Je suis tombée sur ces deux chansons tout à fait par hasard. Je les partage ici. Et comme je suis gentille, je les offre à tous les hommes politiques, sans grande distinction. Les pires se reconnaitront...
Pâle ou vermeille, brune ou blonde,
Bébé mignon,
Dans les larmes ça vient au monde :
Chair à guignon !
Ébouriffée, suçant son pouce,
Jamais lavée,
Comme un vrai champignon ça pousse :
Chair à pavé !
A quinze ans ça rentre à l'usine,
Sans éventail.
Du matin au soir ça turbine :
Chair à travail !
Fleur des fortifs ça s'étiole,
Quand c'est girond.
Dans un guet-apens ça se viole :
Chair à patrons !
Jusque dans la moelle pourrie,
Rien sous la dent;
Alors ça rentre en brasserie :
Chair à clients !
Ça tombe encore, de chute en chute,
Honteuse un soir,
Pour un franc ça fait la culbute :
Chair à trottoir !
Ça vieillit et plus bas ça glisse,
Un beau matin,
Ça va s'inscrire à la police :
Chair à roussins !
Ou bien sans carte ça travaille
dans sa maison,
Alors ça se fout sur la paille :
Chair à prison !
D'un mal souffrant le supplice
Vieux et tremblant,
Ça va geindre dans un hospice :
Chair à savants !
Enfin ayant vidé la coupe,
But tout le fiel,
Quand c'est crevé ça se découpe :
Chair à scalpel !
Patrons, tas d'Héliogabales !
D'effrois saisis,
Quand vous tomberez sous nos balles,
Chair à fusils !
Pour que chaque chien, sur vos trognes,
Pisse à l'écart,
Nous leur laisserons vos charognes :
Chair à Macquart !
Petit, voici l'heure des fruits mûrs
Combien sont morts contre ces murs ?
Jetez aux chiens les confitures
Qui ont endeuillé leurs chemises
On a crié "Plus rien ne bouge !"
Mais sous les gouttelettes rouges
Un sculpteur a posé sa gouge
Espérant que le vent l'aiguise
Depuis l'automne en mois de mai
Au milieu des noyaux mort-nés
Une vieille douille a germé
Comme un affront à la bêtise
Éclos d'une balle rouillée
Au ciel il fuse un cerisier
Qui dit "Je fus un fusillé
Je témoigne des saisons grises"
Qui dit "Petit, je suis témoin
Prends mes racines de fusain
Et trace de tes propres mains
La promesse de mes cerises
Prends la force que je te tends
Je suis le Clément d'un instant
Je suis le gisant qui attend
Que la sève et l'amour l'irise
Qu'on re-danse autour de mon tronc
Un jour, mes bras refleuriront
Les enfants moqueurs changeront
Mes blessures en gourmandises"
Et le sculpteur en s'endormant
À l'ombre de son monument
Rêve dans un sourire gourmand
Qu'il a barbouillé sa chemise