Il y a quelques jours, du haut de mes certitudes, j'ai dit à mes grandes filles :
Cette année, puisqu'il n'y aura pas d'enfants pour Noël, qu'ils sont ailleurs et chez leurs pères, ce sera "Pas-de-sapin-marre-du-sapin" ! la crèche, limite, limite. D'accord ?
Donc, ce matin, je me réveille en pestant contre l'idée de la crèche et du papier rocher, avec lequel j'essaie toujours d'imiter le Garlaban, qui, comme chacun sait, est inimitable sous sa couronne de nuages.
Et là, une petite voix m'interpelle :
- tu vieillis mal toi !
Je rétorque aussitôt :
- moi ? je vieillis mal ? N'importe quoi !
- ben oui, toi ! tu t'es vue ? Pas de sapin ! avec cet air catégorique ! et tes filles qui gentiment ne répliquent même pas ! dis-donc, c'est pas avec Sarko que tu vas passer noël, c'est avec tes filles, ton meilleur ami ! ils méritent mieux qu'une petite crèche bâclée parce que t'arrives pas à imiter le Grand Garlaban !!
Totalement rassurée sur le fait que je ne passais pas noël avec Sarko, j'ai pour une fois, écouté la petite voix, et me suis dirigée vers le garage ou sont entreposés tous les cartons soigneusement scotchés.
Comme chaque fois, il faut les sortir tous avant de trouver les bons bien que je les avais (oui, je suis sûre !) rangés devant tout le reste.
Je ramène tout à la maison, fais de la place, et j'avertis les chats que cet endroit-là leur est dorénavant totalement interdit (hum hum, répondent-ils avec leurs yeux innocents couleur d'amande...)
Une fois le sapin déplié, voici les difficultés qui commencent. Les branches sont récalcitrantes, et je me demande si la petite voix qui m'interpellait tout à l'heure était bien innocente. Je suis presque certaine qu'elle prévoyait toutes les difficultés qui se présentent maintenant.
En rangeant les affaires au noël précédent, j'avais bien enroulé toutes les guirlandes électriques, séparées les unes des autres, dans le grand carton des guirlandes. Or, voilà qu'elles sont toutes mélangées, les étoiles accrochées aux roses, qui elles-même sont entortillées aux flocons de neige. Il est évident que je n'y suis pour rien, et que, dans l'année, vu qu'elles s'ennuient, elles concoctent une petite vengeance. Mais après les avoir enguirlandées (ce qui est un comble quand même) elles se séparent toutes seules et se laissent accrocher au sapin, qui tient tant bien que mal sur le papier rocher qui n'imite pas du tout le Garlaban.
Le reste se fait tout seul. L'esprit de noël est présent et la petite voix est contente. Ma crèche est disparate, puisque je ne me souviens jamais de la taille des santons achetés précédemment. Mais comme me dit la santonnière "mettez les plus petits au loin, et les plus grands devant..." Oui, mais quand c'est le berger agenouillé qui est plus petit ? Il fait quoi ? Il se met à genoux devant son mouton ??
Bon bref, je mets les santons par ordre de taille, sans oublier Marie parturiente qui a tant fait scandale quand le santonnier l'a inventée. (pourtant, il fallait bien qu'il soit quelque part, le petit Jésus avant de naître !)
Et en admirant le sapin éclairé, je revois tous ces noëls où il était présent, tout illuminé : ma joie de l'avoir acheté après mon divorce (puisque mon ex ne voulait que du vrai, mais ne passait jamais l'aspirateur pour les aiguilles) les filles petites, les galères, les noëls sans moyens, mais joyeux.
J'ai eu de nouveau une pensée pour ma grand-mère le jour de noël, mettant le petite Jésus à sa place, et rajoutant l'assiette du pauvre sur la table, au milieu des treize desserts : au cas où...
Bon, ma petite voix se fait de nouveau entendre :
- tu arrêtes avec cet ordinateur ?! il te reste les sablés et les truffes chocolat à faire !!
soupir... j'y vais.