Un anonyme Médiaparteur a lancé le mouvement en annonçant sa candidature le 17 février. C'est courageux et, surtout, prévoyant. Mais ce n'est pas pour autant téméraire, puisque l'individu garde son identité secrète. Il est bien le seul en ces temps de surveillance mondiale généralisée et d'Etat d'urgence caractérisé, à croire que l'on peut en ce monde avoir des secrets. Demandez un peu à Edward Snowden et Julian Assange ce qu'ils en pensent. A Berlin, où Varoufakis avait réuni le 9 février la fine fleur de la contestation européenne pour lancer son mouvement, DIEM 25, la moitié des débats portait sur cette double contrainte propre au néolibéralisme débridé : comment faire parler de soi sans attirer l'attention des espions à la solde du grand capital ? Créer un réseau sur Internet et espérer ne pas être surveillé fait partie des espoirs fous à côté desquels la licorne paraît presque une hypothèse crédible.
Mais assez parlé de choses sérieuses. Revenons à moi, moi-même et ma propre personne. Comme Marc Tertre, qui a annoncé sa candidature dans ces colonnes, j'ai l'intention de me dédier désormais à l'exercice du pouvoir suprême. Je sais que les candidatures ne cessent de pleuvoir sur Médiapart. Et comme d'habitude ce sont les hommes qui sont en première ligne. Erection pestilentielle oblige. Pourtant le clitoris bande, lui aussi. Tout amateur et toute clitoridienne le sait. Ce que l'on sait moins, c'est que le clitoris est aussi grand qu'un pénis, sauf qu'il est à l'intérieur, et que son extrêmité interne se laisse bien chatouiller au niveau du point G. Vous croyez que mes compétiteurs (oui, en un seul mot) savent tout ça ? Vous croyez que Hollande, Mélenchon, Juppé, Fillon, Sarkozy et Morano s'intéressent le moins du monde au clitoris ? Non !
Il est temps, donc, de mettre un peu de parité dans cette primaire, car la femme ne saurait éternellement rester secondaire, même si elle travaille dans le tertiaire depuis le quaternaire. Il n'y a guère que le quinquennat qui manque à nos sexagénaires. Une femme présidente de la Raie publique ? C'est un rêve qu'il est temps désormais de réaliser, par le truchement de ma personne et non l'opération du saint-Esprit, qui comme chacun sait a autre chose à faire.
C'est pourquoi je vous invite à vous rassembler autour de moi pour porter au sommet de l'Etat d'urgence une femme qui a en effet des tas d'urgence sous le coude : ranger ses papiers, se mettre au sport, arrêter de fumer et combler son découvert. C'est dire à quel point nos préoccupations sont partagées.
Oui, il est temps que nous soyons tous et toutes candidat.e.s. Parce que le tout à l'égo et la lutte des places ne doivent pas nous détourner des vrais enjeux. Nous sommes la politique et les politiques devraient la fermer et nous écouter. Après je suis Charlie, je suis au chômage et je suis en terrasse, je vous propose donc le hashtag « Je suis candidate ». Citoyennes, citoyens, soyons démocrates, en vrai : qu'un million de candidatures se lèvent !