Comme souvent, les journalistes étrangers présents dans des pays oubliés, car économiquement pauvres et ne disposant que de très peu de ressources naturelles et humaines, ont malheureusement une vision très incomplète voire subjective de la situation qui prévaut dans leur lieu de villégiature. Il semble qu’un film très récent aborde le sujet…
Ici, à Madagascar, terre oubliée s’il en faut, il n’y a pas de raison que l’on échappe à la règle que j’instaure, brutalement voire arbitrairement, estimeront certains discours politiquement corrects.
Depuis plus d’un mois la tension monte dans cette île continent de l’océan indien. Pour mieux appréhender la situation actuelle, il faut remonter au premier semestre 2002, où une crise politique assez longue (six mois), extrêmement peu violente (quelques morts, peu de dégâts, en regard des crises vues usuellement en Afrique) a placé au pouvoir le maire d’Antananarivo (Tananarive), face au président sortant, Didier Ratsiraka. Marc Ravalomanana avait surpris les autorités en se faisant élire maire de la capitale deux ans auparavant. Il n’était pas a priori un homme politique, mais un homme d’affaire très riche. On notera que dans un de ses discours, sur la place de l’indépendance où il rassemblait des milliers de personne opposées à Didier Ratsiraka, il avait dit qu’une fois au pouvoir, si seulement quelques centaines de personnes demandaient aussi son départ, il demissionnerait…
Il y a un peu plus d’an an maintenant, à la surprise générale, le candidat du président à l’élection municipale a été battu à plate couture par un jeune homme d’affaire, issu de presque nulle part, Andry Rajoelina. D’aucun feront un rapprochement, ce que n’a sans doute pas manqué de faire le président Ravolomanana.
Nous avons pu observer alors un combat, relativement feutré jusqu’au mois dernier, entre le pouvoir central et le pouvoir municipal. En fin d’année, le pouvoir central a fait fermer la télévision du maire de la capitale, d’une façon et dans un cadre juridique que je qualifierais diplomatiquement de « limite ». Au milieu de la nuit des officiers de l’armée ont saisi assez brutalement les principaux matériels de l’émetteur de VIVA TV, sur la base d’une décision de fermeture du ministre de la communication…
Depuis ce jour, l’actuel maire de la capitale est passé à la vitesse supérieure. Il a mesuré la motivation et le nombre de ses troupes par deux manifestations qui se sont déroulées dans le calme. Il est vrai que Madagascar, malgré les promesses renouvelées du président, ne connaît qu’une croissance faible, qui comme très souvent ne profite qu’à une petite frange riche de la population. La majorité pauvre (75 % en dessous du seuil de pauvreté) a très certainement vu son pouvoir d’achats diminuer. Ce qui doit sans doute faciliter la mobilisation d’un certain ressentiment à l’égard du pouvoir. Au moment de la fermeture de VIVA TV, la présidence à eu l’excellente idée de se doter d’un avion présidentiel nouveau, pour la modique somme de 60 millions de dollars, racheté à un milliardaire américain,… du meilleur effet !
Samedi dernier, lors d’une manifestation pacifique rassemblant près de 50 000 personnes Andry Rajoelina a appelé à une grève générale pour ce lundi 26. Pendant le WE, les forces gouvernementales ont pris d’assaut, au milieu de la nuit, l’émetteur de Radio VIVA, la radio du maire… Il n’est encore une fois pas certain que toutes les garanties de régularité vis à vis de la législation aient été assurées.
Ce lundi 26, Andry Rajoelina rassemble des milliers d’opposants au président Ravalomanana sur la place de l’indépendance… Mais ce dernier a bien entendu oublié son discours de 2002. Puis les partisans du maire manifestent brutalement leur exaspération à l’encontre de la présidence et s’attaquent à la télévision personnelle de Marc Ravalomanana, puis à ses principaux entrepôts qui brûlent encore en ce moment. On parle de morts, les forces gouvernementale auraient tiré pour protéger les biens présidentiels… Mais ceci doit encore être vérifié.
A Demain…