Ce récit est là pour vous amuser et vous faire partager le plaisir que nous avons eu à nous retrouver de nouveau, médiapartiens et amis. Nous nous sommes connus virtuellement et nous partageons aujourd'hui une réelle amitié, non virtuelle celle-là. De la vraie de vraie, qui nous permet de rire, de profiter de bons moments en été ou en hiver, autour d'une piscine ou ailleurs, juste parce que c'est ça le partage.
Lily se sentait toute excitée à l'idée de ce colloque. C'était la première fois qu'elle était invitée pour ce genre de manifestation, et le cadre était idyllique.
Ses hôtes l'avaient récupérée à la gare et elle avait découvert, émerveillée, une maison nichée au creux de la ville, une végétation luxuriante et tout autour d'une piscine d'un bleu profond, les personnes avec qui elle allait partager ces quelques jours.
Elle les détailla avec un sourire avenant tout en se présentant. Ils étaient tous arrivés quelques heures avant elle et semblaient bien se connaître.
Essayant de deviner qui était qui, elle leur fit la bise. En écoutant les présentations, elle s'aperçut qu'elle les connaissait toutes et tous, et qu'ils faisaient partie de ceux qu'elle appréciait le plus sur ce site d'infos.
Une joyeuse bande de potes, venus discuter politique et société, quelle bonne idée. Elle se sentait prête et ravie de la confiance qu'elle sentait tout autour d'elle.
Pour l'instant, le sujet principal était d'un autre domaine. Où dormir ? Pour la plupart, le plus simple serait de déposer coussins et couvertures légères directement sur le sol à l'abri de l'auvent, et de s'endormir en contemplant les étoiles. Les hôtes qui avaient aménagé deux ou trois chambres, lassés de cette bande d'adolescents quinquagénaires baissaient les bras. Un immense dortoir sur le sol de la piscine. Ce serait parfait ainsi.
Lily commençait vraiment à s'amuser. Jamais elle n'aurait imaginé que cette mission allait être aussi simple. Elle notait tout dans sa tête, elle écrirait son papier plus tard. S'isoler sur cette terrasse lui serait facile, le ciel était clair et à la lueur des étoiles elle ferait enfin toute la lumière sur cette étrange amitié qui semblait unir ces internautes.
Mais en attendant, il fallait donner le change et faire comme les autres. La table, le couvert mis, le repas préparé en commun. Un fumet appétissant s'élevait de la pierre chaude sur laquelle cuisaient des brochettes. L'une des invitées faisait un peu la grimace -Lily avait compris qu'elle ne mangeait pas de viande – mais dans l'ensemble l'unité du groupe était toujours évidente.
Mais ce colloque ? Quand elle posait la question, les autres la regardaient bizarrement. Un quoi ? Un colloque ? Non ! Juste un rassemblement, un groupe amical lui répondaient-ils. Ils étaient là pour partager du temps, des bouteilles, des repas, des moments de bonheur en somme. C'était ça le colloque. Que croyait-elle ? Qu'on allait faire des devoirs, des conférences ? Ils éclataient de rire. Elle se sentait un peu perdue, toujours persuadée que quelque chose allait démarrer, dans une des salles, vidéos et discours à l'appui.
Cette journée passa comme un rêve. Piscine, plage, repas, elle se sentait des leurs, et sa mission lui semblait de plus en plus lointaine. Peut-être que ses employeurs s'étaient totalement plantés, et que jamais il n'avait été question d'un de ces séminaires sérieux dont les militants politiques avaient le secret. Le doute s'insinuait tellement en elle qu'elle était incapable de définir ce malaise quand elle pensait à ce qu'elle était venue faire.
La soirée avançait. Un des participants avait apporté du champagne qu'ils avaient tous dégusté au frais dans la piscine. Avec un grand éclat de rire, ils s'étaient photographiés, avec un clin d’œil à l'actualité d'une autre piscine, ailleurs, vue seulement en photo.
Enfin ils allaient parler politique ? Elle prépara mentalement les phrases et les questions auxquelles ils faudrait bien qu'ils répondent. Cette soirée lui paraissait maintenant interminable. Elle avait sommeil, froid, chaud. Elle se sentait complètement partie, elle qui ne buvait pratiquement jamais. Pourtant le champagne était bon et le peu qu'elle avait avalé ne pouvait pas la mettre dans un tel état.
Petit-à-petit ses yeux se fermaient. Pendant un instant une terreur irraisonnée s'empara de son esprit. Il ne fallait pas qu'elle dorme ! Qu'avaient-ils mis dans son champagne ? Ils allaient profiter de son malaise pour enfin démarrer ces réunions. Quel serait son compte-rendu si elle dormait ? L'ancien président qui l'avait engagée pour surveiller cette bande d'activistes du net allait sévèrement la punir... Quel désastre que cette enquête ! Ses réflexes s'estompèrent, elle se sentit dériver et tomber lourdement sur le carrelage...
Quand elle s'éveilla, il faisait grand jour. Elle était toujours étendue sur le sol, mais sur un des matelas prévus pour le couchage. Un mauvais rêve se dit-elle. Ouf ! Pourtant tout lui semblait si vrai, si réel qu'elle se leva brusquement et regarda autour d'elle. Aucune présence. Tout était calme, seules les cigales, infatigables, offraient leur chant au soleil. Elle entendit le clocher annoncer neuf heures.
Pourtant tout cloche ha-ha... Elle entreprit une fouille de la maison, pièce par pièce, tout était vide. Même les chiens avaient disparu.
Juste le recoin là-bas qu'elle n'avait pas visité. Elle tourna l'angle et là... Elle hurla.