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Billet de blog 7 mars 2009

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Révolution Malgache : Y en a marre !

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MADAGASCAR : Marre de l’information manipulée !

J’avais intitulé ma dernière intervention : « dixième et dernière ». Et bien il y en aura une autre. Il y en a marre et je pête les plombs ! Ca suffit !

Un rappel pour commencer. Il y a pas très longtemps, le représentant de RFI et d’autres journaux à Madagascar a été expulsé. Il y a un peu plus longtemps, un journaliste français, résident depuis plus de 20 ans à Madagascar, rédacteur en chef d’un important journal local, a été expulsé. Est il possible de croire que la parole des journalistes étrangers résidents actuellement à Madagascar est objective ? Peut il en être différemment de la parole des « envoyés spéciaux » qui s’abreuvent de la bonne parole des journalistes résidents…

Les autorités extérieures et la société civile malgache nous abreuvent de phraséologie bien-pensante : Légalité, démocratie, … d’une part, bienveillance, ouverture, réconciliation,… d’autre part ! Il faut arrêter se foutre de la gueule du monde ! Voici quelle est à mon sens la réalité crue à Madagascar :

Le président Ravalomanana est un dictateur corrompu. Pas pire que nombre de ses collègues africains, pas mieux que son prédécesseur.

Comme de nombreux pays, y compris développés, une pseudo croissance masque l’appauvrissement réel de 75 % environ de la population.

A Madagascar, comme dans toutes les dictatures africaines, une apparente démocratie fait lieu de cache sexe au pouvoir exclusif d’une caste établie. Elle est aussi le paravent qu’utilisent les institutions internationales pour favoriser le maintien des régimes établis, pourvu que leurs exactions ne soient pas trop voyantes et qu’une certaine stabilité perdure..

En particulier, les élections de 2006 qui ont reconduit Marc Ravalomanana n’ont strictement rien de démocratique ! La destitution du maire de Tana (et celle de nombreux autres élus avant lui) est tout aussi anti-démocratique.

Contrairement à ce qu’il professe aux naifs (y compris sans doute Andry Rajoelina) qui veulent bien le croire, Marc Ravalomanana n’a jamais eu envie de participer à la moindre négociation ni d’accepter la moindre concession à son pouvoir exclusif.

Contrairement à ce à quoi il s’est engagé en préalable aux négociations entamées il y a près de 10 jours, il a continué à emprisonner des opposants, à réprimer avec violence toute manifestation pacifique et à monopoliser les organes médiatiques publics.

Depuis lundi dernier, le président a décidé de reprendre la situation en main par la force. Ses troupes ont été renforcées et équipées et elle étaient prêtes depuis quelques jours. On notera que contrairement à ce que disent les medias internationaux, hier et avant hier, il y a eu encore de nombreux morts parmi les manifestants sans armes.

De façon scandaleusement hypocrite, les ambassades de Russie, Etats-unis et France appellent le maire de Tana à reprendre les négociations, alors que c’est le président Ravalomanana qui les a interrompues, par son refus de respecter ses engagements et par son attitude non constructive et méprisante lors des premières rencontres.

On notera bien entendu, que rien ne dit qu’Andry Rajoelina, ne sera pas, s’il prenait le pouvoir, un dictateur du même acabit que l’actuel, ni que ses soutiens sont des enfants de cœur... Ce qui ne me semble cependant pas suffisant pour le discréditer et soutenir le président en place.

Je n’ai jamais lu aucun des éléments que je viens de présenter dans la moindre analyse ou compte rendu des medias internationaux qui se targuent de rendre compte de la situation, ni dans la bouche d’aucun des nombreux intervenants extérieurs (ONU, UA, SADC, Etats-Unis, France,…) qui se targuent d’œuvrer à aider à la solution de la crise malgache !

Enfin, depuis toujours, les instances internationales ont choisi entre une légalité douteuse et une légitimité à l'avenir incertain. "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras" et "au pays des aveugles, les borgnes sont rois" sont les maximes qui sous-tendent la politique internationale en Afrique. Et le peuple ? On s'en fout !

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