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Billet de blog 21 juillet 2016

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BY16 "Biennale internationale d'art actuel de Yakutsk" Fédération de Russie.

Présentation de la BY16 par Eloy FERIA (curateur) et Françoise VINCENT (Expert), une manifestation artistique qui se relie avec les biennales internationales et en particulier avec celles de l'Asie. Biennale Internationale d'art actuel de Yakutsk "Les Enfants de la Terre", juillet/septembre 2016.

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e Biennale Internationale d’art actuel

BY16 «  LES ENFANTS DE LA TERRE »

Yakoutsk, Juillet-septembre 2016

Nous sommes tous des Enfants de la planète terre, de « la Pachamama », comme nous le rappellent les peuples amérindiens, « la terre, cet inimaginable », en lien avec l’homme, Gaia pour d’autres. Mais ayant pris le mot ENFANT pour créer un jeu de mot universel, en parallèle à la manifestation sportive « Les enfants d’Asie » (événement qui peut effectivement contribuer à l’avènement d’une société globale inclusive et participative…UNESCO), la BY16 se place parmi les grandes manifestations de cette période d'été.La terre de cette contrée d’Asie nous accueille généreusement pour une autre fête : celle des arts visuels. S’agit-il de voir dans cet événement un rapprochement et de nouveaux échanges entre l’Europe et la grande Asie ?

Artistes invités de la Biennale, venant hors de la Fédération de Russie, nous pourrons dire que nous faisons groupe, parce qu'il s’agit d’une « résidence de création » où pendant trois semaines nous confrontons nos faire et façons d’être avec les acteurs de l’art à Yakoutsk mais aussi avec la population en fête (arts / sports / loisirs ), qui pendant cette période de l'année et tous les quatre ans pour les jeux, vit la ville.

Nous échangeons avec des enfants d’Asie, leurs familles et nous sommes curieux de leurs questions, d'approcher leurs connaissances et de nous approcher des savoir-faire de leur pays et de leurs régions, de toute cette géographie, pour le bonheur de tous, habitants de « La Terre ».

Nous proposons des allotopies[1]*, des écosophies[2]*, des lectures de volumes sculpturaux polychromes[3]* parfois peints en or*, des situations performatives[4]* en relation avec l’environnement et l’écologie, entre autres.

Nous sommes sur plusieurs lieux et espaces, à l’extérieur sur les places et squares, au bord du lac, mais aussi à l’intérieur dans les galeries de la ville, de l’université Ammossof, de l’Institut d’art Arctique, au musée de Beaux-arts…

En décrivant nos « formes de faire », notre commissariat pour la BY16 désignerait plutôt un être là, un aller voir, dans ce moment critique de notre civilisation, parsemé de guerres, mésententes, violences, haines, sous le règne des néocolonialismes. Mais en pensant également et en tenant compte d’autres avancées en terme d’émancipation, de solidarités diverses, de territoires anciens récupérés, d'avancées sociales pour les peuples ancestraux inscrites dans les Constitutions des pays émergents du Sud, mais aussi des peuples du grand Nord, autour de l’Arctique. Notre monde avance. De ce constat viendrait la volonté d’en finir avec les discriminations multiples et « L’Enfant de la Terre » crie avec son corps et initiece processus avec sa pensée dans un art empreint de créativité et liberté.

Cette biennale permet aussi de nous rencontrer, de discuter de ces questions dans le cadre des séminaires de recherche proposés par les curateurs V+F et les universités partenaires (UFNE, université Fédérale du Nord-Est Ammossof, université Paris 8, université de Strasbourg) et ouvrira les réflexions sur « NI AUTOCHTONE NI CONTEMPORAIN » à travers les notions de « résidence », « processus créatif » et « production-diffusion », toutes abordées lors du séminaire « L'art comme expérience ».

Invitation est faite aussi à suivre les débats qui seront relayés à travers les réseaux sociaux.

Le contexte très particulier d’une ville engagée dans le processus de métropolisation comme l’est la ville de Yakoutsk, la volonté de « renouveau » de ses responsables politiques et des institutions culturelles, permet de lancer le débat sur l’art et la ville à travers une biennale d’art et la création d'un « Centre de pratiques artistiques et d'expérimentations contemporaines ».

La République de Sakha, région de lacs, fleuves et rivières est un enclos géographique important ; ellefait partie de l’espace Arctique. Elle abrite cinq peuples autochtones qui vivent en harmonie avec des connaissances et des rapports très libres avec la nature, qui connaissent ce qu’est vivre sur le « permafrost »[5], avec une jeunesse dynamique disposée à maintenir une culture riche à partir d'échanges avec d’autres peuples.

Aujourd’hui la question de l’usure des biennales ne s’arrête pas à Yakoutsk. La BY16, biennale du grand Nord et de la Sibérie, nous enrichit tous, nous fait partir vers d’autres latitudes, recentre l’art dans son moment médiatisé, mondialisé et fortement pénétré par le libéralisme et la spéculation économique à outrance.

Les artistes de la BY16 peuvent tomber dans des déplacements, décalages, dérapages mais leur créativité est le moteur pour une vision de la terre plus harmonieuse, colorée, festive et libre.

Eloy FERIA & Françoise VINCENT-FERIA

Commissaire et Expert de la BY16

Paris le 14 juillet 2016


[1] Roberto MARTINEZ et Antonio GALLEGO (artistes-enseignants invités) ont créé et lancé en 2001 cette idée d’Allotopie ce qui leur permet d’aller à la rencontre du spectateur avisé ou non, à la recherche d’une autre façon d’appréhender l’art dans la vie quotidienne.

[2] L’écosophie et une « manière d’être » forgée par le psychanalyste et philosophe Félix GUATTARI, à travers son ouvrage de référence Les trois écologies(Paris, 1989),où sont parties prenantes nos environnements naturel, social et individuel subjectif ».

[3] Il s’agit de l’œuvre de deux sculpteurs invités Hyo Seok JIN, artiste de la Corée du Sud, et Frédérique LECERF, qui pour l’un crée des volumes constructivistes nous invitant à désamorcer notre vision et à sentir à travers la couleur des moments émotifs. Les formes dorées de F. LECERF se présentent pour être pratiquées, touchées : un bois de renne, une chaise revêtue des feuilles d’or ou simplement déguster une meringue dorée.

[4]Les Situations performatives de VINCENT+FERIA invitent à un pas de danse, à pratiquer un « atelier de vie », goûter une granita (glace pilée) en lisant et en s’emparant de textes autour des questions sociétales, réciter un Olonkho  (textes sur la cosmogonie des peuples sibériens).  

[5] Le Permafrost est un sol dont la terre est congelée et qui, pendant le dégel, laisse échapper du Méthane, gaz très contaminant pour notre atmosphère et pour la couche d’Ozone en particulier.

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