La photo de Clément est toujours la même. Rien n'a bougé depuis. La municipalité autorise toujours le petit abri.
Aujourd'hui il n'est pas bien. Il a peu récolté, tout juste de quoi s'acheter quelque chose de chaud au troquet du coin de la rue. Il a mal à la gorge, et est en manque de vêtements.
Des amis lui ont donné quelques fruits, des dattes, des cigarettes. Il raconte un tout petit peu plus. Il vient de Bourgogne, est en rupture familiale avec sa mère depuis qu'il a dix ans. Son frère est resté en contact, mais il est loin et ne gagne pas suffisemment pour subvenir aux besoins de son frère. Et comme dit Clément : "il est pas là pour ça. Il a une famille, il travaille six jours sur sept..." De toute façon, dans un mois, si je peux, je me barre en Italie. Parait que les gens là-bas sont plus accueillants qu'en France. La France, ras-le-bol.
Nous avons discuté de l'image véhiculée par son abri-couchette. Il voudrait que les villes se couvrent de ces constructions, pour montrer comment en France, le gouvernement traite les sans-domicile. D'autres sont déjà prévues, ici, à Aubagne. La Mairie fait toujours celle qui n'a rien vu.