Un jour, j'ai acheté une série de polars de Camilla Läckberg. Dans le tas, un tout petit bouquin "comment écrire un polar en sept leçons". Je l'ai potassé, pas tout compris, mais l'idée est restée. Comme ces suédois qui se ruent dans les cours d'écriture de romans policiers.

Mais c'est pas si simple. D'abord le cadre. Choisir une ville que l'on connait bien, dans un pays familier ou bien tout imaginer..
Les personnages. Très difficile ; il faut étudier très profondément les caractères de chacun pour essayer d'y intégrer des sentiments, des sensations. Rien ne doit filtrer.
La conclusion. Il faut créer la surprise. Sans que cela ne paraisse trop inimaginable. Rester crédible.
J'ai donc décidé de situer mon roman dans un pays imaginaire, disons en Nicoland.
Ce sera l'histoire d'un enfant, né dans ce pays, mais avec des parents étrangers. Il grandit comme il peut, entre une mère débordée par le besoin de gagner sa vie, des frères et soeurs trop nombreux, et un père parti chercher un avenir ailleurs.
Je vois que je commence à vous intéresser.
Cet enfant donc, devient adolescent. Il n'arrive pas à suivre une scolarité normale. Il se sent mal en classe. Se découvre différent. C'est si difficile d'être entre deux pays, n'appartenir à aucun. Dans sa tête c'est le chaos.
Là va falloir que je travaille le personnage pour que ce soit vraiment touchant.
Il fait d'énormes bêtises et se retrouve en prison, alors qu'il est encore si jeune. Faute de place, il est à portée de l'enseignement de certains hommes aguerris, qui lisent tous un drôle de bouquin. Parait que c'est comme une bible, mais que c'est d'une autre religion. Celle de ses pères, disent-ils. Mais ces hommes-là sont brutaux et n'ont aucune idée du message réel de ce livre. Ils lui enseignent l'horreur et dans sa tête tout embrouillée il a l'impression de se reconnaître enfin une ligne de vie.
Tout va de mal en pis pourtant. Il apprend à n'avoir que la violence et la mort comme compagnie. Et il y prend goût. Mais en même temps il cherche des appuis.
C'est là que le roman noir commence. Dans mon idée, je le ferais bien rencontrer des gens influents, qui lui accordent une attention toute particulière.
Le jeune homme se déplace beaucoup. Il cherche la guerre, voudrait être soldat. Mais au vu de ses antécédents, l'armée le refuse. Pour lui cet échec est terrible. Alors il va de stage en stage, comme c'est prévu dans son "éducation" que les hommes de la prison ont commencée.
Je pense que c'est là que je vais faire entrer ces gens influents. Ils ont besoin de connaître les filières des personnes qui traînent dans le milieu de ce jeune homme. Ils le contactent, lui donnent de l'argent en récompense de ses indications. Il devient ce qu'on appelle un indic.
Dans sa tête rien ne tourne rond. Il a besoin de violence et de meurtres. Il sait qu'il va passer à l'action. Des gens lui ont donné beaucoup d'argent, il s'en sert pour acheter des armes. Et il tue.
Ah mais ça ne va pas du tout ça. Je commence à perdre le fil du roman noir.
Les gens influents paniquent. Ils montent une opération façade, afin d'utiliser les renseignements que leur indic devait leur donner. Une liste longue comme le bras de personnes dangereuses sur le sol de Nicoland. Mais rien ne tourne comme prévu. Il faut éliminer la cible. Rien ne doit filtrer sur le coup de filet en cours. La cible est éliminée. La liste est enfin prête et les arrestations commencent.
En fin de compte, l'idée de Camilla Läckberg n'est bonne que pour les polars suédois. Je crois que je ne vais pas écrire de roman noir. Pourtant j'avais un joli texte à mettre en première page, vous savez, ce petit texte que vous lisez en tout premier sur la page de garde. Il a été écrit par une toute jeune fille, musulmane et triste d'être tout le temps montrée du doigt.
Ma religion ne s'appelle pas "Terrorisme" mais Islam. Les terroristes ne sont pas des musulmans. Et les personnes qui pensent le contraire leur ouverture d'esprit s'appelle " Ignorance " !
Ah oui, j'ai oublié aussi ceci : toute ressemblance etc. etc.