Je suis là depuis 10 minutes, derrière mon écran d'ordinateur, coinçant on ne peut mieux le combiné du téléphone, pour dégager le casque que je vais poser sur mes oreilles. Vous l'avez deviné -ou pas- je suis hôtesse standardiste, un poil secrétaire aussi. Devant mon superbe comptoir de verre, va maintenant commencer l'interminable ballet des fumeurs... Tout d'abord, à tout seigneur, tout honneur, le DRH et sa troupe de petites secrétaires ; tous ensemble, on ne sait jamais... Puis vont défiler par deux ou trois, des représentants d'absolument tous les services. Des très discrets, d'autres aux téléphones vissés aux oreilles, gesticulant, la cigarette également coincée dans les dents (parler la bouche pleine oh !) D'autres encore, frileux, se blottissant contre les portes coulissantes, qui, comme leur nom l'indique, coulissent au moindre mouvement, laissant passer un souffle glacial (merci pour le standard...) Mais tous, tous je vous dis, ont cet air que je trouve idiot, mi-excuse mi-volupté, de celui qui s'octroie dix minutes de pause par heure ou par demi-journée pour sa cigarette (c'est selon l'intensité du travail, ou le regard du chef non-fumeur) Ils ont tous lu quelque part l'article du code du travail*, qui ne définit pas vraiment le temps de la pause-cigarette... C'est en gros à volonté du patron. Si le patron est fumeur, alors... Et les non-fumeurs me demandez vous ? Voilà une question passionnante ! Si vous voyez quelqu'un sans cigarette coincée dans la bouche ou bien au bout des doigts, marcher sans but dans le gazon, sous la pluie, dans le froid, ou squattant le coin de l'entrée, dites-moi : vous ne le prendriez pas pour un fou ? Parce qu'il paraît que le café, qui pourrait servir d'excuses pour le pauvre non-fumeur, on peut le poser sur le bureau et le boire en travaillant...
*Article L. 212-4 du code du travail : « La durée du travail effectif est le temps pendant lequel le salarié est à la disposition de l’employeur et doit se conformer à ses directives sans pouvoir vaquer librement à des occupations personnelles. Le temps nécessaire à la restauration ainsi que les temps consacrés aux pauses sont considérés comme du temps de travail effectif lorsque les critères définis au premier alinéa sont réunis..... »
Le principe de la pause cigarette n’existe dans aucun texte législatif ou règlementaire officiel, et, la pause ne peut être accordée qu’à l’ensemble du personnel de même catégorie sinon elle prendrait un caractère discriminatoire. Il n’y a donc pas de durée règlementaire pour cette pause.En quittant votre poste de travail pour aller fumer, on peut considérer que vous « allez vaquer à une occupation personnelle ».
L’employeur est alors en droit de décompter ce temps de votre temps de travail.
En dehors de la pause méridienne longue qui n’est pas considérée comme un temps de travail et permet donc de « vaquer à ses occupations personnelles », une coupure dans la matinée et une dans l’après-midi répondent donc idéalement à cette problématique quand l’organisation du travail le permet.