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Billet de blog 12 septembre 2009

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Catastrophe annoncée !

Aujourd’hui, à Antananarivo, capitale de Madagascar, les mouvements de rue ont repris et risquent fort d’être violents et de dégénérer. Je voudrais donc ici remercier chaleureusement la communauté internationale et plus particulièrement les instances africaines (Groupe International de Contact) qui sont responsables en grande partie de cette nouvelle catastrophe annoncée !

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Aujourd’hui, à Antananarivo, capitale de Madagascar, les mouvements de rue ont repris et risquent fort d’être violents et de dégénérer. Je voudrais donc ici remercier chaleureusement la communauté internationale et plus particulièrement les instances africaines (Groupe International de Contact) qui sont responsables en grande partie de cette nouvelle catastrophe annoncée !

Je vais tenter de synthétiser les composantes de la crise qui agite Madagascar depuis plus de neufs mois, mais qui restent valables dans la plupart des pays en développement sur terre.

Comme dans environ 90 % des pays africains, un dictateur corrompu est au pouvoir. Ce n’est pas que moi qui le dit, l’ambassadeur de France à Madagascar l’a lui même confirmé ! Suite à des exagérations dictatoriales évidentes, un jeune impétrant (selon une chronologie et avec une organisation rocambolesque typiquement malgache cette fois), dresse le peuple derrière lui et le dictateur abandonne la partie en démissionnant. Ce n’est pas que moi qui le dit, l’ambassadeur des USA à Madagascar l’a lui-même confirmé ! Dès lors la communauté internationale intervient.

Comme Madagascar n’a ni pétrole ni uranium, ni rien qui en ferait une place stratégique, les puissances occidentales abandonnent la marche des opérations aux « locaux (africains) », se faisant à l’occasion une pseudo virginité en terme d’ingérence ! Notre fameux GIC, organe émanant d’environ 45 dictatures corrompues, n’a comme seul souci que de remettre en place le dictateur déchu. Depuis le Zimbabwe et le Kenya, la technique utilisée vise à maintenir le dictateur déchu en lui demandant de bien vouloir partager le pouvoir (l’argent) avec son vainqueur. On ne parle effectivement plus guère ni du Zimbabwe ni du Kenya, vu qu’il ne s’y passe plus rien du tout et que ces pays continuent à s’enfoncer dans la déchéance la plus totale, les dirigeants ne parvenant même pas, on s’en serait douté, à se partager tranquillement le pouvoir et l’argent détourné ! A Madagascar, le GIC a aussi ressuscité les présidents déchus en 1994 et 2002, pour proposer un partage du pouvoir à quatre cette fois ! Il faut avoir un cerveau étrangement constitué pour imaginer que ça puisse marcher... Toutefois, à écouter les commentaires de nos quatre hommes du GIC à l’occasion des sommets dits de Maputo I et II, l’objectif a toujours été de rétablir l’ancien président M. Ravalomanana. Tous leurs commentaires se résument à une éloge des qualités d’homme d’état et de consensus de M. Ravalomanana et à décrier le blocage antidémocratique de l’impétrant A. Rajoelina.

A l’issue de cette tentative délirante de réconcilier l’irréconciliable, M. Ravalomanana, fort du soutien maintenant clair des puissances étrangères (ONU, UA, SADC et même OIF, quelle honte pour nous) a pu rapidement remobiliser ses troupes et relancer le processus de manifestations de rue. Qui plus est, ses deux anciens ennemis, les ex-présidents Ratsiraka et Zafy, tout à leur stratégies personnelles de retour en grâce (financière), mais surtout leur exécration du petit jeune auto promu (ils ont 78 et 82 ans…, lui 35 !) se sont empressés de prendre fait et cause pour M. Ravalomanana et ne manqueront pas de lui donner la main dans chambardement qu’il prépare!

Tout va bien. La situation va rapidement dégénérer. Cela fait huit mois que le pays est arrêté, huit mois que la situation économique se dégrade, huit mois que le peuple s’enfonce encore plus dans la misère, huit mois que les nouveaux hommes fort de gavent au moins autant que leurs prédécesseurs. Huit mois que les quelques projets de développement sont stoppés, huit mois que les investisseurs étrangers se sont enfuis, huis mois que les touristes boudent, huit mois que le chômage augmente, huit mois que les malgaches ont de plus en plus faim !

Alors Mr Chissano (SADC), Ouédraogo (UA), Dramé (ONU) et Kodjo (OIF) que la honte et probablement le sang qui sera versé d’ici peu soit sur vous !

N’oublions toutefois pas l’hypocrisie des puissances occidentales, France en tête ! En effet, le 14 juillet dernier, par la voix pour une fois originale de son ambassadeur, la France (en y incluant les autres puissances occidentales) a reconnu sa responsabilité partielle dans les événements tout en indiquant subtilement une porte de sortie pour la gestion future des pays en développement. En effet, il a indiqué que les pays occidentaux savaient depuis longtemps tout ce qui se passait à Madagascar en terme de corruption, de détournement de fonds et d’accrocs à la démocratie, dans lesquels le trucage des élections n’est probablement pas le plus grave… Et il a surtout rajouté que la communauté internationale eut été bien inspirée d’ « en informer les responsables afin d’éviter les dérives ultérieures ». En d’autres termes moins diplomatiques, si on leur tapait sur les doigts dès qu’ils tapent trop dans la caisse, on n’en arriverait pas là ! Alors, cher ambassadeur de France, pourquoi suite à ce discours, a-t-on vu continuer le pillage organisé par certains nouveaux hommes du pouvoir transitoire sans que vous ne disiez ni ne fassiez rien, alors que vous saviez très bien ? Car aujourd’hui, ce nouveau pouvoir est totalement discrédité et cette situation est un élément de plus du blocage et du délitement qui va suivre. Que n’avez-vous mis en pratique votre beau discours ! Mais je crois que je sais pourquoi : Il y a deux mois, à cette occasion, j’avais dans ce blog émis l’hypothèse que votre discours n’était que le délire d’un ambassadeur « pompette » et resterait sans aucune suite. J’avais raison ! Et puis, en ce moment il y a le Gabon, et là, il y a du pétrole…

Je ne dirais rien de plus sur l’attitude américaine ni sur nos énergiques suédois (président de l’UE). Enfin, simplement, France, USA, UE, merci, encore merci pour ce qui va suivre.

Merci enfin à A. Rajoelina, M. Ravalomanana, D. Ratsiraka et A. Zafy, et tous les autres vautours qui rodent en ces lieux, merci pour vos attitudes irresponsables, alors que contrairement aux autres cités, vous êtes malgaches donc bien d’avantage concernés.

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