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Billet de blog 18 novembre 2012

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Margaret Rice, ticket n°382 652

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La dernière fois

que Bertha Mulvihill, survivante, vit Margaret Rice, celle-ci était accroupie dans l'étroite coursive des 3ème classe.

Dans ses bras, Eugène-Francis, deux ans, suçait son pouce, le regard fixe, et les autres enfants, Albert 10 ans, Georges-Hugh 8 ans, Eric 7 ans, Arthur 4 ans, s'accrochaient à sa jupe, comprenant certainement que personne ne viendrait les sauver.

Margaret et ses enfants font partie de la longue liste de ceux qui, imaginant rejoindre les États-Unis grâce à ce navire réputé insubmersible, embarquèrent du port de Queenstown, aujourd'hui Cobh, Irlande, le 11 avril 1912, pour ce voyage ultime où nombre de ces 3ème classe, faute de secours organisés et de canots de sauvetage en nombre suffisant, laisseront leur vie dans les eaux glacées de l'océan Atlantique, le 15 avril 1912.

Margaret Norton

est née à Athlone dans le comté de Westmeath, Irlande, le 6 octobre 1872. Sa famille décide de quitter le pays pour une vie meilleure et s'installe au Canada. 

L'histoire de Margaret débute quand elle fait la connaissance d'un compatriote, William Rice, natif probablement de l'Ulster. Elle a 19 ans quand elle l'épouse. Très vite ils décident de rentrer en Irlande pour y construire leur vie. Le couple s'installe à Athlone et la jeune femme donne naissance à un garçon, Frédéric. Tout pourrait aller bien pour ce jeune couple. Mais la tragédie n'est pas bien loin : le bébé meurt étouffé par sa sucette.

Ils prennent alors la décision qui allait faire basculer leur vie. William a une proposition d'embauche à la compagnie des chemins de fer, la Great Northern Railway en tant que machiniste. Ils habitent dorénavant à Spokane, état de Washington, États-Unis. Encore une fois, ils ont comme leurs parents, quitté leur pays de naissance pour construire une autre vie, certainement remplie du rêve que l'Irlande ne leur offre plus.

C'est là que de nouveau le drame s'invite. Alors que Margaret est occupée à la maison par ses cinq garçons, dont le dernier n'a qu'un an, William effectue des travaux sous un wagon lorsque une collision survient. Il est gravement mutilé et succombe à ses blessures le 24 janvier 1910. C'est l'effondrement dans la famille. Pour faire face à la situation elle achète une maison à Spokane, grâce à la police d'assurance de la Great Northern Railway, et cède au mal du pays. Elle rejoint Athlone afin de s'y reposer et élever ses garçons.

L'histoire de Margaret pourrait s'arrêter là. Dans un roman de la collection Harlequin, elle pourrait faire la connaissance d'un bel irlandais rouquin qui lui donnerait encore quelques garçons, et elle finirait sa vie dans le comté de Westmeath, entre un mouton à tête noire et le Lough Lene, où son mari apprendrait la pêche aux garçons.

Mais voilà, sa vraie vie ne devait pas finir ainsi. Toujours est-il qu'elle prit de nouveau une décision entrainant le drame ; elle voulut repartir aux États-Unis et programma son départ pour le mois de Mai 1912. Une voisine la persuada de rentrer plus tôt. Ainsi, elle pourrait l'aider à s'installer de nouveau dans sa maison de Spokane. Alors Margaret prit pour ses garçons et pour elle le ticket 382652 d'une valeur de £ 29 2 shillings et 6 pence. Elle attendit sur le Scott Quay avec ses valises et ses cinq enfants et ils embarquèrent sur un des bateaux chargés de les conduire au Titanic, dans lequel ils étaient installés à 13 heures 30.

Son corps fut retrouvé et récupéré par le Mackey Bennet. Il portait le numéro 12. Elle est enterrée au Canada, en Nouvelle-Ecosse, à Halifax dans le cimetière de Mount Olivet. Ses enfants ne furent eux, jamais retrouvés.

Sources : 

http://titanic.pagesperso-orange.fr/page83.htm#rice

http://viking305.hubpages.com/hub/Titanic-sinking-April-1912-Margaret-Rice-children-dead-3rd-class-passengers-White-Star-Line-100-years-ago-ship#

http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=gr&GRid=37915814

Ainsi que de superbes chansons qui n'ont pas grand chose à voir avec la tragédie du Titanic, mais qui je suppose permettaient aux Irlandais de supporter le mal du pays, lorsqu'ils étaient perdus dans les grands espaces américains. 

Et l'explication de ce billet. J'ai appris l'origine irlandaise du nom de mon père il y a quelques jours. 

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