Ce samedi donc, le maire de Tana prépare sa manifestation. Il a obtenu le soutien de quasiment toutes les forces d’opposition, qui se tiennent courageusement assez loin derrière lui. A tel point qu’il sera seul sur le podium. Un commando vaguement militairea emporté brutalement la sono. Qu’importe, on en apporte une nouvelle. Plusieurs dizaines de milliers de personnes vont alors acclamer la déclaration de coup d’état du jeune maire. C’est assez surréaliste, et original, et c’est normal, les Malgaches ne font rien comme tout le monde. Donc le maire de Tana annonce qu’il destitue le président en exercice et qu’il prend sa place. Puis il rentre chez lui…
Le président en exercice campe dans son palais présidentiel, le premier ministre réunit un conseil des ministre en son palais ministériel. La ville s’assoupit doucement. La crise est probablement terminée. Je vais faire mes courses, tranquillement, au marché.
Le secrétaire de l’UA annonce que les Malgaches (le maire donc) doivent strictement respecter la légalité démocratique. Amusant de la part d’une organisation qui compte en son sein la plus grande concentration de dictateurs de la planète. Le reste des institutions internationales fait de même : La légalité démocratique, avant tout ! Encore une fois, c’est assez amusant de voir un dictateur se prévaloir de la légalité démocratique pour se maintenir au pouvoir.
Mais qu’est ce donc que la démocratie ? La possibilité donnée à un individu de se faire élire, dans des conditions acceptables du point de vue des institutions internationales, c’est tout. On se pose assez peu la question des moyens qu’il aura utilisé pour parvenir à rassembler la majorité des suffrages. Sont ce des moyens démocratiques ? Qu’importe ! On a un président élu dans une certaine stabilité. Une fois élu, celui-ci respecte t il les éléments de base de la constitution, les principes de base de la démocratie ? Qu’importe. On a un président qui gouverne dans une certaine stabilité. Car c’est bien là la seule préoccupation des occidentaux, la stabilité, sans laquelle on ne peut faire des affaires, et paraît il le pays ne peut se développer. Alors, la démocratie…
Observons que les pays occidentaux expérimentent la démocratie depuis environ 250 ans. Avec des hauts et des bas, des avancées et des régressions. Combien de pays démocratiques peut on compter sur terre ? Je parle de pays où au delà des élections démocratiques, il existe au jour le jour une vie démocratique : la capacité de chacun de s’exprimer, la capacité de chacun d’être éduqué et de pouvoir comprendre les enjeux et les propositions politiques. La capacité pour chacun d’obtenir une information variée et fiable. Les respect par les gouvernants de leur opposition. Le contrôle des puissances d’argents, de leur capacité à troubler le jeu démocratique. Et j’en passe… Allons, disons une petite trentaine. Et encore.
Alors, peut on imaginer que l’Afrique qui « tente » des expériences démocratiques depuis au maximum 40 ans, puisse n’être ailleurs que très loin des idéaux démocratiques.
Et nos supposé 30 démocraties (sont elles encore 30, la France, par exemple, est elle encore une démocratie ?), se sentent elles concernées par l’extension de la démocratie dans le monde ? Les américains le disent, avec des techniques originales : La guerre ! Les autres s’en foutent totalement. Le problème est la crise (celle qui existe depuis plus de 20 ans) des pays riches, qui pour maintenir le niveau de richesse de leurs riches, ont besoin de plus en plus de pauvres (les leurs ne suffisent plus). Alors, que le reste du monde demeure dans une dictature stable pour que les affaires continuent !
Le président Ravalomanana est un dictateur, qu’importe ! On a une certaine stabilité bonne pour le business. Et puis, est on bien sûr que le nouvel impétrant, serait, une fois au pouvoir plus démocrate ? Pas vraiment. On a bien cru en son temps (2002), que le jeune Ravalomanana, allait apporter la démocratie, après avoir chassé, par un quasi coup d’état, le dictateur précédent, Didier Ratsiraka !
La roue tourne, et les pauvres sont toujours aussi pauvres. Et les riches, toujours plus riches.
PS : Le président Ravalomanana a annoncé que l’Etat allait aider, voir dédommager ceux qui ont perdu dans les pillages. Charité bien ordonnée commence par soi même. C’est lui personnellement qui a été le plus touché ! Et vive la démocratie !