Une irrépressible envie de nature, de vent et de soleil, je chausse mes indispensables chaussures de randonnée. Les caquetages et les sonneries téléphoniques de ma semaine de travail ont besoin d'être exorcisées par de la solitude et du silence.
Parc de Saint Pons à Gemenos. Une quantité de chemins s'offrent à moi. Je n'ai que l’embarras du choix. Je croise quelques canards cherchant un petit déjeuner. Je n'ai pas grand chose à leur offrir, ils partent donc de leur côté et moi du mien. Un panneau m'indique le sentier du blé.
Avant de m'y engager, je fais un détour par le moulin où l'eau est abondante. La force motrice de l'eau a permis la création de fabriques étagées, le long du canal de la source, avec l'aménagement de moulins à chute d'eau.
Une verrerie, une tannerie, un moulin à blé, une papeterie, une blanchisserie et un foulon. C'était une des premières zones industrielles du XVIème siècle...
Après dix minutes de marche, j'arrive à l'Abbaye cistercienne.
Commencée en 1205, mais jamais terminée tellement le projet était grandiose. Dame Garcende, la fondatrice en fait un monastère de moniales cisterciennes.
Ces moniales permettent un développement agricole et industriel très important. Malheureusement, cette histoire finit très mal. Un soir de Noël les moniales ouvrent leur porte à des jeunes gens mal intentionnés, et Dieu, à la vue de l'orgie qui a suivi, fait éclater un terrible orage qui va détruire le couvent, les moniales et les jeunes gens. La légende veut que seule Blanche de Simiane en réchappe. Mais, fuyant son agresseur, elle se jette dans les eaux du Fauge. Depuis ce jour, dans ce cours d'eau, se développe une algue microscopique de couleur rouge, dont la présence ici est un mystère... On dit que cette algue représente le sang de la nonne restée pure...
Je m'engage maintenant sur le sentier du blé. Il est encore tôt et le soleil chauffe à peine. Je n'entends que le bruit de mes pas, le chant des oiseaux. En avançant sur le sentier, je dérange les toiles que les araignées ont mis tant de temps cette nuit à tisser. Par moments, je repère la fuite d'un animal dans les romarins et la garrigue. Un gros lézard vert peut-être. Ou un serpent. Je fais le moins de bruit possible. Je rentre dans leur territoire en quelque sorte. Je n'ai pas envie de perturber cette communion matinale avec la nature. J'imagine le pas des anciens, ceux qui, de Cuges, transportaient leur blé jusqu'au moulin. Et je savoure...
Ce billet est particulièrement dédié à Grain de Sel et à Paul Emile... Je leur dédie ma joie d'habiter dans une région où, à quelques kilomètres de chez moi, je peux trouver la paix, et une nature grandiose.