Ca y est, c’est parti pour les médiations internationales. Avant de m’étendre sur ce sujet qui me fait rire, je voudrais donner quelques informations recoupées concernant les événement de samedi dernier.
Il faut d’abord préciser que le palais d’Ambohitsorohitra, n’est pas le palais présidentiel au sens par exemple de l’élysée. Il s’agit d’un bâtiment (ancien palais du gouverneur sous la colonisation), qui a été affecté à la Marie de Tana par Didier Ratsiraka, lorsque Marc Ravalomanana a été élu maire de Tana, il y a presque 10 ans. Une fois président, ce dernier l’a conservé en temps que bureau « secondaire » car très proche de son domicile, le palais de Iavoloha restant le seul palais présidentiel, dans le quel Marc Ravalomanana est actuellement retranché derrière un cordon de protection plus que pléthorique à 30 KM du centre de Tana. La réaction des forces qui ont tiré sur la foule ce samedi est donc fortement disproportionnée au vu de l’intérêt stratégique dudit bâtiment, à moins qu’il ne recèle des documents ou éléments d’information trop sensibles…
Il est avéré que les forces présidentielles (j’utilise à dessein ce terme, car il n’est absolument pas certain que les tireurs retranchés dans le palais d’Ambohitsorohitra fassent partie des forces armées, voire même du fameux G6 , la « garde présidentielle »), ont tiré sans aucune sommation, depuis les fenêtre du palais (à couvert et dans la plus grande discrétion donc…) au moins deux salves d’armes automatiques ayant à l’évidence l’objectif de tuer. Depuis, la ministre de la Défense a démissionné en signalant qu’il avait été préalablement convenu par le conseil des ministre et donné comme instruction par elle-même, de ne pas tirer, et qu’elle ne pouvait en conscience se maintenir à son poste.
Dernier point cocasse. Lors de la veillée mortuaires de la plupart des morts de samedi dernier, après l’intervention de l’archevêque catholique, le représentant du FJKM (Eglises protestantes) a été hué et empêché de parler. Savez vous pourquoi ? Le vice président du FJKM se nomme Marc Ravalomanana, et ce n’est pas un homonyme du président…
Revenons aux gesticulations internationales qui semblent bien avoir commencé. En premier lieu je voudrais revenir sur le Zimbabwé, où l’opposant Tsvangirai, est intronisé premier ministre ce jour. Grâce à la médiation internationale ONU, UA, SADEC et Afrique du sud, on abouti ce jour à la mise en place d’un gouvernement impossible, après 12 moins de négociation et donc douze mois de catastrophe supplémentaire pour le peuple Zimbabwéen. Ce gouvernement verra à l’évidence la situation actuelle perdurer encore longtemps. Que peut on en conclure ? Les instances internationales ont tenté pendant 12 mois donc et réussi à mettre d’accord, pour gouverner ensemble, deux personnes qui se haïssent, qui se révulsent mutuellement, qui ne rêvent que d’une chose, d’éliminer, éventuellement même physiquement, l’autre. L’un est un dictateur avéré, l’autre… on ne sait pour l’instant. Y a t il une personne qui pense sincèrement que cet attelage a des chances de fonctionner ? Y a t il quelqu’un pour accepter l’idée que les deux acteurs ont fini par accéder à la pression internationale par simple lassitude, en préparant dès l’instant la continuation de la lutte à mort entre eux deux ? Y a t il quelqu’un pour penser que ce résultat ne permettra rien d’autre que de tresser quelque couronne à un négociateur qui se fout éperdument de l’avenir du peuple Zimbabwéen ? Y a t il quelqu’un pour penser qu’un simulacre de démocratie, exercé par au moins un dictateur avéré, pourra rendre nourriture, santé et sécurité à un peuple qui en est privé depuis bien trop longtemps ? J’espère que non, et pourtant ! Les instances internationales qui commencent à se presser à Antananarivo proposent, à ce qu’il me semble, une sortie de crise de ce type.
En second lieu, pour revenir plus précisément au cas malgache, je voudrais rappeler qu’en 2002, l’actuel président a lutté pendant 6 mois (à juste titre, il a finalement gagné) pour prendre la place de son dictateur prédécesseur. Et ceci pour une raison fondamentale que personne ne mentionne bien entendu. Car il était ruiné ! Il avait pour cette campagne électorale essoré les comptes de sa société qui était alors au bord de la faillite. Il était indispensable pour lui d’accéder à la présidence, faute de devoir probablement quitter Madagascar une main devant, une main derrière… Les vainqueurs n’ont aucune mansuétude !
Que se passe t il aujourd’hui ? La même chose. Si le président actuel devait quitter le pouvoir, il serait à nouveau quasiment ruiné. Si l’actuel maire devait perdre la partie, il serait sans nul doute fortement pénalisé. Les opposants de l’actuels président sont de manière générale, ruinés, en prison ou en exil… Toujours la mansuétude des vainqueurs ! Par ailleurs, pour qui vit par ici depuis assez longtemps, la psychologie des deux opposants est caractérisée par un tel ego que l’idée même d’un partage du pouvoir ne pourrait se concevoir que dans les mêmes termes que le processus Magabé- Tsvangirai. C’est le peuple malgache qui va encore trinquer ! Merci à la démocratie à la sauce internationale en Afrique !
Allez, à la prochaine, à la sortie de crise !
PS : Arrêtons d’appeler Andry Rajoelina : Andry TGV, dans les médias français, comme si cela avait à voir avec un train très rapide… « Tanora Gasy Vonona » – Les jeunes Malgaches décidés, est le nom que le maire de Tana a donné à son mouvement. Je ne suis vraiment pas sur qu’un train, même rapide, soit à l’origine de cette dénomination… Il est bien entendu qu’à Madagascar, ce n’est pas le même problème, le TGV français y étant inconnu !