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Billet de blog 18 mai 2011

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"Légitime" violence

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Elle se demandait ce qu'elle allait bien pouvoir raconter au bureau demain matin.

Le miroir lui renvoyait l'image de son visage fatigué, gonflé par les larmes. La blessure traversait son front jusqu'à sa joue droite, mutilant son regard au passage. Elle essuya le sang sous l’œil goguenard de l'homme allongé sur le lit, dans sa nudité arrogante.

Il avait trouvé pour elle l'excuse imparable :

« tu n'as qu'à dire que je t'ai blessée avec mon bras, pendant un câlin » susurra t-il d'un ton faussement tendre, en désignant son bras plâtré. « Aussi, pourquoi tu résistes ? Tu es ma femme, et je fais de toi ce que je veux ! »

Le désespoir l'envahit toute entière. Elle ne sentait plus rien, juste une haine féroce et l'envie de brutaliser cet être abject qu'était devenu son mari. Elle savait pourtant qu'au fond d'elle-même l'amour qu'elle avait pour lui n'était pas tout-à-fait mort. Juste le désir.

Elle se sentait épuisée, lessivée, lasse, crevée. Les mots se bousculaient dans sa tête mais elle n'en arrêtait aucun. Elle était tout cela à la fois. La vie avait détruit son rêve. Ou elle toute seule. Ou lui, ou les deux. S'allongeant à ses côtés, elle se surprit à se moquer de son attitude pleurnicharde et peureuse. Elle se retourna vers lui et lui murmura « tu as raison, mon chéri, dormons maintenant. »

Sa décision était prise. Sa vie désormais allait être une vengeance, jusqu'au divorce.

Jamais elle ne pourrait oublier le visage de sa petite fille de deux ans qui avait ouvert la porte pendant le viol.

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