Je n'entrerai pas dans le débat sur les origines historiques de ce que l'on appelle islamophobie, en tout cas en France.
Je voudrais juste souligner quelques éléments.
1. Il y aura toujours et partout des humains qui rejetteront l'autre en tant qu'Autre, qu'il soit juif, copte, femme, homosexuel, tchéthène, grec, arabe, roux, supporter du PSG, trop grand, trop petit, trop grtos, trop maigre, etc. Des humains foncièrement fragiles, qui ont besoin de se rassurer sur leur propre valeur en rabaissant l'autre, ne serait-ce que pour en avoir moins peur. Laissons cela à l'éducation depuis la plus tendre enfance. "Mais non, mon garçon, ce n'est pas à ta soeur de faire ta chambre !"
2. Il me paraît évident que ce rejet-là, peut prendre des proportions inquiétantes à l'occasion de crises qui exacerbent la peur. Surtout lorsque la propagande d'Etat s'y met. Voir les suites du 11 septembre, certes dans un pays où il est peut-être plus difficile qu'ailleurs en Occident d'être Autre.
3. On ne peut ignorer la carence des pouvoir publics en France concernant l'immigration arabe et africaine. Dans les années 2000, ces pouvoirs publics se sont retrouvés avec un problème de "cités", qui s'est très vite focalisé en un problème de jeunes "issus de l'immigration". La France, l'officielle comme, en partie, son "peuple", a raté l'intégration de cette immigration-là. Des "Arabes" et des "Blacks" nés sur son territoire depuis déjà deux générations, voire plus, mais que l'on continuait à marginaliser. Au lieu d'investir massivement dans leur intégration dès la maternelle, dès la naissance même. Au lieu de sanctionner rigoureusement tout manquement au respect de l'autre, tant lors des contrôles d'identité qu'à l'embauche.
4. "Si tu me rejettes, je te rejette encore plus !" Ce serait, en résumé, la réaction suscitée dans cette (jeune) communauté-là. En dehors de la montée de la pratique religieuse générale, due à la déception face aux promesses non tenues de l'avenir radieux qu'avait laissé espérer la civilisation scientifique et technique, l'islam a enregistré une forte poussée parmi ces rejetés. Un islam des consciences, où l'on recourt à Dieu en espérant le salut que l'on n'a pas trouvé dans le monde laïque. Doublé, mais pas forcément pour tous, d'un islam forcément visible, quelquefois même ostensible, voire agressif... "Je suis musulman et je t'emmerde !" Résultat : d'une affaire personnelle et d'une pratique discrète, on est passé à l'affichage et à l'affirmation, à l'arrogance, au foulard-niqab-halal-prières en masse dans les rues. Avec une réaction à fleur de peau qui crie à tout bout de champ : "Touche pas à ma religion !"
5. Les dérives au nom de l'islam qui laissent les musulmans indifférents : femmes lapidées ou en instance de l'être, femmes mariées de force, femmes interdites de volant, homosexuels persécutés, condamnés à mort, etc., etc. Toutes pratiques inacceptables dans le monde où le respect de la liberté d'opinion et des droits de l'homme en général sont les bases incontournables du vivre ensemble. Et toutes pratiques qui, lorsqu'elles défraient régulièrement la chronique, ne soulèvent de la part de la "communauté musulmane", et notamment de ses porte-parole, aucune réaction. Même chose lorsque des factions se réclamant de la charia prennent le pouvoir dans le monde arabe. Motus ! Du coup, cela encourage l'"autre France" à souçonner les musulmans de leur pays, leurs concitoyens de confession musulmane, de cautionner ce gernre d'agissements. Ajoutons à cela les manifestations d'islamistes en France, en Angleterre et ailleurs, drapeaux noirs en tête, se réclamant ouvertement de l'islam djihadiste et promettant que d'ici 2050 au plus tard, la France, l'Angleterre et d'autres sernt gouvernés par la charia !...
8. De plus en plus de jeunes "français de souche" se convertissent à un certain islam : les garçons se laisser pousser une barbe qui les fait ressembler à des djihadistes et les filles prennent le voile ou carrément le niqab (cf le tout dernier incident à Argenteuil). Cela n'a pas l'air d'émouvoir outre mesure les responsables de l'Etat français. Il ne voient pas, ou ne veulent pas voir, qu'en des temps où les jeunes "Français de souche", essentiellement des couches modestes de la population, sont sans repères, ignorants de la culture de leur pays et de la religion de leurs parents, se laissent séduire par le prosélytisme efficace de "recruteurs" au service de donneurs d'ordre qui militent pour la propagation d'un certain islam.
7. Malheureusement - et alors que cela devrait être une stratégie conçue au plus haut niveau de l'Etat - il n'y a pas de campagne médiatique (entre autres) pour répondree point à point aux interprétations intégristes dont la jeunesse musulmane française est abreuvée dans les mosquées financées par les pétromonarchies wahhabites, sous la houlette d'imams eux-mêmes formés et financés par ces mêmes pétromonarchies. Pendant ce temps, on déroule le tapis rouge aux capitaux du Qatar qui achètent à tout va en Occident.
Voilà ! En attendant, on aura régulièrement un Mohamed Mérah qui abattra de sang froid des concitoyens au prétexte qu'ils servent dans une armée qui persécute ses frères dans tel pays, ou qu'ils sont juifs, donc forcément sympathisants d'Israël. Et on lira de temps en temps que de jeunes Français sont allés s'entraîner dans des camps d'Al Qaïda à Pétaouchnok !
Et en attendant, des médias aussi "sérieux" que Le Monde font des titres où ils qualifient de "démocratique" le gouvernement islamiste au pouvoir à Tunis !
Et en attendant, s'il est utilse de discuter sur ce qu'est ou n'est pas l'islamophobie, il est urgent de s'atteler à la tâche de traiter le problème aux niveaux où il doit être traité : respect total de la liberté de conscience, sanctions contre toute atteinte à cette liberté, rigueur inflexible contre toute instrumentalisation de la religion, campagnes efficaces de formation du public à propos de cette religion qui est celle de plusieurs millions de Français. Quant au niqab : non, c'est non ! On exlique pourquoi on ne se promène pas hors de chez soi à visage masqué. Mais c'est ainsi et ce n'est pas autrement.