Aujourd’hui, à la demande du maire, la ville de Tana est… morte. Eh bien, de ce que j’ai vu ce matin, il semble que le mot d’ordre soit bien suivi. Circulation automobile des plus fluide, on se croirait en pleine crise de 2002, quand il n’y avait pas d’essence, mais il y en a partout. Les stations services et les banques sont les seuls établissements systématiquement ouverts (je ne parle pas des pharmacies et hôpitaux bien entendu…). Bien sur, les marchands informels sont là, mais moins nombreux que d’habitude.
A la lecture des journaux français qui commencent à parler de ce qui se passe, il faut bien préciser que les « pillages », à quelques accidents près que l’on qualifiera de collatéraux, concernent des propriétés personnelles du chef de l’état, Marc Ravalomanana.
Selon les sources, le bilan des victimes oscille entre 80 et 100 morts. Il faut relativiser ces chiffres. Par exemple, dans l’incendie d’un magasin de vêtement en cours de pillage, la toiture s’est effondrée, ensevelissant environ trente personnes… Il serait intéressant de savoir qui a allumé l’incendie, alors que les pillards étaient dans les murs…
Il faut préciser aussi que les forces de l’ordre n’ont commencé à intervenir qu’après une réunion entre le maire de Tana et l’état major mixte opérationnel, au bout de presque 48 heures de crise, en dehors de la présence de tout représentant du gouvernement… Il est surprenant que personne n’ait encore demandé au chef d’état major pourquoi il n’était pas intervenu avant. Il semblerait que le président ait répondu pour lui, en affirmant hier seulement avoir donné l’ordre de ne pas intervenir dès le premier jour pour me pas faire de victimes… Quand les forces de l’ordre sont finalement intervenues, elles ont fait de nombreux morts…
Enfin, le ministère des affaires étrangères français a publié un communiqué de presse précisant qu’il avait eu des conversations avec toutes les parties, y compris le pillard en chef, R Ratsiraka, selon le gouvernement, et que la position de la France était strictement impartiale, ce qui contredit assez nettement les propos du chef de l’état tenus hier…
Samedi, nouvelle manifestation prévue par le maire. Sans nul doute les deux parties affûtent leurs armes, au sens figuré j’espère. Pendant ce temps, les chancelleries appellent au dialogue entre les parties, que le président refuse, et que la maire accepte mais avec des préalables. De l’autre coté du canal du Mozambique, il y a le Zimbabwe, et Mugabé, qui dialogue aussi, à ce que l’on dit !!!
A samedi, sauf imprévu…