8h 30, un dernier café puis je lace mes chaussures de randonnée. Mon sac est prêt : une banane, de l'eau et quelques noix à grignoter. Je ne pars pas loin. J'ai découvert il y a peu, qu'une jolie balade partant de l'aqueduc (un vrai de vrai) de la Candolle de la Penne sur Huveaune traversait la forêt communale et allait sur le plateau duquel on a certainement une jolie vue.
Je suis en forme, j'ai vraiment envie de marcher. En quelques minutes, je suis sur le parking. Une bonne dizaine de voitures sont là, ce qui me surprend un peu, je ne savais pas cette randonnée si populaire. Je suis contente en fait. Je ne serai pas seule dans les sentiers, ce qui, même sans être vraiment peureuse m'inquiète quelquefois. Je ne voudrais pas devenir un fait divers...
Je lève les yeux vers l'aqueduc. Il est vraiment beau. C'est une construction ancienne qui servait à transporter l'eau de la Durance vers les terres agricoles de la commune. Il est sans fonction aujourd'hui.
Je démarre tout doucement. Le sentier monte tranquillement le long de l'ancienne conduite d'eau. La nature est belle, il fait chaud mais le soleil n'est pas encore violent. J'en profite pour faire quelques photos du sentier, de la forêt. Je sens les tensions de la semaine se dissoudre, ne pense à rien, sinon à mettre mes pieds sur les cailloux du chemin, je cherche les traces des animaux qui pourraient être dans le coin. Il paraît qu'un ou deux renards habitent dans nos collines, ce serait sympa d'en croiser un...
Ce n'est pas un renard que je croise, mais un jogger. Il s'arrête à mon niveau tout en continuant à sautiller sur place : « madame, attention, ne montez pas plus haut, y a une battue, des dizaines de chasseurs, autant de fusils et des chiens - c'est dangereux ! »
Je remercie ce brave homme, et comme je n'ai pas envie de recevoir une balle perdue (toujours aucune envie d'être un fait divers) je décide de changer de trajet et je vais vers ce qui est indiqué comme : la bergerie 15 minutes. Je me dis que ma promenade sera plus courte, mais je sillonnerai le coin en découverte.
Au bout de cinq minutes de grimpette assez... enfin qui grimpe quoi, je rencontre encore un jogger. Il sautille aussi sur place, et je me dis que décidément ils ont tous quelque chose à me dire aujourd'hui : « madame, attenti.... » « oui je sais ! » je l’interromps - « y a des chasseurs et je dois me tirer de là avant qu'ils tirent !!! »
La moutarde me monte au nez. Je dois redescendre. Je bougonne tout du long. Fini la quiétude, la tension se manifeste, la colère, l’écœurement, la déception.
« Une battue de quoi ?? La chasse est ouverte depuis quand ? Bande de nazes d'abrutis de chasseurs de m... !!!! »
Justement, en bordure de l'aqueduc, ils sont quelques uns, avec leurs chiens, qui me regardent avec des yeux ronds « madame, faut pas aller dans la colline !! c'est la chasse!! » J'explose de colère. Ils me rétorquent que les chasseurs payent et donc ils ont priorité sur les randonneurs ! « Et moi, c.... je les paye pas mes impôts locaux, peut-être ? C'est aussi ma colline, ma nature, ma respiration ! » Je les insulte, avec une folle envie de leur rouler sur le corps en évitant ces pauvres chiens, avec la voiture que j'ai récupérée.
Adieu sentier, adieu nature, les humains décidément sont fous.