque les gens vivent plus vieux, ils pourraient partir plus tard à la retraite, ce sont de fieffés enfumeurs, vu qu'à 50 ans on vous met à la porte d'office... Donc plus jamais personne n'aura un nombre de trimestres complet pour toucher une retraite pleine !

Comment s'en sortir ?

Pour sortir de l'impasse dans laquelle nous fourvoie le capitalisme aujourd'hui, il y a des économistes qui appellent à un changement de paradigme économique, pour une économie centrée sur l'homme et non plus sur le rofit. Pour une économie où les gains de productivité cesseraient d'être la priorité, au profit d'une revalorisation du travail. Pour que le travail cesse d'être une obligation pour survivre et devienne – ou redevienne – une source de satisfaction et de réalisation de soi par la mise en pratique de ses savoir-faire. On reviendrait, par exemple, aux activités de main d'œuvre intensive et aux produits de qualité... Est-ce vraiment faisable ? Selon quelles modalités ?...

En attendant, ce sont toujours les mêmes pourcentages infimes qui profitent du travail de la grande masse de quasi-esclaves, qu'ils veulent de plus en plus tenir à leur merci et payer de moins en moins, pour augmenter toujours plus leur capital, et même pas pour le réinvestir, mais plutôt pour accroître leur patrimoine ou spéculer.

Alors, cela va durer jusqu'à quand ? Un certain temps encore, sans doute... Quand on voit qu'il y a encore des automobilistes, par exemple, qui s'endettent pour acheter de gros 4 x 4, alors que l'on ne cesse de répéter que les ressources sont limitées. Qu'il y a tant de gens, et pas forcément des plus aisés, qui courent derrière le "look", la mode du prêt-à-porter et les soldes, qui dépensent de plus en plus pour un paraître qui coûte de plus cher, etc. etc. Des gens que l'on a formés à préférer les apparences à la valeur de la personne, à délaisser l'enrichissement de l'esprit et la capacité de réflexion pour se gaver de futile et de divertissement...

Ne préférerions-nous pas que nos voitures, nos frigos, nos lave-vaisselle nous durent trente ans, au lieu de travailler comme des forcenés pour en changer tous les cinq ans ? Et pour changer aussi nos ordinateurs ou nos smartphones parce qu'il ne peuvent plus faire tourner les nouveaux logiciels ? Ne faut-il pas réorienter ce que l'on appelle le progrès ? N'est-ce pas débile que j'attende de ma voiture qu'elle me chante une petite musique pour me dire que je n'ai pas attaché ma ceinture ? N'est-ce pas débile de continuer d'acheter des voitures à moteur thermique alors que l'on sait que le pétrole devient de plus en plus rare et que l'augmentation du nombre de véhicules en circulation (même plus performants en émissions) augmente la pollution ? C'est sûr que tant qu'on les achète les constructeurs ne seront pas trop motivés pour arrêter de les produire et pour investir dans des chaînes de fabrication d'autres types de véhicules... Et n'est-ce pas irresponsable de voter pour untel ou unetelle alors qu'ils ne nous disent pas concrètement, par exemple, ce qu'ils comptent faire pour promouvoir – autoritairement s'il le faut – le rail aux dépens de la route ?! C'est sûr que si l'on continue d'écouter les lobbies automobiles et pétroliers, on y sera encore dans vingt ans !

Cela dit, on peut râler contre ceux-ci ou ceux-là... Mais on a les gouvernements et les entreprises qu'on mérite ! Non ? 

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