Ils ont tous les deux plus de soixante quinze printemps, deux anciens d'Algérie comme ils se définissent.
L'un est mon « père », l'autre son ami. Ils sont des mâles, qui gueulent fort dans les assemblées de leur association. Deux anciens qui se la jouent compète à l'apéro. Et pourtant, l'un a offert à l'autre un poème...
Le voici :
La tourterelle
Depuis peu dans cette villa, installé,
j'aime mon lopin de terre, jardiner.
La place était occupée à mon arrivée,
par une petite boule, colombidée,
qui s'enfuyait à tire d'aile,
car effrayée elle était, la tourterelle !
Oh ! Elle ne se cachait jamais bien loin,
tout simplement sur un arbre voisin,
d'où elle restait à m'observer,
en lançant des petits cris, roucoulés...
Gêné d'avoir perturbé ses habitudes,
je faisais attention à mes attitudes ;
je lui parlais, sans élever la voix.
Mes paroles semblaient l'émouvoir.
Puis ses envolées furent plus lentes ;
je sentais naître une forme d'attente.
Petit-à-petit, elle restait tout à côté...
J'étais heureux de ne plus l'effrayer !
Chaque jour, l'on se rencontrait.
Le premier attendait de l'autre l'arrivée.
Nous étions comme deux bons amis,
dans mon petit jardin, mon paradis...
Claude, pour son ami Pierrot...
02/11
D'accord, c'est pas de la grande poésie, mais c'est touchant. Comme quoi, l'enfant n'est jamais bien loin, quand on y pense. Même à plus de soixante quinze ans...