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Dans la triade lunaire, Séléné représente la pleine lune, Artémis son croissant, et Hécate la nouvelle lune. Déesse de la magie, de l’ombre et de la mort, elle est souvent représentée avec une tête de jument, une de tête de lionne et une tête de chienne. Elle règne aussi sur les limites, les frontières et les carrefours et apporte la lumière sur les chemins.
C’est elle qui nous permettrait spirituellement de réfléchir à nos parts d’ombre, ce que la sorcière néo-païenne et militante écoféministe Starhawk appelle « Rêver l’obscur ». Elle aussi qui nous permettrait de ne pas perdre notre âme, contrairement au Sénat qui a voté la semaine dernière la suppression de l’AME (Aide médicale d’Etat), privant des milliers de personnes de l’accès à la santé au motif qu’elles sont réfugiées. 3500 médecins menacent de désobéir si cette loi était adoptée et on ne peut que rêver que leur appel soit entendu.
Le rêve, qu’il soit obscur ou lumineux, est au cœur de la dernière parution de la revue La Déferlante, à laquelle j’ai la joie sans cesse renouvelée de contribuer. Parmi d’autres merveilles, on lira dans ce dernier numéro l'entretien sur les utopies féministes en littérature que m'a accordé la chercheuse Aurore Turbiau et un texte de l’écrivaine Isabelle Sorente sur le rêve lucide ou sogno reale en italien. On découvrira aussi les extraits du Manifeste d’une femme trans, de la biologiste féministe Julia Serano, présentés par Daisy Letourneur, et la chronique toujours passionnante de Nora Bouazzouni, qui signe l'entretien entre Camélia Jordana et Alice Zeniter en couverture.
Je ne peux pas terminer cette chronique lunaire sans vous inviter à lire le dernier opus de la collection Bestial, fondée par Isabelle Sorente et Clara Dupont-Monod chez JC Lattès : Le Paon, de la géniale Taous Merakchi, préfacière du Sexocide des sorcières dans la collection Nouvelles Lunes, qui explore à travers ce sublime volatile les méandres de son identité : en berbère, le prénom Taous signifie en effet le paon, et la rencontre de ces deux entités est particulièrement réussie. Au chapitre des réussites, j’ai aussi le plaisir de vous annoncer que moins d’un mois après sa sortie, on a dû lancer la réimpression de 2060, de Lauren Bastide, qui semble devoir faire un cadeau de Noël très attendu.
Pour cette nouvelle lune, c’est l’autrice Elise Garcia qui succède à Joëlle Wintrebert avec un recueil de microfictions : Défractée. Elise Garcia écrit d'ordinaire pour les autres et apparaît pour la première fois dans la lumière. Ses tranches de vie, concises et poétiques, résonnent tout particulièrement avec le royaume d’Hécate, et vous laisseront j’en suis sûre une impression magique. Pour la lire, il suffit de suivre ce lien, et pour être sûre de découvrir les autres textes, le mieux est encore de s'abonner gratuitement sur nouvelleslunes.fr.