Art Basel (Suisse), foire d’art contemporain annuelle, créée en 1970 par Ernest Bayeler, Baltz Hilt et Trudi Bruckner, est un des principaux canaux de référence pour le développement de l’art mondial, par ses réseaux, ses recherches, son innovation en matière de diffusion et ventes, et depuis les années 2000 en ouvrant des antennes, des extensions à Miami (USA, 2002) et à Hongkong (Chine, 2013).
Art Basel attire galeries, collectionneurs, artistes, amateurs du monde entier et ouvre, après la pandémie, de nouvelles plateformes en ligne, œuvres digitales, numériques, et inaugure le paiement en crypto-monnaie, avec l’intention d’intégrer la technologie blockchain dans ses activités. Les ventes d’œuvres d’art et objets de collection cryptés en NFT (Non Fongible Token), ont atteint ces derniers temps fin septembre, le chiffre de 3,5 milliards de dollars.
Se rendre à ART (première appellation de cette manifestation à Basel) c’est aussi s’intéresser à ce que l’ont nomme communément « le marché de l’art », la troisième économie mondiale après le tourisme, le luxe. Ce type de rendez-vous rentre dans le même intérêt que nous avons tous pour la culture, le développement humain, les représentations de l’imaginaire, la connaissance et nous aide à saisir le chemin de l’esthétique, de la créativité, des engagements divers des artistes. Non sans nous poser d’innombrables questions autour de spéculations, détournements, faussaires et autres, qui tournent autour du milieu artistique, mais retenons le bien fondé de la « chose ».
Les acquis historico-théoriques apportés par Alfred Marshall (Principles of Economiques, Great Minds Series, Year 1890), puis par Raymonde Moulin, (Le marché de l’art, Mondialisation et nouvelles technologies, Paris, Flammarion, coll. Champs, 2003, 204 p) nous ont incités et initiés à l’étude de cette « grande question ».
Dans la seconde partie de l’ouvrage de Raymonde Moulin, l’auteure souligne et traite les transformations du marché de l’art sous l’effet de la mondialisation des réseaux et des échanges, d’une part, et de l’extension quasi sans limite du concept d’art, d’autre part. Elle évoque les défis que les nouveaux supports, impliquant la démultiplication et la dématérialisation des œuvres, opposent à un marché construit sur le principe d’unicité et d’originalité des biens. L’unicité de l’œuvre impose une situation de monopole, mais les motivations complexes des acheteurs éventuels, réintroduisent au sein du monopole des éléments concurrentiels.
La constitution des valeurs artistiques s’effectue à l’articulation du champ artistique et du marché. Dans le champ artistique s’opèrent et se révisent les évaluations esthétiques ; dans le marché se réalisent les transactions et s’élaborent les prix. Alors qu’ils ont chacun leur propre système de fixation des valeurs, ces deux réseaux entretiennent des relations d’étroite interdépendance. Face aux transformations économiques et artistiques à l’œuvre depuis la fin du XXe siècle, les marchés de l’art classé – ancien et moderne – et le marché de l’art contemporain doivent relever de nouveaux défis. Quels effets la mondialisation des échanges et des réseaux a-t-elle sur le marché de l’art ? Quels effets exercent les nouveaux supports impliquant la démultiplication et la dématérialisation des œuvres ? Questions que Raymonde Moulin posait déjà par rapport aux événements apportés par la bulle internet et ceci il y a vingt ans, ce qui nous aide aujourd’hui à saisir de nombreuses questions parfois souterraines et que nous nous posons en permanence. Rappelons toutefois les propos de Alfred Marshall (Principles of Economics, 1890) :
« Il est impossible d’évaluer des objets tels que les tableaux du maître ou les monnaies rares, puisqu’ils sont uniques dans leur genre, n’ayant ni équivalent, ni concurrent (...). Le prix d’équilibre des ventes (de ces objets) relève beaucoup du hasard ; toutefois, un esprit curieux pourrait retirer quelque satisfaction d’une minutieuse étude du phénomène »
Est-ce pour cela qu’il faut se rendre à Miami Basel ?
Est-ce pour cela que nous allons à Miami Basel ?
Notre position d’ « aller voir », de l’ « être là » se conjugue avec le plaisir de partager les réalisations de nombreux artistes et bien sur le travail mené par les galeries au niveau international.
Actuellement l’ouverture de nouveaux musées en Afrique et l’appétit de voir les artistes du continent s’émanciper, démontre l’essor de l’art dans ces pays et qui auparavant était inexistant localement et internationalement. De nouvelles galeries présentent divers travaux d’artistes africains, situation constatée lors de la visite aux dernières foires et salons d’art contemporain. En une dizaine d'années, la FNB Joburg’ Art Fair est devenue la tête de pont du marché de l'art contemporain du vaste continent africain.
En ce qui concerne Miami Florida, elle a vu fleurir et a recentré l’art contemporain venant de l’Amérique latine. Là, se produit la rencontre des artistes venant de ces contrées, elle permet de nombreuses retrouvailles, des « découvertes » plastiques, artistiques, créatives.
Aujourd’hui nous vivons un moment décisif qui verra la fin de l’ère carbone. Nous serons donc attentifs et sensibles aux créations des artistes qui travaillent la question environnementale et écologique.
Le dynamisme des collectionneurs, galeries et musées crée une géopolitique du marché de l’art contemporain mondial. L’observation de la situation post-covid conduira-t-elle à faire bouger – voire de changer - de modèle face au monde ?
D’où vient le rédacteur de cette notice ? De France, où un maillage exceptionnel de galeries, de nouveaux collectionneurs et un savoir-faire des musées sont tous très reconnus, comme on le voit avec l'antenne Pompidou à Shanghai et le Louvre Abu Dhabi et les nombreuses Fondations ouvertes dernièrement dans le pays. Dans l'émirat, c'est bientôt le Guggenheim - américain- qui montrera l'art contemporain dans le Golfe. Toutes ces remarques nous incitent à « aller voir », « à ‘être là », travail d’observation amorcé par le duo d’artistes franco- vénézuélien VINCENT + FERIA qui analyse entre autres, le rôle de résidences, des voyages, des rencontres dans l’art et parfois dans des lieux extrêmes.
Le rôle du collectionneur est devenu très important dans les décisions institutionnelles, l’ouverture des nouvelles fondations de part le monde le démontrent. Alliées à l’architecture elles sont aujourd’hui le flambeau du développement des villes, de leur énergie et vitalité, de leur dynamisme. Pour cela nous nous rendons à Miami Basel mais avec en tête la posture de Damien Hirst, « l’art tourne autour de la vie, le marché de l’art autour de l’argent ».
Miami Basel invite environ 230 galeries venant de 35 pays qui présentent l’œuvre de 2000 artistes, dans le Convention Center Drive de Miami Beach entre le 1 et le 4 décembre 2021, https://www.artbasel.com , et donnera l’ouverture à la semaine artistique et festive Miami Art Week .
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