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Billet de blog 6 mars 2015

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Qui de la poule ?

Le 8 mars est déjà pénible d'habitude, mais cette année il semble que ce soit du lourd en barres de dix.

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Le 8 mars est déjà pénible d'habitude, mais cette année il semble que ce soit du lourd en barres de dix. Déjà le terme « Journée de la femme », en lieu et place de la Journée internationale des droits des femmes, qui revient chaque année nous hérisser le poil. Ça vous a tout de suite un petit côté « fête des mères », des grand-mères, de la gentillesse ou de la pauvreté. Ce besoin de rendre hommage à l'éternel féminin cabre les éternelles féministes que nous sommes, tout comme cette rengaine pénible sur la femme qui serait l'avenir de l'homme (Aragon, sors de ce corps!), ou qu'elle lui serait supérieure, histoire de bien nous mettre dans le crâne que l'égalité, c'est vraiment un concept dépassé. La campagne de Care donne le ton depuis quelques jours avec son slogan « Donne du pouvoir aux femmes si tu es un homme », qui laisserait entendre cette contrevérité absolue : le pouvoir est détenu par les hommes par essence, et les femmes devraient attendre gentiment qu'ils le lui donnent – par exemple le 8 mars – au lieu de le prendre là où il est, c'est-à-dire en elles-mêmes. Mais le pompon, c'est bien cette comédie grotesque organisée par la revue Marie-Claire, où des hommes « célèbres » - dont Jean-Vincent Placé (mais-on-sait-pas-où) prennent la pose avec une poule pour dénoncer le sexisme, en référence aux caquètements par lesquels des députés UMP avaient cru bon d'accompagner l'intervention de la députée EELV Véronique Massonneau sur l'âge du départ à la retraite. Une vidéo montre les pourfendeurs du sexisme avec la poule en question, qui volète et caquète tandis qu'ils se répandent en déclarations compassées sur le sexisme, tout en soulignant qu'il faut quand même garder le sens de l'humour. Pour conclure, un hashtag s'affiche à l'écran, en forme de promesse improbable : #plusjamaislapoule.

Je ne sais pas qui a eu l'idée de ce scénario et j'espère qu'il n'attendait pas un Oscar. Birdman a déjà tout raflé de toute façon, et quant à Birdwoman, je l'imagine bien avoir pris la poudre d'escampette avec le pigeon qui a chié sur Hollande le 11 janvier dernier.

A l'approche du 8 mars, on serait plutôt tenté de convoquer les autres animaux de la ferme – allez, au hasard, les lapins, les porcs, les bœufs et les moutons pour des mises en scènes féministes dont je vous laisse imaginer la teneur, avec des hommes à la place du lapin qui baise plus vite que son ombre, du porc qui se roule dans la fange, du bœuf et du mouton qui suivent le mouvement. 8 mars, journée internationale des droits des animaux de la ferme ? #plusjamaisjelaferme

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