Noël pourrait passer presque inaperçu en Israël, si ce ne sont les foules de touristes chrétiens qui se pressent à Bethléem ou à Nazareth. Pourtant, même à Tel-Aviv, on fête Noël. A cette occasion, la rue Neve Shaanan se pare de ses plus belles guirlandes et l’ambiance est à la fête. Le quartier situé autour de cette rue, près de l’ancienne gare de Tel-Aviv, est une sorte d’îlot au cœur d’Israël. Foyer de travailleurs immigrés du monde entier, on y vend de la viande de porc et boit de la bière tchèque pour quelques shekels. Ce quartier peut se révéler très sympathique et il est agréable de se promener le samedi après-midi au milieu des nombreuses familles dans le petit parc de la rue adjacente à Neve Shaanan, ou d’assister à une messe dans une des petites églises du quartier. La misère économique du quartier est cependant flagrante et la plupart des habitants de Tel-Aviv fuient cet endroit, symbole de trafiquants de drogue et de prostituées. L’image des travailleurs immigrés en Israël reste intimement liée à la violence et la dépravation. On les évite. Au mieux, on les ignore.Dans les bureaux de l’organisation Kavla Oved, située dans le quartier proche de la gare de Tel-Aviv, Anne Suciu reçoit et conseille les travailleurs immigrés d’Israël en difficulté. Kavla Oved est une organisation non-gouvernementale, fondée en 1991 et dédiée à la protection des droits des travailleurs immigrés en Israël. A l’entrée, des affiches de format A4 informent en français, anglais, bulgare, roumain, thaïlandais et turc, sur les dernières évolutions juridiques en matière de permis de séjour. Loin de toute couverture médiatique, le thème des travailleurs immigrés laisse la population relativement indifférente en Israël. “Beaucoup de gens estiment ici qu’Israël doit rester un territoire pour une population juive”, explique Anne, qui est issue d’une famille juive de Roumanie et est arrivée en Israël en 1983. “Pour eux, les travailleurs immigrés n’ont pas leur place ici. Ils peuvent être là temporairement, mais ne doivent surtout pas rester”. Les travailleurs immigrés d’autres continents ont remplacé les travailleurs saisonniers palestiniens
Il est difficile d’obtenir des chiffres fiables quant au nombre total de travailleurs étrangers en Israël, car, au-delà des travailleurs réguliers, il existe aussi un nombre important de travailleurs résidant illégalement en Israël. Les estimations le plus courantes parlent de 200.000 à 300.000 travailleurs immigrés vivant en Israël, dont 65% illégalement. Selon certaines sources, les travailleurs immigrés représenteraient jusqu’à10% de la force de travail actuelle en Israël. D’autres sources, comme Kavla Oved, relativisent ces chiffres : selon l'ONG, environ 160.000 travailleurs immigrés vivent en Israël et la moitié y résidant de manière illégale. L’histoire des travailleurs immigrés en Israël débute après 1967, quand le gouvernement israélien commence à recruter progressivement des travailleurs palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza, non détenteurs de la citoyenneté israélienne. A la veille de la première Intifada, en 1986, leur nombre était estimé à environ 95.000, soit 7% de la force de travail en Israël. Avec le début de la première Intifada, la fermeture des frontières et les grèves imposées par les Palestiniens entraînent une pénurie de main-d’œuvre en provenance des territoires occupés. Le gouvernement israélien commence alors à faire appel à de la main d’œuvre étrangère en provenance de pays d’Europe de l’Est, d’Afrique et d’Asie. En 1987, le ministre israélien du travail autorise officiellement 2.500 travailleurs étrangers à venir en Israël –en 1993, 9.600 seront autorisés à venir travailler. Au départ, les travailleurs proviennent en majorité de Roumanie pour le secteur de la construction, de Thaïlande pour l’agriculture, et des Philippines pour les soins gériatriques, la garde d’enfants et les travaux domestiques. Selon Anne Suciu, les lois régissant le statut des travailleurs immigrés reflètent l’idée d’Israël comme terre juive, ce bien que la population israélienne soit déjà ethniquement mixte –environ 17% de la population est d’origine arabe. Le terme même par lequel on désigne ces travailleurs, ovdim zarim (travailleurs étrangers), traduit à travers sa connotation biblique de blasphème leur statut
Billet de blog 23 décembre 2008
Travailleurs migrants d'Israël
Noël pourrait passer presque inaperçu en Israël, si ce ne sont les foules de touristes chrétiens qui se pressent à Bethléem ou à Nazareth. Pourtant, même à Tel-Aviv, on fête Noël. A cette occasion, la rue Neve Shaanan se pare de ses plus belles guirlandes et l’ambiance est à la fête.
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