C’est probablement la dernière fois que je commenterais la situation malgache sur ce blog.
Je vais tenter de synthétiser la situation dans ce pays, qui a nombreuses composantes communes avec bien d’autres pays, africains en particulier.
Ce pays est actuellement une dictature. Aucun élément de base de la démocratie n’est respecté. Je prendrais simplement deux exemples, un général, un spécifique. 50% de la population malgache est illettrée. Probablement 20 % de la population n’a même pas d’état civil et les listes électorales n’ont donc aucune valeur représentative. Les principaux opposants sont en prison ou en exil, sur la base de procédures fantaisistes et sans fondement juridique ou de simples intimidations. Les médias sont censurés quand ils ne s’autocensurent pas. Aucun élément de base permettant la tenue d’élections démocratiques n’est présent. Toute élection, même sous couvert de caution internationale, est inique et n’a à mon sens aucune valeur dont on puisse a posteriori se prévaloir.
De façon plus spécifique à Madagascar, le gouvernement a fait passer une loi, donnant la possibilité à l’exécutif, de nommer par décret, des DPS (Président de Délégation Spéciale) en lieu et place d’élus ayant à son sens fauté dans l’exercice de leur fonction. Il me semble totalement hallucinant qu’une telle loi puisse être votée dans une démocratie. Et pourtant, après plusieurs gouverneurs de provinces et plusieurs maires avant lui, l’actuel maire de Tana, Andry Rajoelina, a ainsi été destitué de son poste, pour des raisons invoquées totalement fantaisistes. Qu’importe ces raisons, comment tolérer dans une démocratie, que le pouvoir exécutif puisse destituer, sans procédure judiciaire, sans contrôle législatif, un élu selon son bon vouloir ? Un tel pouvoir exécutif ne peut plus, dans ce cas, se référer à la démocratie dans son argumentation et son fonctionnement, sans prêter à rire, voire pour les malgaches plutôt à pleurer.
Ce pays est actuellement pillé par le pouvoir en place et plus particulièrement le président. A son avènement, le président actuel disposait d’une certaine confiance ou du moins matérialisait certains espoirs chez de nombreux opérateurs et dans la communauté internationale. Madagascar dispose depuis cette époque de fonds pour le développement en augmentation conséquente par rapport à ce qui était alloué à son prédécesseur. Certes, son prédécesseur et ses affidés tapaient déjà allègrement dans la caisse. Mais il est de notoriété publique que le processus s’est amplifié, en s’appliquant sur des masses financières fortement augmentées. De plus, les hommes actuellement au pouvoir ont mis en place des processus de développement d’entreprises (les leurs) disposant de capacités fiscales et de potentialités concurrentielles inédites. La puissance étatique en terme de législation fiscale, douanière et organisationnelle, mise au service de quelques entreprises au détriment des concurrents. On notera que c’est cet état de fait concernant sa propre entreprise qui a amené Andry Rajoelina a se présenter à la Mairie de Tana pour cesser de subir les pressions anticoncurrentielles visant à favoriser un nouvel entrant sur le marché des panneaux publicitaires, entrant dont on imagine bien qui est le principal actionnaire…
La majorité de ce peuple a vu son niveau de vie diminuer depuis six ans. Toutes les statistiques infondées ou perverties du FMI et de la BM, pourront toujours enjoliver la situation, ou la présenter sous un jour favorable, pour qui vit à Madagascar en contact avec la population, sait parfaitement que les gens ont plus de mal à vivre aujourd’hui qu’hier.
L’ensemble de ces informations est parfaitement connu de tout observateur ayant à la fois un peu de sens commun et une once d’objectivité. En conséquence, et sauf à créer chez moi une grande surprise, ces informations sont parfaitement connues, et depuis très longtemps, par tous les représentant des institutions internationales. Je ne parlerais pas de l’UA ou de la SADC, (voire l’ONU) qui ne sont que des petits lobbies de dictateurs en mal de légitimité, et qui ne peuvent que soutenir un dictateur corrompu, et qui sont bien entendu les premiers à crier au nécessaire respect des règles démocratiques… Mais des bailleurs de fonds : FMI, BM, UE, France, Allemagne, Japon, Norvège et USA ? Ceux-ci, depuis six ans, soutiennent le régime en place. Avec espoir et bonne foi, au début sans nul doute (j’ai fait aussi partie à cette époque de ceux qui croyaient à un véritable changement et qui soutenaient l’actuel président). Mais depuis le temps, ils savent ! Il savent très bien tout ce qui se passe. Et ils ne disent rien et ne font rien. Ils s’en foutent, tout simplement. Et pour deux bonnes raisons. La première est qu’il est toujours difficile pour ces gens de se déjuger. Reconnaître s’être trompé ? Jamais. Petite fierté de petits bonshommes. Ensuite, de toutes façons, qu’est ce que cela change pour leur petit monde à eux. Plus ou moins de dictature, plus ou moins de corruption. Qu’importe pourvu que règne une certaine stabilité qui permette de s’occuper des autres problèmes du monde, si importants, comme… comme quoi au fait ? La faim, la santé, la pauvreté, la corruption, la violence,… tout ce qui est pourtant bien présent à Madagascar, aussi !
Que va t il se passer maintenant à Madagascar ? Une seule chose est sure, c’est le peuple qui va trinquer, comme partout d’ailleurs !