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Billet de blog 27 septembre 2014

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Ma très chère télévision (lettre ouverte)

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Ça me fait tout drôle de t'écrire, toi que je n'ai pas vue depuis bien longtemps...

Je me souviens d'une époque où il me semblait impossible de vivre sans toi, puis tu vois, tout va bien. J'entends beaucoup parler de toi, il semblerait que cela me suffise !

Si je t'écris aujourd'hui, c'est que j'ai une requête à faire. Tu me diras, c'est pas convenable... Je sais bien. J'ai coupé les ponts et soudain je me retrouve à vouloir quelque chose de toi !

Alors voilà je me jette à l'eau, ou plutôt sur mon clavier. Je n'aurais jamais imaginé un jour m'adresser à toi en ces termes, mais voilà.

 Je suis une citoyenne normale, dans la moyenne, sans grand intérêt. Je travaille, je consomme (bon, moins qu'avant, faut dire) je paie des impôts, je milite, et j'ai souvent les mots qui se bousculent dans ma tête, avant de s'étaler sur un billet, ici ou ailleurs. Mais jamais, au grand jamais, tu ne m'as invitée dans un Journal, avec un vrai journaliste, des caméras, des spots, maquillage en prime. Je t'en veux.

Et sais-tu pourquoi ? Parce que je me suis rendue compte que tu n'invitais que des gens qui n'avaient rien à dire, et notamment un ancien président de la République, un peu agité, qui ce soir-là pour te parler avait pris une voix doucereuse. On voyait bien qu'il n'avait pas besoin d'être là, lui. On est pas en période électorale, il n'a pas de scoop, sinon ça se saurait... Il aurait bien du raconter ce qu'il avait réellement sur le cœur, vu que tu l'avais invité, mais à l'évidence, c'était encore un des frangins de Pinocchio...

 Alors que moi, si tu m'invites, je pourrais te raconter tant et tant de choses dont tu n'as pas idée !

Je pourrais te parler de ceux qui travaillent pour des clopinettes (oui, c'est comme ça qu'on dit dans la vraie vie) dans des chantiers, dans des usines, des grands magasins, ouverts le dimanche, en prime... Des travailleurs qui ont la peur au ventre, souvent, de perdre ce travail si mal payé...

Je pourrais te parler des minoteries qui ferment, laissant les ouvriers pleurer en occupant les lieux, parce que la farine c'est la vie, mais que ceux qui veulent du profit s'en fichent ; 

Je pourrais te parler des vieux, pas des séniors comme tu dis d'une façon -pardonne-moi- méprisante, mais des vieux, ceux qui ne se plaignent jamais et qui vivent avec trois fois rien, juste de quoi nourrir leur chien.

Je pourrais te parler de ces jeunes gens qui travaillent en intérim et qui se demandent si une prochaine mission va se profiler à l'horizon... Y a des bruits qui courent de parachutes dorés dans les entreprises...

Je pourrais te raconter l'histoire d'une famille Rom, une jeune maman de tout juste 25 ans, qui se demande où va sa vie ; mais elle serre les dents qu'elle n'a plus et elle y va.

je pourrais te parler de la cité d'à côté dont le taux de chômage franchit allégrement les barres du dessus, 

je pourrais te raconter ce monsieur qui a enjambé la fenêtre de cette cité lorsqu'il a su qu'il n'avait plus de travail et plus de famille du même coup...

Puis je pourrais te parler d'utopie, des fleurs que tu vois plus haut, de ceux qui se battent pour un avenir meilleur, comme de faire des bouquets pour colorer la vie des gens ; je pourrais te parler de jeunes qui s'engagent, qui militent et qui essaient de donner l'envie d'un autre monde. 

Je pourrais te parler d'animaux à sauver, de rassemblements pleins d'espoir et d'avenir... 

Je pourrais te parler de bien des choses, comme nous tous, citoyens du monde, que tu n'inviteras pas bien sûr. Car quel intérêt, dis-moi ? Tu en sortirais grandie, chère télévision, mais ce n'est pas ton objectif. En quelque sorte tu as raison. Tu sors de nos vies et nous en serons meilleurs encore.

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