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Billet de blog 8 janvier 2012

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La fève du grinchou et le quatrième roi-mage

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En Provence, la traditionnelle galette des rois est une brioche garnie de fruits confits et parfumée souvent à la fleur d'oranger.

Il y a à l'intérieur une fève et un personnage, souvent de crèche, et l'heureux gagnant qui croque la fève se retrouve avec la couronne des rois sur la tête et doit ensuite payer soit le prochain gâteau, soit la boisson qui va avec.

C'est là que le grinchou (l'avare) préfère s'étouffer et avaler la fève...

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L'histoire des rois mages qui a donné la traditionnelle épiphanie est connue. Mais connaissez vous le quatrième roi mage ?

Il paraît que ce roi, mage et magicien venait de bien plus loin que les autres. Il n'avait pas vraiment suivi l'étoile, puisque de chez lui, ce n'était pas les mêmes constellations. Mais c'était un mage, et il savait bien des choses...

Il prépara donc son sac. Il choisit consciencieusement les cadeaux à offrir à l'Enfant-roi. Deux belles émeraudes, des plumes irisées et brillantes de soleil, un miroir d'argent, deux belles pépites d'or, un bol d'eau précieuse et rare et une branche curieuse avec un fruit couleur de lune.

Ce roi habitait loin, c'était en fait un Peau-Rouge, un indien au nom d'Ichilock. Sa route allait être longue et fatigante, et il se mit en marche, le cœur plein de joie et des chansons plein la tête.

Mais voilà qu'au bout de quelques heures, un puma soudain lui barra la route.

  • Ne fais plus un pas, homme. J'ai besoin de toi. Ma compagne et mes enfants n'ont plus rien à manger, je dois te tuer.

  • Le roi le regarda dans les yeux et lui dit : pourquoi donc veux-tu me tuer ? Une fois que tu m'auras mangé, que te restera-t-il pour encore nourrir ta famille ? J'ai une meilleure idée. Emmène moi auprès d'eux et je verrai ce que je peux faire.

Oui, j'ai oublié de vous dire que la compagne du puma était aveugle à cause de guerriers qui l'avaient blessée, et donc ne pouvait plus chasser.

Le roi arriva auprès de la compagne du puma. Il l'examina et lui dit :

  • bien sûr, je pourrais te soigner, mais je perds beaucoup de temps, et ne pourrai voir l'Enfant-roi, je te donne donc ces deux émeraudes qui te remplaceront tes yeux.

La femelle tourna ses magnifiques yeux verts vers le roi, et il s'aperçut qu'elle y voyait parfaitement.

Il partit donc l'esprit tranquille.

La route était encore longue, et il savait qu'il ne devait plus en aucun cas s'arrêter, quoi qu'il arrive, s'il voulait avoir la chance de voir l'enfant.

Mais un perroquet le suivait depuis un moment déjà. Quand le roi arriva dans la forêt et qu'il voulut s'installer pour la nuit, le perroquet se mit à tournoyer et à chanter. Mais si tristement que le roi ne put s'empêcher de lui demander pourquoi il était si triste.

  • regarde, grand roi, ce qu'ont fait les enfants du village ! Ils m'ont attrapé et déplumé. Je suis laid maintenant et j'ai froid !

Le mage sortit de son sac les belles plumes qu'il réservait à l'enfant. Il ne pouvait pas laisser le perroquet dans cet état.

  • prends ces plumes et envole-toi !!

Le perroquet ne se fit pas prier. Et il partit, tout fier de ses nouveaux attraits.

Mais du temps avait passé, et le mage s'inquiétait vraiment d'arriver en retard et de retrouver un enfant grandissant à la place du nourrisson qu'il voulait visiter !

Et évidemment, c'est bien comme ça que l'histoire continue.

Il fit encore quelques rencontres bien tristes. Un homme assoiffé et mourant, à qui il donna l'eau précieuse et rare ; une femme qui se lamentait sur l'aspect de son visage et à qui il offrit le miroir qui pouvait refléter la beauté de l'âme...

Mais les jours se ressemblaient et Ichilock s'angoissait de ne pas arriver à temps.

Lorsqu'il vit une vieille femme s'approcher de lui, il eut peur d'avoir encore à donner de son temps précieux, mais celle-ci lui demanda son nom et où il pouvait bien courir ainsi...

  • Je vais voir l'Enfant de Bethléem, vieille femme, et je n'ai pas arrêté de secourir des miséreux au lieu d'avancer !!

  • Mais Ichilock ! L'enfant a grandi ! Ils sont repartis depuis longtemps ! Ne sois pas déçu, continue de marcher, continue d'aider tes semblables, tu rencontreras l'enfant qui a grandi.

Et le roi-mage rebroussa chemin, riche des rencontres et de la sagesse de la vieille femme à qui il a donné les deux pépites d'or, parce que la vieille femme était très pauvre...

Arrivé dans son village, il se rendit compte que les gens avaient faim. Il planta donc le dernier présent qu'il avait gardé, cette jolie branche au fruit couleur de lune, et depuis, tout le village se nourrit de maïs croquant...

Ichilock n'a jamais arrêté d'aider ses semblables. Il a rencontré l'enfant qui a grandi. Mais je ne connais pas la suite.

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