Ma puce, en ce matin du 4 Mai, il y a vingt-quatre ans, et neuf mois de plus qui sait...
J'ai ouvert la porte à ton regard, tes yeux fixés sur moi ; à la pureté de ton souffle de bébé dormant ; à ton odeur sucrée de lait chaud.
A tes sommeils entrecoupés de tétées voraces et de câlins dans nos nuits similaires à nos jours.
A ta première dent et à tes mots au chocolat de Nicolas. A tes petits secrets d'enfant et à tes caprices de fée princesse. A tes robes et à ton pistolet de feu, ton garage et ton camion de pompier, ton micro-ondes et tes Barbies ; tes Polly Pockets cassés et les tutus déchirés.
A tes repas à la cantine, sur fond de manifestations anti-épinards ; à tes dessins au crayons de couleurs. A ta voix chantant à la volette, les dinosaures et les enfants. A tes leçons apprises et celles non sues. A tes sourires édentés pour lesquels les garçons fabriquaient des colliers de coquillages ; aux rires fous-rires devant tes bêtises et nos colères fondantes.
A tes premiers regards vers le monde. A ton premier amour et à ton chagrin. A tes cheveux collés de transpiration et de fièvre. Aux courses folles pour ne pas être en retard en classe. A ces goûters de nutella et aux biberons de grenadine. A tes passions, celles des collections, des rats, et des albums panini de footballeurs.
A tes espoirs et à tes rêves. A ce bac que tu voulais réussir. Aux discussions sérieuses et aux disputes, et au chagrin de les avoir eues. A tes peurs de l'échec et à tes peurs de réussite. A tes contradictions et à ton adolescence. A ta lueur dans les yeux, un jour sur une plage. A ce bonheur naissant d'un amour si tendre et tellement pur.
A cette première séparation et à cette chambre d'enfant qui se vide.
A cet amour adulte. A ce futur qui se dessine, dont je ne sais rien. A ce futur derrière cette porte que j'ai ouverte quand tu es née.